En résumé :
- La police annonce 740 000 manifestants sur tout le territoire, le CGT «plus de deux millions». À Paris, la CGT revendique 450 000 manifestants, soit presque deux fois moins que la dernière mobilisation du 23 mars. Selon la préfecture, 93 000 personnes sont descendues dans la rue, ce qui représenterait la deuxième plus grosse manifestation dans la capitale depuis le début du mouvement social.
- La première ministre a invité l’intersyndicale à venir à Matignon «lundi ou mardi», selon le patron de la CFDT Laurent Berger, favorable à une rencontre.
- À Paris, la grève des éboueurs est suspendue à partir de mercredi, a annoncé la CGT. Pas de quoi résorber l’amoncellement de déchets dans la capitale, car le blocage des incinérateurs se poursuit. La mairie revendique néanmoins une baisse du tonnage d’ordure présent dans les rues.
Les jeunes mobilisés à la Une de «Libé». Depuis le passage en force à l’Assemblée, la jeunesse a massivement rejoint les manifestations. Un rejet de l’exécutif qui va bien au-delà de la réforme des retraites. A Rouen, Paris, Marseille, Montpellier, «Libé» est allé à leur rencontre dans les cortèges. A lire demain en kiosque et dès ce soir pour les abonnés.
A la une de @Libe ce mercredi :
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📣 Génération 49.3
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La permanence LR de la Drôme vandalisée en marge de la manifestation. Le local, situé à Valence, «a subi de lourds dégâts (rideaux de fer arrachés, vitres brisées, matériel dégradé...)», annoncent dans un court communiqué le sénateur Gilbert Bouchet et le maire de Valence Nicolas Daragon, respectivement président et secrétaire départemental Les Républicains de la Drôme. Selon la police, 5 300 personnes ont participé à Valence à la manifestation contre la réforme des retraites. La préfecture précise que les auteurs de la dégradation avait entrepris, avant l’intervention des forces de l’ordre, d’incendier la permanence LR.
La place de la Nation quasi évacuée. Les forces de l’ordre ont à nouveau chargé le centre de la place parisienne pour en achever l’évacuation. Quelques centaines de manifestants restent nassés sur le boulevard Diderot, d’autres rejoignent les métros ou s’égaillent dans la ville. L’ambiance est plutôt calme. Par Guillaume Tion.
Elisabeth Borne a invité l’intersyndicale à Matignon «lundi ou mardi». Moins d’une heure après la fin de la manifestation parisienne, Laurent Berger affirme qu’Elisabeth Borne souhaite recevoir l’intersyndicale : «Cet après-midi est tombée une invitation de la Première ministre à l’intersyndicale». «On en a parlé entre nous, c’est sûr qu’on ira, a ajouté le leader de la CFDT. On pense collectivement qu’il faut y aller pour porter nos propositions.» Selon Berger, ce devrait être lundi ou mardi. Mais qui ira à Matignon ? Un débat semble en cours au sein de l’intersyndicale. Pour le co-porte-parole de Solidaires Simon Duteil, contacté par Libération, «ça participe du storytelling et du tempo qu’essaie d’imposer le gouvernement. Nous, on prend le temps de discuter [entre syndicats]».
A Paris, évacuation en vue de la place de la Nation, des escouades de Brav-M circulent alentour. L’imposante ligne de forces de l’ordre traverse l’avenue du Trône et s’apprête à avancer sur la place de la Nation. Toutes les rues adjacentes sont bloquées. Seule extraction possible par le boulevard Diderot. Une vingtaine de motos de la Brav-M circule dans les rues en périphérie. L’évacuation de la place de la Nation est imminente. Par Guillaume Tion.
A Paris, vives tensions à Nation. Les forces de l’ordre chargent le centre de la place de la Nation et s’y installent temporairement. Détonations, lacrymos. Grand mouvement de foule, quelques centaines de personnes évacuent en direction de Cours de Vincennes. «Courez pas, courez pas, c’est dangereux», lance une femme. A la terrasse d’un café, un homme à terre, apparemment victime d’un malaise, est pris en charge par des Medics. Il reprend connaissance. Par notre journaliste Guillaume Tion.
La 11ème journée de mobilisation aura lieu le 6 avril. L’intersyndicale a fixé au 6 avril, soit neuf jours après le défilé de ce mardi, la date de la prochaine grève et manifestation nationales.
