En résumé
- Elisabeth Borne refuse de parler d’«échec». Après trois mois de mobilisation et pour la première fois depuis janvier, la Première ministre recevait l’intersyndicale et la réunion a été de courte durée. Selon les syndicats, Elisabeth Borne a refusé d’évoquer la réforme des retraites. En fin de journée, c’est au tour des représentants du patronat d’être reçus à Matignon.
- Toujours unie, l’intersyndicale réclame le retrait de la réforme.
- La CFDT devrait également réclamer une conférence sociale sur le travail et les retraites.
Dupond-Moretti assure aux policiers que «la justice n’est pas laxiste». Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a assuré ce mercredi que «la justice n’est pas laxiste» et a apporté son soutien aux policiers «face à la force et la violence illégitime des casseurs», lors d’un congrès du syndicat policier Alliance. «Je ne confondrai jamais la force légitime dont vous pouvez vous servir pour assurer notre sécurité et la force et la violence illégitime des casseurs», a déclaré le garde des Sceaux à la tribune du congrès, organisé à Tremblay-en-France, au nord de Paris. Ce soutien du ministre intervient alors que des actions violentes de forces de l’ordre, lors des récentes manifestations contre la réforme des retraites ou contre le projet de méga-bassines dans les Deux-Sèvres, ont suscité de vives polémiques.
La pétition pour la dissolution de la BRAV-M classée sans suite. Malgré ses 263 887 signatures, la pétition pour la dissolution de la BRAV-M, (brigades de répression de l’action violente motorisée), «devenue l’un des symboles de la violence policière», initialement ouverte jusqu’au 15 juin 2027, a été classée sans suite par les élus de la commission des lois de l’Assemblée nationale.
Fabien Roussel : «Je propose un pacte à la gauche et aux syndicats». A la veille de la 11e mobilisation contre la réforme des retraites et du 39e congrès de son parti, le secrétaire national du PCF écarte toute possibilité de finir ministre de Darmanin mais exhorte la gauche à «s’élargir»… sur des bases anticapitalistes. Lire notre entretien.
Une soixantaine d’enseignants investit l’annexe du ministère de l’éducation. Rue Regnault, dans le XIIIe arrondissement de Paris, plusieurs dizaines de professeurs ont investi leur ministère. Dans le hall d’entrée, les slogans retentissent : «La retraite a 60 ans, on s’est battus pour la gagner, on se battra pour la garder», «On est là, même si Macron ne le veut pas». Des sifflets et des drapeaux syndicaux sont de la partie. Aurélie, enseignante en secondaire, déplore de devoir en arriver à des telles actions : «On est pas entendus, et les paroles du ministre de l’Education nationale qui a dit hier qu’on était pas impactés par la réforme ont empiré les choses». A l’étage, décision est prise d’occuper le bureau du directeur général, et la terrasse avoisinante, le temps de rédiger sous le soleil, un communiqué reprenant leurs revendications à transmettre au ministre. «Ça craque de partout, personne ne veut faire ce métier, s’indigne Emilie, enseignante dans le primaire. On ne peut pas faire classe à 64 ans». Le texte prend forme, sous les applaudissements : «Monsieur le ministre, contrairement à ce que vous dites, la réforme ne sera pas gérable. Nous voulons le retrait de la réforme, l’amélioration des conditions de travail et des moyens pour l’école publique». Une jeune manifestante lance : «Votre avenir est mortifère, le nôtre est combatif !» Après de longues minutes de tractations, le message est passé au directeur par téléphone. Les manifestants quittent le bâtiment, en chantant. Par Isalia Stieffatre.
Absence de matricule des forces de l’ordre : le Conseil d’Etat épargne le ministère de l’Intérieur. L’instance administrative a rejeté la requête des associations et syndicats réclamant que le ministère de l’Intérieur prenne des mesures urgentes pour faire respecter le port du RIO par les policiers et gendarmes, notamment lors des manifestations contre la réforme des retraites et la méga-bassine de Sainte-Soline.
11 500 policiers et gendarmes mobilisés en France, dont 4 200 à Paris.
Ce jeudi 11500 policiers et gendarmes seront mobilisés partout en France dont 4200 à Paris, afin d’encadrer les cortèges, permettre la liberté de manifester et assurer la sécurité des personnes et des biens. Merci à nos forces de l’ordre.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) April 5, 2023
Le trafic sera «quasi normal» pour le métro et le RER à Paris. Pour la 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le trafic des transports franciliens devrait être quasi normal annonce la RATP, à l’exception de quelques lignes de métro. La Régie prévoit un train sur deux sur la ligne 3, autant sur la ligne 5 le matin et un sur trois l’après-midi et entre un train sur deux et un sur trois entre 6 heures et 20 heures sur la ligne 13. Le trafic sur la ligne 6 risque d’être «perturbé par le parcours de la manifestation prévue l’après-midi» entre les Invalides et la place d’Italie, prévient la RATP. Sur le réseau RER, le trafic sera «quasi normal» et «normal» sur le réseau de bus.
