Pour le dix-septième jour consécutif, aucun camion-citerne n’a pu s’approvisionner à la raffinerie de Feyzin, dans la métropole de Lyon. Le service des expéditions de cette usine de TotalEnergies a reconduit ce jeudi la grève nationale lancée le 27 septembre par la CGT et rejointe mercredi par Force ouvrière. D’ordinaire, entre 200 et 250 camions s’y ravitaillent chaque jour. Longue de 6 kilomètres sur 1 kilomètre, cette implantation historique du géant pétrolier traite et délivre plus de 5 millions de tonnes de pétrole par an. Trois des 600 employés de ce site Seveso ont accepté de raconter leurs métiers à Libération. Manière de répondre à la caricature d’un travail confortable et bien payé qui les vise depuis qu’ils sont en grève.
Guillaume, 44 ans, opérateur au raffinage
En 3×8, «tu n’es pas tranquille, tu ne dors jamais bien»
Il faut s’accrocher pour retenir le planning de Guillaume, «difficile à comprendre pour les proches, même au bout de vingt-quatre ans», sourit cet opérateur posté en 3×8. Il jongle avec trois tranches horaires (de 6 heures à 14 heures, 14 heures à 22 heures ou 22 heures à 6 heures) en suivant une trame qui se répète toutes les six semaines. Un invariable : il alterne sept jours de travail avec cinq jours de repos. «C’est plutôt quatre et demi et encore, parce que quand tu es relevé à 6 heures, tu sors du boulot, tu vas dormir, tu émerges au mieux à 14 heures et la journée est bien entamée. Et la veille de reprendre, pour embaucher à 6 heures, tu as beau avoir mis cinq réveils, tu n’es pas tranquille, tu ne dors jamais bien. On est