Des dégradations à Nantes et Rennes. Dans l’Ouest de la France, où les heurts avaient été particulièrement violents jeudi puis samedi, des dégradations ont à nouveau été recensées à Nantes et Rennes, malgré deux défilés jugés globalement plus calmes. Dans la préfecture de Loire-Atlantique, une agence bancaire et une voiture ont été incendiées et le tribunal administratif visé. Au moins un manifestant a été blessé lors de la manifestation nantaise, a constaté une journaliste de l’AFP. La préfecture a annoncé 49 interpellations.
A Paris, 10 000 contrôles de police. Peu avant 19 heures, 27 personnes avaient été interpellées à Paris, selon a préfecture de police, et 10 000 contrôles ont eu lieu autour de la manifestation. Au moins trois blessés ont été pris en charge par des «street medics» (secouristes volontaires), ont constaté des journalistes de l’AFP. L’un, conscient, était blessé à la tête, un autre, qui portait un brassard presse, présentait une blessure superficielle à la jambe.
SNCF: le trafic sera moins perturbé mercredi 29 mars. Au 23e jour d’une grève reconductible, l’entreprise ferroviaire prévoit de maintenir 80% de ses TGV Inoui et Ouigo, les deux tiers de ses Intercités et les trois quarts de ses TER. Circulation «quasi-normale» sur l’Eurostar et le Thalys. Côté RATP, le trafic devrait être normal, sauf sur le RER A.
A Paris, la fin de manif ressemble à un pique-nique géant. La foule disparate discute par petits groupes, les terrasses sont ouvertes, les bars pleins. Un vélo brûle dans l’indifférence générale. Un clown fait la quête. Les forces de l’ordre se déplacent en marchant. En bas du boulevard Voltaire, une quarantaine de gendarmes protègent immobiles une Société générale murée que personne n’attaque. Cannettes, vapeurs de lacrymo, «tout le monde déteste la police». Toutes les parties semblent découvrir une manif sans violence ni débordements. «Franchement, je connais plein de gars avant qui allaient en black blocs, et les gardes à vue et Sainte-Soline ça les a un peu refroidis», explique Marc, étudiant, qui papote avec deux copines, alors qu’une centaine de CRS et gendarmes chargent soudain la place. Par notre journaliste Guillaume Tion.
400 000 jeunes dans la rue, selon les syndicats. La mobilisation étudiante et lycéenne ne faiblit pas. Les organisations de jeunesse comptent 400 000 jeunes dans les cortèges dans toute la France, 450 lycées bloqués et 85 sites d’enseignement supérieur mobilisés. Des chiffres proches de ceux du 23 mars, et qui laissent entendre que les jeunes sont déterminés à rester mobilisés jusqu’au retrait de la réforme des retraites. A nouveau, des étudiants ont été attaqués par l’extrême droite, qui a tenté sans succès de lever par la violence les blocus en cours à Nice et Lyon 3.
🔴 Point de situation : le recul résiduel se confirme dans Paris. Le tonnage d’ordures non ramassées dans Paris est de 6 600 tonnes, soit 700 tonnes de moins qu'hier.
— Paris (@Paris) March 28, 2023
A Paris, place de la Nation, un chihuahua de 200 grammes a traversé la manif sans se faire piétiner. Les forces de l’ordre fouillent au petit bonheur les manifestants qui quittent la place dans le calme. Deux jeunes femmes sont contraintes d’ouvrir leur sac à dos et de montrer les écharpes qu’ils renferment. Une dame passe avec, en laisse, un chihuahua de 200 grammes, qui a traversé la manif sans se faire piétiner. On entend deux fortes détonations au loin. Trois. Qui n’émeuvent personne. Par notre journaliste Guillaume Tion.
740 000 manifestants dans toute la France, selon le ministère de l’Intérieur, «plus de deux millions» selon la CGT. La dixième mobilisation nationale a réuni 740 000 personnes sur tout le territoire selon la police, ce qui la classe au septième rang en termes de nombre de participants depuis le début du mouvement, le 19 janvier. La CGT, elle, revendique «plus de deux millions» de manifestants, ce qui en ferait la cinquième mobilisation la plus importante. A Paris, le cortège se hisse à la deuxième place sur les dix manifestations organisées par l’intersyndicale, avec 93 000 personnes selon l’Intérieur (450 000 selon la CGT).
