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Grève

En Corse, la grève qui perturbait les ports et les aéroports a été levée

A l’issue d’une réunion entre les préfets de Corse et de Haute-Corse et l’intersyndicale, la grève qui bloquait en partie le fonctionnement des quatre aéroports et les six ports de l’île depuis jeudi a été levée. A l’origine du mouvement de contestation, un conflit relatif à la gestion des infrastructures de transports du territoire.
A proximité d'Ajaccio, le 28 février 2024. (Pascal Pochard-Casabianca/AFP)
publié le 3 octobre 2024 à 18h33
(mis à jour le 4 octobre 2024 à 16h31)

La discussion a été fructueuse. Le mouvement social qui perturbait les ports et aéroports de Corse depuis jeudi après-midi s’est arrêté vendredi après-midi. «Le président (autonomiste du conseil exécutif de l’île, Gilles) Simeoni a trouvé un accord avec la ministre, nous levons tous les blocages», a déclaré aux médias Laurent Filippi, du syndicat des travailleurs corse (STC), à la sortie d’une réunion entre les préfets de Corse et de Haute-Corse et l’intersyndicale STC-CGT-CFECGC.

Depuis jeudi, les infrastructures de l’île étaient partiellement bloqués. Trois vols prévus pour assurer la «continuité territoriale», à savoir les vols Air Corsica Bastia-Marseille, Bastia-Nice et Bastia-Paris avaient décollé vendredi matin, tout comme deux vols de cette continuité territoriale au départ de Calvi. Ces vols ont été utilisés par des patients corses pour aller se faire soigner sur le continent.

Du côté des ports, à Bastia, deux bateaux étaient à quai et trois autres en mer en attente d’accoster. En Corse-du-Sud, la situation était similaire, aucun déblocage de ports et aéroports n’était alors signalé. Enfin, deux bateaux étaient à quai à Ajaccio et un bateau de la Corsica Linea était dans le golfe d’Ajaccio sans pouvoir accoster.

L’équipe de foot de Bastia clouée au sol

Des milliers de voyageurs sont restés bloqués. Selon la préfecture maritime de Méditerranée, cinq navires de passagers patientaient en mer à proximité des ports d’Ajaccio et Bastia, faute de pouvoir accoster, avec environ 2 100 personnes à bord au total. Quelque 130 personnes ont été hébergées pour la nuit dans un gymnase bastiais, a indiqué la préfecture de Haute-Corse, qui a activé un numéro d’information (08 06 00 01 49).

En outre, l’équipe de foot du SC Bastia avait dit dans le courant de la matinée être «actuellement dans l’incapacité de se déplacer en raison des blocages affectant les ports et aéroports de l’île». Elle était censée se rendre à Pau (Pyrénées-Atlantiques) pour un match de Ligue 2 ce vendredi à 20 heures, mais la rencontre a finalement été annulée, ont fait savoir les deux clubs. Idem pour la partie entre Ajaccio et Martigues.

Selon le Syndicat des Travailleurs Corses (STC), ces blocages sont intervenus après «l’annonce inacceptable» d’Alexandre Patrou, secrétaire général aux Affaires corses (un représentant du préfet de Corse), qui a émis des doutes jeudi sur la création de deux syndicats mixtes ouverts (SMO) portuaire et aéroportuaire d’ici la fin de l’année. Ces syndicats devaient accorder des concessions à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) insulaire afin qu’elle puisse continuer de gérer à partir du 1er janvier 2025 les ports et aéroports de l’île. Déclarant que ce montage présentait «un risque juridique important», Alexandre Patrou a indiqué à la tribune de l’assemblée générale extraordinaire de la CCI que ce dispositif de syndicats mixtes ne pouvait «pas contourner l’appel d’offres» prévu pour tout marché public.

«Une déclaration de guerre»

Très en colère, le président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, a ainsi dénoncé cette «décision que vient d’annoncer aujourd’hui l’Etat, en catimini, sans nous prévenir et en reniant son engagement et sa parole». «C’est une déclaration de guerre», a-t-il considéré. «Si l’Etat respecte ses engagements», ces syndicats mixtes «confieront par voie de concession à la CCI l’exploitation des ports et aéroports et cette solution garantit l’efficacité et l’emploi», a-t-il détaillé. Et de poursuivre : «Si l’Etat revient sur sa parole, nous ne l’accepterons pas.»

En avril, le préfet de Corse avait rappelé les «défaillances graves» et répétées depuis la fin 2022 à l’aéroport d’Ajaccio en matière de filtrage des passagers et des bagages. Pour y «remédier de manière urgente», la CCI avait été placée sous surveillance renforcée par la Direction générale de l’aviation civile dès le 9 avril.

Mise à jour : ce vendredi 4 octobre à 14h49, avec l’ajout de l’annulation du match entre Ajaccio et Martigues ; ce vendredi à 16h30 avec l’annonce de la levée de la grève.