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Au fil de la journée

Réforme des retraites : revivez heure par heure la journée de mobilisation du 7 mars

Après six journées de protestation contre la réforme des retraites qui n’ont pas fait flancher Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, les cortèges sont restés très fournis à travers de nombreuses villes de France, pour la journée de grève du 7 mars.
Le 7 mars 2023 lors de la mobilisation contre la réforme des retraites à Paris (Cha Gonzalez/Libération)
publié le 7 mars 2023 à 7h11
(mis à jour le 7 mars 2023 à 20h28)

En résumé :

- Les syndicats avaient promis une mobilisation d’ampleur ce mardi, en préalable de grèves reconductibles dans de nombreux secteurs. Des lundi soir, des blocages ont été entrepris et se sont poursuivis durant la nuit. Promesse remplie : entre 1,28 et 3,5 millions de manifestants ont été recensés dans toute la France, record de la mobilisation égalé selon l’exécutif, battu selon la CGT.

- Dans plus de 200 villes de France, les Français ont marché. A Paris, les manifestants se sont élancés à 14 heures depuis le boulevard Raspail, avec une arrivée prévue place d’Italie vers 19 heures. Le cortège parisien a rassemblé 81 000 manifestants à Paris selon le ministère de l’Intérieur, 700 000 selon la CGT Retrouvez les principaux parcours du jour.

- Le Sénat, à majorité de droite, a poursuivi ce mardi l’examen du texte. Depuis jeudi, les sénateurs ont déjà voté les quatre premiers articles, sur la suppression de certains régimes spéciaux et la création d’un «index seniors» dans les entreprises. L’examen de l’article 7, qui repousse de 62 à 64 ans l’âge de départ à la retraite, a débuté.

il y a 900 jours

Deux nouvelles journées de mobilisation, dont une samedi 11 mars. Après une nouvelle journée réussie, l’intersyndicale appelle de nouveau les opposants à la réforme des retraites à se mobiliser, samedi 11 et une autre journée qui reste à déterminer mais qui doit correspondre au passage du texte devant la commission mixte paritaire. Les représentants des différentes centrales syndicales ont également demandé à «être reçues en urgence» par Emmanuel Macron.

il y a 900 jours

3,5 millions de manifestants en France selon la CGT, 1,28 selon l’Intérieur. Quelque 3,5 millions de personnes ont manifesté mardi en France pour la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, a annoncé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez. C’est un million de manifestants en plus que lors de la journée du 31 janvier, précédent record syndical depuis le début du mouvement et un chiffrage qui égale la mobilisation du 12 octobre 2010 contre la réforme des retraites de Sarkozy, selon la CGT. De son côté, le ministère de l’Intérieur a décompté 1,28 million de manifestants sur l’ensemble du pays, un chiffre qui talonne le record de cette mobilisation, le même 31 janvier.

il y a 900 jours

Place d’Italie, les derniers manifestants se dispersent. Place d’Italie, les dernières merguez et poivrons terminent de griller avant de remplir le ventre de ceux qui ont défilé toute l’après-midi. Daniel, 40 ans, distribue des tracts à ceux qui tardent à partir. Il espère voir éclore «un rapport de force plus important, à l’image des gilets jaunes». Pour ce militant, si «les grèves et les manifs sont actuellement massives, cette force est trop attentiste». Seule solution selon lui : «Bloquer l’économie». A côté, Gérard, photographe, a défilé à la fois pour exprimer sa colère et faire son travail. Le cinquantenaire aux lunettes rondes craint que les syndicats reculent face à Macron. «Quand la CFDT va lâcher, la CGT va se retrouver en première ligne et affaiblie», anticipe Gérard. Et le même d’ajouter : «Les gens, s’ils veulent que leur voix soit entendue, ils doivent s’organiser pour être audibles». Il est 19 h 15, les policiers encerclent le rond-point pour inciter les derniers révoltés à partir. Par notre journaliste Lucie Beaugé.

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A Marseille, avec les dockers : «la seule issue, c’est le retrait de la réforme». Le Vieux-Port, déjà largement garni ce mardi matin, a accueilli du renfort toute la journée. Quelque 200 manifestants ont emprunté l’itinéraire à rebours pour rejoindre le cortège encore immobile, menés par une ligne de torches rouges : les agents du port autonome de Marseille prennent leur place dans le rang, juste derrière la banderole de tête de l’intersyndicale. Pascal Galeoté, le délégué CGT, jauge son équipe : «Jusqu’ici, la mobilisation a été gérée de façon intelligente, il n’y a pas d’essoufflement. De notre côté, on n’a jamais été aussi nombreux.» Retrouvez-ici notre reportage.