Des syndicats d’avocats, de magistrats et de défense des droits humains dénoncent des interdictions de rassemblements nocturnes à Paris. Depuis le 24 mars, la préfecture a pris en «en catimini», «sans que personne n’en soit informé», des arrêtés prohibant les rassemblements dans le centre de la capitale, affirme dans un tweet le Syndicat des avocats de France (SAF). «Depuis, des manifestants ou simples opposants à la réforme des retraites reçoivent des amendes pour participation à des manifestations interdites», affirme le syndicat, alors que la participation à une manifestation non déclarée n’est pas interdite. Le SAF a déposé, avec le Syndicat de la magistrature, la Ligue des droits de l’homme et SUD-Solidaires, un référé liberté pour contrer ces verbalisations «arbitraires».
Comment la préfecture de Paris bafoue la liberté de manifester ?
— SAF Paris (@Saf_Paris) March 27, 2023
Depuis vendredi dernier, des manifestants ou simples opposants à la réforme des retraites reçoivent des amendes pour participation à des manifestations interdites. 1/19
Des heurts éclatent en tête de cortège à Paris. Des manifestants ont pillé un commerce Leclerc, allumé des feux de poubelles ou dégradé du mobilier urbain, peu avant l’arrivée du cortège intersyndical place de la Nation. Les forces de l’ordre ont chargé puis tiré des grenades de gaz lacrymogène pour «disloquer le bloc» de plusieurs centaines de personnes, permettre «l’intervention des pompiers» et «faciliter la progression du cortège». Peu avant 17 heures, la préfecture de police de Paris a fait état de 22 arrestations et 10 000 contrôles autour de la manifestation. Au moins deux blessés ont été pris en charge par des «street medics», ont constaté des journalistes sur place.
La petite Nation dans la prairie. Sur la place de la Nation, à Paris, une quinzaine de CRS : «Non, madame, passez à gauche, là, derrière le camion, merci. Bonne journée.» Au café Chez Prosper, des manifestants entrent comme un dimanche après-midi et commandent des cafés, des demis, les mains pleines de banderoles et des badges Solidaires ou CFDT collés sur leurs doudounes colorées. L’ambiance est si pacifique que les serveurs ne verrouillent même plus la porte du bar. Mireille a pris un crème : «J’habite là, je passe voir la fin de chaque manifestation qui arrive à Nation.» Elle a 92 ans. «Je n’ai pas peur des débordements, généralement les fins de manifestations sont très calmes», sourit-elle en retournant à son livre. Jérémie, un quadra au gilet jaune marqué «Lutte des classes, lutte de casse» entre : «De l’autre côté de la place j’ai vu une petite charge. Mais bon.» A la table d’à côté, Isabelle, 32 ans, a participé à toutes les mobilisations : «Celle-ci est vraiment particulière. Je n’ai pas vu de black bloc, pas de lacrymogène, pas de charges... j’ai l’impression que le mot d’ordre des flics c’était de nous laisser tranquille.» Elle est avec un ami japonais, Hokuto. C’est sa première manif. Il réfléchit. Passe sa main sur son visage. «Il m’a dit tout à l’heure qu’il avait trouvé ça très joyeux», coupe Isabelle. Par notre journaliste Guillaume Tion.
«Suspension» de la réforme des retraites : Martinez désavoué par de nombreux cadres de la CGT. Alors que le congrès de la CGT est déjà tendu, le syndicat se divise après le soutien de Philippe Martinez à l’appel de «suspendre» la réforme des retraites. «Ni pause ni médiation, grèves et manifs jusqu’au retrait. Le rapport de force est en notre faveur, le retrait est à portée de main. Ne lâchons rien», a écrit Céline Verzeletti, candidate à la succession de Martinez. De son côté, le secrétaire de la CGT Bouches-du-Rhône, Olivier Mateu, qui y postule lui aussi: «On continue, il n’y a ni pause ni médiation. [On reste] en manif, en grève, partout, jusqu’au retrait. Et après, on ira chercher le reste.» Le secrétaire de la puissante Fédération des mines et de l’énergie, Sébastien Menesplier, s’est lui aussi emporté : «Ni suspension, ni compromis, ni temps mort, ni médiation ! Seule solution, retrait de la réforme validée par un 49.3 ! La FNME-CGT, les énergéticiens, électriciens et gaziers ne seront pas les dindons de la farce d’un pseudo compromis de quelques-uns.»