Entre 600 000 et 800 000 manifestants pour la 11e journée de mobilisation. Selon une note consultée ce mercredi France Info, les renseignements territoriaux prévoient 600 000 à 800 000 personnes dans la rue pour la 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites de jeudi. Pour la précédente manifestation, ils avaient prévu 650 000 à 900 000 manifestants. Au final, entre 740 000 (selon la police) et deux millions (selon les syndicats) de personnes s’étaient mobilisées.
Les retraites en couverture de «Libé». De la mi-décembre 2022 aux vagues successives de mobilisation de 2023 jusqu’au 49.3 et à la réémergence des violences policières, retour sur la couverture du projet de loi réformant les retraites en première page de «Libération».
Sophie Binet à la réunion de l’intersyndicale avec la Première ministre, ce mercredi matin.
Vu de Combs-la-Ville. Aucun représentant de la ville n’est venu à la rencontre des manifestants, rassemblés devant la mairie. Un cercle se forme autour d’Amine, délégué syndical FO. «On doit voter pour savoir si on continue la grève», lance-t-il à l’assemblée. «Bien sûr», «Encore heureux» rétorque-t-on dans la foule. Il est également question de l’organisation de la manifestation de demain entre ceux qui resteront sur le piquet de grève, ceux qui iront à Melun ou à Paris. «Paris c’est bien pour les caisses de grèves, on pourrait monter très vite», rappelle Jocelyne membre de l’inter-pro. En période de forte inflation, chaque euro compte pour des salariés qui gagnent entre 1 500 et 2 000 euros. «Le seul problème c’est l’argent», peste Nathalie. «Mais on reste déterminé jusqu’à obtenir gain de cause», reprend Hadj. Par Théodore Laurent.
Reprise de la collecte des déchets à Rennes et Nantes. Fortement perturbée depuis début mars par les mouvements sociaux contre la réforme des retraites, la collecte des déchets avait repris mercredi dans les métropoles de Rennes et Nantes, où il faudra toutefois plusieurs semaines pour venir à bout des tonnes d’ordures accumulées. Dans la banlieue de Rennes, les deux sites du groupe Suez, bloqués depuis le 13 mars par des grévistes, ont été dégagés mardi après-midi après une intervention des forces de l’ordre, sans heurts.
Avec les salariés du Sivom, devant la mairie de Combs-la-Ville. C’est la première grève au sein de l’entreprise. La faute peut-être à une organisation complexe qui divise le site en trois pôles : déchetteries, collecte et propreté urbaine, où employés du secteur privé et public cohabitent. «Nous avons monté notre premier syndicat il y a quelques mois, raconte Nathalie, les cheveux courts colorés de blond. Avant, seuls les fonctionnaires étaient syndiqués à la CGT, cela rendait l’organisation d’un mouvement en commun quasi-impossible». «Ça fait des années qu’on prend cher, ajoute Hedj. Donc fallait bien que cela sorte un jour.» D’autant que les manifestants ont obtenu du soutien d’une interpro basée à Melun qui coordonne le mouvement contre la réforme des retraites. «Retraites et salaires, même combat, souligne Jocelyne membre du collectif. Dès qu’on a entendu parler de cette grève on est venu les aider sur le picket.» Par Théodore Laurent.
Il n’y a «pas de crise démocratique», répond l’entourage de Macron aux syndicats. L’entourage d’Emmanuel Macron a contesté mercredi l’existence d’une «crise démocratique» évoquée par les syndicats, affirmant que le projet de réforme des retraites avait été «porté, expliqué et assumé» par le président. «Qu’un président élu avec une majorité élue, certes relative, cherche à mener à bien un projet qui a été porté démocratiquement, ça ne s’appelle pas une crise démocratique», a expliqué l’entourage présidentiel en marge d’un déplacement en Chine. «On ne peut pas parler de crise démocratique quand le projet il a été porté, expliqué et assumé», a-t-il insisté en réponse aux syndicats après l’échec de leur rencontre avec la Première ministre. Et d’ajouter : «si les gens voulaient la retraite à 60 ans c’est pas Emmanuel Macron qu’il fallait élire président de la République ou mettre en tête du premier tour». Le déni toujours.
Mélenchon dénonce une Borne «radicalisée et murée dans le déni». Après la rencontre entre l’intersyndicale et la Première ministre ce mercredi, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé sur Twitter une Elisabeth Borne «radicalisée et murée dans le déni de réalité», après son refus devant les syndicats de retirer sa réforme des retraites. Selon le triple candidat à la présidentielle, la locataire de Matignon «transforme une crise sociale en crise politique par son obstination».