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Avenue des Gobelins, la manifestation se termine. A quelques mètres du rond point de la place d’Italie, la manif touche à sa fin et du gaz lacrymogène fait tousser les manifestants. Sur le côté, Philippe (1) et Nathalie (1) observent la foule se faire reculer par les policiers. «Les gens ils ont la haine, mais ils ne sont pas méchants», assure le premier les mains dans les poches, en référence aux légères échauffourées de la journée. Pour elle, «Macron doit sortir de sa tour» et «écouter les gens au lieu de s’écouter». «Je ressens cette manif comme une cocote minute, un volcan qui gronde et qui va bientôt entrer en éruption», partage celle qui est notaire et a pris un jour de congé pour manifester, par peur d’être mal vue par son patron. Le couple, dont les manteaux sont décorés de stickers du NPA, est prêt à battre le pavé «jusqu’au retrait». Et même, la prochaine fois, à poser officiellement un jour de grève. «Tous les gens qui peuvent le faire, on doit bloquer», exhorte Phillippe. Par notre journaliste Lucie Beaugé.

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Changement d’ambiance place d’Italie. Les cortèges sont arrêtés et de nombreux manifestants font demi-tour en sentant les lacrymos. Les forces de l’ordre encerclent la place et font reculer les récalcitrants. «Tout le monde déteste la police !» crient certains. Un homme s’avance au centre de la place, seul, et lance à la ribambelle de policiers : «A quelle heure vous voulez qu’on finisse ?» Plus loin, des pétard explosent, les fumigènes sont allumés et enfument le quartier. Quelques manifestants et policiers se coursent sur la place alors qu’une partie du cortège se fraie un chemin. Lors d’un mouvement de foule, une jeune manifestante tire son amie en arrière : «Fais gaffe, ils balancent des trucs !» Un autre : «C’est chaud la manif dis donc.» A 18 h 30, les forces de l’ordre annoncent avoir réalisé 22 interpellations. Par notre journaliste Eléonore Disdero.

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Des heurts à Paris. La manifestation parisienne arrive à son terme mais a du mal à progresser jusqu’à la place d’Italie où doit se disperser le cortège. Plusieurs manifestants ont commencé à déloger les pavés de la place et les forces de l’ordre essuient de nombreux jets de projectiles. Des unités de la BRAV-M sont notamment déployées et effectuent des bonds offensifs. Au milieu du jardin qui borde le rond-point de la place, la statue du maréchal Juin se distingue à peine, masquée par le déluge de gaz lacrymogène.

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Un point d’accueil spécial organisé par la CGT pour la manifestation du 8 mars. Puisque la grève féministe du 8 mars tombe cette année un mercredi et dans un contexte de reconduction de grève contre la réforme des retraites, la CGT organise un point d’accueil spécial à la manifestation parisienne afin d’encourager à venir grossir les cortèges en famille avec enfants. Entre midi et le départ du cortège, à proximité du camion de l’Urif-CGT, parents et enfants pourront venir chercher un «kit première manif» comprenant notamment un diplôme «ma 1re manif», un carnet pédagogique et ludique contre la réforme des retraites, une infographie explicative ainsi que des badges, pin’s, stylos, autocollants ou encore foulards féministes. Feutres et pancartes vierges seront également mis à disposition des parents souhaitant réaliser des pancartes avec leurs enfants. Le but de cette opération est à la fois d’occuper les familles avant le départ du cortège mais aussi d’encourager un temps pédagogique et festif.

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250 000 jeunes mobilisés partout en France selon l’Alternative, union syndicale et associative.

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Les Rosies, collectif apartisan et joyeux. Youlie Yamamoto, porte-parole et cofondatrice des Rosies, raconte : «On a créé le collectif en 2019 quand Edouard Philippe a déclaré que les femmes seraient les grandes gagnantes de la réforme des retraites. C’était la phrase de trop !» Identité visuelle forte, kit en accès libre, slogans qui claquent, tout a été pensé pour que chaque femme, chaque féministe s’empare du sujet en manif. «Les femmes sont invisibilisées, alors qu’elles font des double ou triple journées. Avec les Rosies on récupère l’espace, on s’impose.» Et Youlie y tient, le collectif est apartisan… et joyeux ! «C’est comme ça qu’on attire, la joie est un vrai moteur pour fédérer.» Après avoir donné de la voix tout l’après-midi, les Rosies seront dans la rue demain, pour la journée internationale des droits des femmes. De notre journaliste Eléonore Disdero.