Pour les jeunes, «le 49.3 a été l’occasion de fédérer autour d’une nouvelle manière de lutter». Alessio Motta, sociologue spécialiste des mouvements contestataires, analyse le rôle que peut jouer la jeunesse dans le mouvement contre la réforme des retraites. Selon lui, la massification de la contestation étudiante ne constitue pas forcément un tournant dans le mouvement social contre les retraites. Notre interview.
Fortes tensions à Bordeaux. Près de la place de la Victoire, en plein centre-ville : jets de pavés, bouteilles, barres de fer... Des affrontements ont eu lieu entre un groupe de manifestants et les forces de l’ordre qui ont répliqué avec des nuages massifs de gaz lacrymogènes. Selon un étudiant, qui est à l’intérieur de la faculté, plusieurs manifestants dont des lycéens touchés par les gaz se sont réfugiés dans le hall de l’établissement devenu le QG des luttes. Des CRS se placent de part et d’autre de la place pour leur bloquer la sortie. En parallèle, les feux et les dégradations sur le mobilier urbain se multiplient. Par notre journaliste Eva Fonteneau.
Mobilisation lycéenne : «On veut réveiller la jeunesse et faire plier Macron». Maintenant que les épreuves de spécialité du bac sont passées, un nombre croissant d’élèves de terminale vient renforcer le mouvement de contestation lycéen. Il s’intensifie depuis l’utilisation de l’article 49.3 par la Première ministre pour faire passer la réforme des retraites. Notre reportage.
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Clémentine Autain fustige la «stratégie du pourrissement» de l’exécutif. «Vous prétendez vouloir apaiser, vous alimentez chaque jour le chaudron de la colère», a lancé, dans l’Assemblée nationale face au gouvernement, l’élue insoumise de Seine-Saint-Denis. «Vous ne pouvez pas, vous ne devez pas faire le choix du pourrissement par stratégie politicienne, a renchéri le député Benjamin Saint-Huile (Liot). Avec humilité, saisissez la main de ceux qui prônent le dialogue.» Par notre journaliste Victor Boiteau.
À Paris, le cortège rejoint la place de la Nation. Quelques centaines de personnes déjà arrivées sont massées au milieu de la place, autour de la statue le Triomphe de la République. Au loin, le cortège s’approche. Les forces de l’ordre disposées à l’entrée de toutes les rues donnant sur la Nation laissent pour l’instant les gens entrer et sortir à leur guise. Paul et Thibaut, la vingtaine, étudiants, boivent une bière, debout. Paul : «Aujourd’hui, ça n’a rien à voir avec jeudi dernier. Les CRS nous ont laissé tranquille sur le trajet, il y avait beaucoup moins de tension.» Thibaut : «ça partira certainement tout à l’heure en manif sauvage, mais pour l’instant ça va.» Paul : «Oui, les choses changent. J’ai même l’impression que BFM est moins macroniste.» Par notre journaliste Guillaume Tion.
À l’Assemblée, le gouvernement ne juge «pas possible» de suspendre la réforme. Sollicitée par les oppositions, Élisabeth Borne reste pour l’instant silencieuse lors des questions au gouvernement ce mardi. Le ministre du Travail Olivier Dussopt se charge de répondre aux députés réclamant tour à tour la suspension de la réforme. «Il n’est pas possible de suspendre un texte tel qu’il a été voté», a-t-il rétorqué. Par notre journaliste Victor Boiteau.
Quelques gouttes commencent à tomber sur la capitale. «Il pleut mais est-ce que ça va nous arrêter ? Est-ce qu’on s’arrête là ?» lance un homme depuis le camion de Solidaires Finances publiques. «Nooon» répondent quelques dizaines de manifestants. Le cortège recommence à avancer lentement. Stars des manifestations, les Rosies haranguent la foule : «Grève générale, grève générale !». Un militant, casquette CGT à strass sur la tête, expose un rouleau de papier toilette à l’effigie d’Emmanuel Macron. Par notre journaliste Sacha Nelken.
