Se débarrasser en priorité de son personnel le plus âgé pour «alléger la masse salariale» : au sein des entreprises françaises, c’est presque une tradition. Lorsqu’un grand groupe annonce un «plan de départs volontaires», il y a fort à parier que, le plus souvent, son principal levier consistera à inciter les seniors à partir avec leur chèque d’indemnités. Des propositions financières qui, en retour, peuvent susciter de nombreuses vocations. «Le “senior” est une charge dont il faut se débarrasser, alors que ça devrait être une valeur à laquelle on devrait être très attaché», déplore François Hommeril, le président de la CFE-CGC, le syndicat des cadres.
Décryptage
Michelin, Airbus, BNP Paribas… pour traverser la crise sanitaire qui a mis tout ou partie de leurs activités à l’arrêt, de grosses sociétés ont supprimé jusqu’à plusieurs milliers d’emplois, en ciblant notamment les plus expérimentés. Chez Michelin, le dernier plan lancé en 2021 et toujours en cours, concerne 2 300 salariés. Près des deux tiers des partants avaient ou ont l’âge requis pour toucher une retraite à taux plein, et sont encouragés à la prendre dans le cadre d’une rupture conventionnelle collective (RCC) leur donnant droit à des indemnités défiscalisées. Bilan : «Pratiquement un carton plein», selon José Tarantini, délégué syndical central CFE-CGC du pneumaticien. Au point que des salariés a priori pas concernés par le plan viennent le consulter pour voir s’il n’y aurait pas moyen d’en pro