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Le trafic SNCF sera de nouveau fortement perturbé mercredi. Il faudra compter sur 1 train sur 3 en moyenne sur le réseau TVG Inoui. Sur les axes nord et est, seuls 2 trains sur 5 en moyenne rouleront. Quant aux TGV, 1 train sur 4 sera maintenu sur l’axe Atlantique et 2 sur 5 sur celui sud-est. Les lignes de province à province ne compteront qu’1 TGV sur 10. Les trains régionaux seront aussi largement touchés par la grève ce mercredi, et ce dans tout le pays. Comptez 1 train sur 3 en moyenne. Comme d’habitude lors des journées de grève, il ne faudra pas compter sur les Intercités pour traverser le pays. La SNCF anticipe un trafic «très fortement perturbé» ce mercredi.

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Les députés Renaissance qui ne voteront pas la réforme des retraites seront exclus du groupe. Le bureau du parti présidentiel a tranché : les rebelles seront punis. Lundi soir, les dirigeants de Renaissance ont décidé que tous les députés qui voteront contre ou qui ne voteront pas la réforme des retraites seront exclus du groupe. Trois députées pourraient être concernées par une telle sanction : Stella Dupont, Cécile Rilhac et Barbara Pompili. En réunion de groupe ce mardi matin, l’ancienne ministre a affirmé qu’elle ne voterait pas le texte du gouvernement. «Pas une voix du groupe Renaissance ne manquera pour voter ce texte», a répondu Aurore Bergé à Libération, en refusant de confirmer l’exclusion des députés qui ne voteraient pas la réforme. Par nos journalistes Sacha Nelken et Jean-Baptiste Daoulas.

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Du monde à Paris. Quelque 700 000 personnes manifestaient mardi à Paris pour la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, a annoncé la CGT à l’AFP, alors que le chiffre des autorités n’était pas immédiatement disponible. C’est davantage que lors des précédentes journées d’action, où les estimations du syndicat n’avaient jamais dépassé 500 000.

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Avec les cheminots de la SNCF à Paris : «une bêtise de notre part peut coûter la vie à des milliers de personnes». Cheveux gris enchignonnés, Samantha marche, mine sérieuse de circonstance. Horaires décalés et niveau de concentration requis usent la santé de cette conductrice de train à la gare de Lyon (Paris). «Une bêtise de notre part peut coûter la vie à des milliers de personnes», souligne-t-elle en évoquant l’accident meurtrier survenu en Grèce. Alors désormais, elle s’inquiète : tous les trois ans, elle doit passer une visite médicale poussée. Electrocardiogramme, test d’urine, de vue... Si son état n’est pas validé, fini la conduite. Et fini les primes. «Ça me ferait perdre la moitié de mon salaire», redoute-t-elle. Or, déjà à 38 ans, elle estime la valider «limite limite». Alors à plus de 60 ans... Par notre journaliste Elise Viniacourt.

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A Lillebonne, le cortège est parti pile à l’heure, sous la pluie et dans le froid. Cheminots, infirmières, employés de la poste, professeurs… Toute la ville semble s’être donné rendez-vous. On revoit aussi des visages croisés ce mardi matin devant la porte principale de la raffinerie d’ExxonMobil, à dix minutes de là. Le barbu Olivier Leroy est là avec sa femme Marie, et «c’est la première fois qu’il voit autant de monde» dans les rues de la ville de 8 700 habitants. Ça lui met du baume au cœur même s’il ne croit pas vraiment que la rue fera reculer le gouvernement. Un peu plus loin, on retrouve Christelle, 47 ans, en grève elle aussi contre le report de l’âge légal. Elle explique : «Ça fait quinze ans que je travaille à la raffinerie de Gravenchon. La moitié des gens que j’ai vu partir à la retraite depuis que je suis arrivée, ils sont déjà morts aujourd’hui. Donc à un moment on dit stop.» Selon les organisateurs, la manifestation a rassemblé 4 000 personnes, c’est 1 000 de plus qu’à la précédente. Par notre journaliste Jean Baptiste Chabran.