À Lyon, mortiers et gravats contre lance à eau. Des affrontements entre un black bloc d’un millier de personnes et la police précèdent le cortège, dont la tête a atteint le pont de la Guillotière, dans le 7e arrondissement de Lyon, et se dirige vers son point d’arrivée, la place Bellecour. Cinq interpellations ont eu lieu, a annoncé la préfecture, après la casse de mobilier urbain, de vitrines de banques et d’assureurs. «À la base, une manif, c’est censé être calme, joyeux», souligne Djalil, 19 ans, qui a déjà commencé à travailler comme commercial. Avec son amie Emma, étudiante en BTS Économie sociale et familiale, ils sont deux recrues récentes des manifestations et craignent les violences de chaque camp. «Il faudrait un juste milieu avec la police, ça les concerne aussi cette réforme», rappelle Emma, qui a vu défiler nombre de vidéos d’affrontements lors des précédentes journées de mobilisation. «Les casseurs n’aident pas non plus la cause, mais quand la police s’en prend à des pacifistes, ce n’est pas la même chose, ça attise la haine», prévient la jeune femme. Par notre journaliste Maïté Darnault.
Tensions à #Bordeaux après la fin de la manifestation contre la #ReformeDesRetaites environ 300 personnes en partie cagoulées et vêtues de noir se dirigent vers la place de la Victoire. Sur leur passage, ils allument plusieurs feux. @libe pic.twitter.com/wFjYZUgAf4
— Eva Fonteneau (@FonteneauEva) March 28, 2023
450 000 manifestants à Paris selon la CGT, presque deux fois moins que le 23 mars. La dixième journée de manifestation intersyndicale marque un reflux dans la capitale. Cinq jours plus tôt, 800 000 opposants avaient défilé contre la réforme des retraites, toujours selon les chiffres du syndicat.
À l’Assemblée, le gouvernement interpellé sur le maintien de l’ordre. Des bancs de la gauche à ceux du Rassemblement national, en passant par la majorité et Les Républicains, les députés apostrophent les ministres sur les violences survenues lors des manifestations contre la réforme des retraites et celle du 25 mars contre les méga-bassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Le patron de la droite Eric Ciotti dénonce des «militants d’extrême gauche dont le seul objectif est de piller, de brûler, de tuer du flic». Et d’haranguer Elisabeth Borne : «les mots ne suffisent plus, il faut des actes concrets. Ces individus, ces milices d’extrême gauche sont connues, il faut les éradiquer.» Peu avant, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin venait d’annoncer la dissolution du mouvement écologiste «Les Soulèvements de la terre». Par notre journaliste Victor Boiteau
Pour Mélenchon, «la violence est le moyen qu’utilise le ministre de l’Intérieur pour invisibiliser le mouvement social». Jean-Luc Mélenchon est intervenu peu après le début de la manifestation parisienne. «L’attitude de Mme Borne ne nous laisse au fond la possibilité que d’un seul mot d’ordre, c’est qu’elle s’en aille, elle et sa réforme, plante-t-il. [...] Nous ne sommes pas dans une querelle ou une dispute ordinaire, nous parlons de deux ans de vie qui sont dérobés aux salariés.» L’ex-candidat à la présidentielle a par ailleurs fustigé le dispositif policier samedi aux méga-bassines : «Je demande à tout le monde de bien comprendre qu’un ministre de l’Intérieur capable d’organiser un traquenard comme celui qui a été mis en place à Sainte-Soline est absolument capable de toutes les provocations.» Et de surenchérir sur Gérald Darmanin : «La violence est le moyen qu’utilise le ministre de l’Intérieur pour invisibiliser le mouvement social et la propre maîtrise qu’a ce mouvement de lui-même.»
Devant l’église Sainte Ambroise, le PCF a organisé une chorale. «Gare à la revanche - quand tous les pauvres s’y mettront» chantent une petite dizaine de têtes blanches les yeux rivés sur les paroles du texte que certains semblent découvrir. Autour d’eux, beaucoup de jeunes vont échanger quelques mots avec le député LFI Louis Boyard. Le cortège marque encore un stop. Les chants continuent dans une ambiance festive : «C’est pas à l’Élysée, c’est pas à Matignon, c’est pas dans les salons qu’on obtiendra satisfaction, scande une jeune femme au micro. C’est par la grève et par l’action.» Par notre journaliste Sacha Nelken.
