Amie fumeuse, ami fumeur, toi qui tiens à ta santé, écoute ce conseil : surtout, n’avale jamais la première taffe. Son dard porté à 600°C d’incandescence au moment de l’allumage, c’est à ce moment fatidique que ta cigarette te délivrerait le plus d’additifs d’un coup, et se révélerait donc la plus nocive. «Mieux vaut fumer quatre cigarettes sans avaler la première bouffée, qu’une seule en l’avalant», professe Jean Santucci, sa Gauloise blonde élégamment tenue entre le pouce et l’index. Normalement, l’homme sait de quoi il parle. Sur 73 années d’existence, il en a passé les deux tiers au service d’un fleuron de l’industrie corse, la Macotab – pour «manufacture corse des tabacs». De cette usine aux portes de Bastia, installée sur la commune de Furiani, sortaient encore récemment près de 600 millions de cigarettes par an. Des Gauloises essentiellement, à destination exclusive du marché corse. Elles étaient quasiment les dernières cigarettes made in France, si l’on met de côté quelques initiatives très locales et une toute dernière usine de conditionnement sur l’île de la Réunion qui emploie une quinzaine de personnes (1). En septembre, le propriétaire, le géant britannique du tabac Imperial Brands, a annoncé la fermeture du site, situé en bordure de la très fréquentée route territoriale 11 (T11). Décision prise pour cause de «préservation de la compétitivité» sur fond de «baisse constante des volumes légaux de vente» et de disparition d’un régime fis
Reportage
En Corse, la dernière usine de cigarettes française finit de se consumer
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Née en 1963 de la réunion des activités de deux marques, la Macotab produisait encore récemment 600 millions de cigarettes par an. (Raphaël Polleti/Libération)
par Frantz Durupt
publié le 26 décembre 2023 à 18h46
(mis à jour le 3 janvier 2024 à 15h36)
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