Madame #Borne, radicalisée et murée dans le déni de réalité, transforme une crise sociale en crise politique par son obstination. Le #6avril, mobilisation et grève dans tous les secteurs dans le calme et sang froid à l'appel des syndicats.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) April 5, 2023
Avec les salariés du Sivcom, devant la mairie de Combs-la-Ville. Alors que certains mouvements de grève s’essoufflent, d’autres prennent le relais. Les employés du Syvom, en charge de la collecte des déchets et de la propreté urbaine du secteur de la Vallée d’Yerres et de Sénart en Essonne sont en grèves reconductibles depuis jeudi 30 novembre. Depuis ce matin, une cinquantaine d’éboueurs, conducteurs de camions et autres trieurs de déchets occupent l’esplanade de la mairie de Combs-la-Ville, dont l’édile est également le président de la société. Leurs principales revendications : une augmentation générale de 9 %, une revalorisation des primes et un plan d’investissement pour mettre fin à l’utilisation de véhicules vétustes. La réforme des retraites est également dans le viseur même si Amine, délégué syndical FO admet qu’il s’agit d’un «hasard du calendrier». «Regardez on est tous des travailleurs jeunes, si on doit travailler deux ans de plus dans les conditions actuelles c’est va être compliqué», souligne Hadj conducteur de bennes depuis 17 ans. Par Théodore Laurent.
Autour de 20 % des enseignants du primaire en grève jeudi. Pour la onzième journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, le Snuipp-FSU, premier syndicat dans les écoles maternelles et élémentaires, prévoit autour de 20 % des enseignants du primaire en grève jeudi 6 avril. Cette estimation est plus faible que celle de la précédente journée de mobilisation du 28 mars, qui était de 30 %. «On sent que ça devient de plus en plus compliqué de faire grève pour les collègues» car «les retraits de salaire commencent à peser», a expliqué la secrétaire générale du Snuipp-FSU, Guislaine David.
Grèves : la vanne d’alimentation en gaz des Alpes-Maritimes fermée plusieurs heures. C’est un «avertissement». Dans les Alpes-Maritimes, la CGT Energie affirme qu’une assemblée générale de grève à Grasse a acté la fermeture de la vanne d’alimentation en gaz des Alpes-Maritimes et que cette «mise en sobriété aura duré quatre heures». Même si les usagers n’ont pas été touchés, assure le syndicat, ce dernier prévient qu’il pourrait y avoir des «coupures très larges […] si la direction venait à prendre la décision de couper des clients déjà en situation de précarité». Au sein d’un secteur de l’énergie très mobilisé, les travailleurs du gaz ont pris leur part. «Nous sommes au trente-troisième jour de blocage des terminaux méthaniers et sites de stockage de gaz, explique à Libération Frédéric Ben, responsable du secteur gaz à la Fédération des mines et de l’énergie CGT. Ces actions mettent d’ores et déjà en péril la disponibilité en gaz pour l’hiver prochain». Jeudi, le premier déplacement de Sophie Binet, la nouvelle secrétaire générale de la CGT, accompagnée de Sébastien Menesplier, numéro de la FNME-CGT et le nouveau monsieur retraites à la CGT, aura lieu à Gournay-sur-Aronde, près de Compiègne. Plus qu’un symbole.
Clémentine Autain attaque les «mensonges» d’un gouvernement borné. Pour la députée de la 11e circonscription de Seine-Saint-Denis, «demain, toute la France doit parler d’une seule voix : 64 ans c’est non», a écrit Clémentine Autain sur Twitter. «Aux mensonges, outrances, provocations d’un gouvernement borné, l’intersyndicale répond par le rassemblement et la détermination. Honneur à eux», a-t-elle écrit.
Aux mensonges, outrances, provocations d'un gouvernement borné, l'intersyndicale répond par le rassemblement et la détermination. Honneur à eux.
— Clémentine Autain (@Clem_Autain) April 5, 2023
Demain, toute la France doit parler d'une seule voix : 64 ans, c'est non ! #6avril pic.twitter.com/DUWiSMiKAJ
Elisabeth Borne «n’envisage pas d’avancer sans les partenaires sociaux». «Même si nos désaccords sur l’âge n’ont pas permis de discuter de façon approfondie, je pense que cette réunion marque néanmoins une étape importante. Les organisations syndicales, comme elles ont pu vous l’indiquer, sont disponibles pour travailler ultérieurement sur ces sujets et je leur ai dit ma disponibilité et celle de mon gouvernement parce que je n’envisage pas d’avancer sans les partenaires sociaux», a déclaré la Première ministre dans la cour de Matignon devant la presse. Pour l’entourage de Macron, il n’y a «pas de crise démocratique».