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Stop à la répression des lycéens qui exercent leurs droits de citoyens. Mardi 7 février, jour de manifestation et de grève contre la réforme des retraites, Justin, Clément et Olivier, 16 et 17 ans, lycéens scolarisés au lycée Racine sont interpellés et placés en garde à vue. Justin et Clément sont menottés, Justin en place publique et Clément dans l’enceinte même du lycée, directement sous les yeux de la proviseure, qui ne proteste pas. Tous les deux passent trente-deux heures en garde à vue, dont cinq heures sans contrôle légal. De son côté, Olivier est convoqué au commissariat et, plus chanceux, écope «seulement» de vingt-quatre heures de garde à vue. Tous les trois endurent une fouille au corps en sous-vêtement, passent la nuit au trou et sont déférés au tribunal. A ce jour, aucune mesure éducative n’a été prononcée envers Justin, Clément et Olivier. Lire la tribune d’un collectif de parents, d’enseignants et de lycéens.

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Vu du Sénat. Au Palais du Luxembourg, la gauche sénatoriale se fait l’écho de la mobilisation sociale. Plus de 12 000 manifestants à Beauvais, 4 000 à Rochefort-en-Terre… Les sénateurs communistes, socialistes et écologistes relaient dans l’hémicycle les chiffres des manifestations partout en France. «Des manifs comme nous n’en avons jamais connu ces dernières années, lance l’élue communiste du Pas-de-Calais, Cathy Apourceau-Poly. Il est encore temps que vous enleviez votre projet. Les salariés, les gens, la rue le réclame.» En début d’après-midi, plusieurs élus de gauche ont défilé dans le cortège parisien, en marge du sixième jour de l’examen de la réforme à la Chambre basse. Les sénateurs attendent avec impatience les débats autour de l’article 7, qui contient le report de l’âge de 62 à 64 ans. Celui-ci devrait intervenir en fin de journée ou dans la nuit de mardi à mercredi. Et promettre de vifs échanges entre les groupes d’opposition et la majorité sénatoriale de droite. Par notre journaliste Victor Boiteau.

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Vu de l’Assemblée nationale. Au Palais Bourbon, l’heure tourne et les critiques contre la réforme des retraites continuent de pleuvoir des bancs de l’opposition. Après Bompard, au tour de l’insoumise Pascale Martin se s’attaquer au projet de loi du gouvernement en choisissant l’angle du manque d’égalité entre les femmes et les hommes. «La réforme des retraites pénalise les femmes, […] contraintes aux temps partiels et aux carrières hachées», cingle la députée de Dordogne. «Mensonges après mensonges, les femmes sont dans la rue parce qu’elles n’en veulent plus […] les femmes vont moins perdre que prévu mais elle vont perdre quand même déclare Monsieur Martinez. Pouvons-nous compter sur votre engagement pour qu’enfin les femmes puissent vivre dignement de leur travail, puis de leur retraite ?» développe-t-elle. Réponse d’Olivier Dussopt : «Si vous êtes aussi attachée à l’égalité professionnelle femmes-hommes que cela, pourquoi votre famille politique n’a jamais soutenu les propositions de loi et les projets de loi portées par cette majorité ?» Par notre journaliste Sacha Nelken.

il y a 900 jours

Avec les cheminots de la SNCF : «J’ai des collègues de 60 ans qui changent des pare-brise». Deux chasubles orange floqués SNCF sur les épaules, une pancarte chacun dans les mains. «Le chaos c’est pas nous», peut-on lire sur celle de Frédéric, la quarantaine. Moins politiquement correcte mais tout aussi savoureuse, celle de sa fille Julia, 19 ans, indique : «Non à la baise de nos retraites». Elle a décidé de rejoindre son père après avoir bloqué son lycée ce matin. En solidarité avec lui et aussi parce qu’elle bossera cet été pour la même maison. «Je sais pas si j’y resterai mais je ne me sens pas de continuer les études», souffle-t-elle. Pas forcément du goût de Frédéric. Chargé d’équipe en maintenance sur le RER C, il raconte avoir parfois la gorge serrée : «J’ai des employés de plus de 60 ans qui doivent changer des pare-brise, je culpabilise. Ce sont des charges lourdes...» Lui sait de quoi il parle : à 48 ans, il dit souffrir du dos et a déjà dû se faire opérer des genoux. Pourtant, avec la réforme, il devrait continuer de travailler jusqu’à 63 ans. Par notre journaliste Elise Viniacourt.