Un prof syndicaliste placé huit heures en garde à vue pour un pantin à l’effigie de Macron. Lundi 27 mars, un professeur des écoles, syndiqué FSU, a été longuement interrogé par la police. Motif : il avait placé sur les rails du tram de Nice son pantin confectionné à l’image du président de la République, lors d’une manifestation le 22 mars. La tradition populaire du lancer de «paillassou», du nom de ce bonhomme de paille du carnaval azuréen, n’a pas plu à la préfecture : elle y a vu une «mise en scène macabre» et déposé plainte au nom de l’État pour «outrage à personne dépositaire de l’autorité publique et provocation publique à la commission de crime ou délit sans intention». Le professeur rapporte même avoir eu son logement perquisitionné. «Le paillassou mettrait-il en danger la démocratie ?», s’est interrogé lundi l’intersyndicale niçoise. Une paille !
À Paris. À cause du monde, l’accès au boulevard Voltaire, où avance lentement le cortège, certains manifestants prennent des petites rues pour rejoindre la foule. A l’angle de la rue de Malte et de la rue de Crussol, FO Cheminots ambiance les opposants à la réforme avec le mythique titre «Freed from desire» de Gala. A côté, certains s’époumonent de slogans anti-Macron. «Grève, blocage, Macron dégage» reprennent d’une seule voix une dizaine de syndiqués. Ce mardi, la colère semble se cristalliser autour du président et son «mépris». «Plus il parle, plus il se montre méprisant. Et plus il se montre méprisant, plus il nous met en colère», explique Sami, 34 ans. Par notre journaliste Sacha Nelken.
À Marseille. Les manifestants sont en train d’évacuer les voies de la gare Saint-Charles. Les représentants CGT Cheminots et Énergie ont négocié un peu plus tôt la non-intervention des forces de l’ordre si le groupe se dispersait à 15 heures. Tout se passe donc dans le calme, les participants s’applaudissent. Certains appellent à un nouveau rassemblement le soir même dans le centre-ville. Sur le quai d’en face, les policiers les regardent partir. «La police assassine! Sainte Soline, on n’oublie pas» leur renvoie le groupe. Par notre journaliste Stéphanie Harounyan.
Dans la capitale. Le cortège est parti depuis bientôt une heure, mais pourtant la place de la République est encore pleine de monde. D’un côté, les écolos attendent pour s’élancer, de l’autre c’est l’UNSA Transports. Au milieu de la place, quelques couples dansent des slows sur un air triste. «On n’arrêtera pas un peuple qui danse», dit une pancarte. Assis à quelques mètres de là, Lucas et Julie, un couple d’étudiants, commencent à se diriger vers la foule. «On a attendu pour être au plus loin du cortège de tête, c’est là en principe que la police frappe les manifestants», explique le grand brun âgé de 23 ans. Pour autant, aucun des deux n’a hésité à venir. «Ce serait faire un cadeau à Macron qui pourrait dire que le mouvement s’essouffle», poursuit-il. Par notre journaliste Sacha Nelken.
Dans le cortège de Lyon. «Et nous aussi, on passera en force», haranguent en chœur une demi-dizaine de militants dans des mégaphones. Face à eux, plusieurs milliers de manifestants brandissent banderoles et pancartes dans un pack resserré. C’est le tronçon «jeunes» de la manifestation lyonnaise, surmonté d’un gros bouquet de drapeaux de l’Unef, des Jeunes communistes, des Jeunes socialistes et de LFI. Selon le rectorat de Lyon, cinq établissements, lycées et cités scolaires, ont été bloqués dans différents arrondissements. Les universités Lyon 2 et Lyon 3 sont également restées fermées. Sur le trottoir, Michel, doudoune marron et grand sourire, regarde passer le cortège. «J’étais là il y a 50 ans», dit ce retraité du secteur commercial, 73 ans. Une bouffée de nostalgie lui vient en évoquant Mai-68. «C’est pour ça que je reste avec eux, j’espère qu’ils vont descendre encore plus nombreux, c’est encourageant». Par notre journaliste Maïté Darnault.
A Paris, objectif recyclage.
À Bordeaux : «Bah voilà, tu l’as enfin ta République en marche !» Au milieu des chants traditionnels de manif, au son des tambours battants qui résonnent sur la pierre, une marée de pancartes dodeline joyeusement au-dessus des têtes du cortège bordelais. «Les gens sont galvanisés ! On sent que ce n’est pas près de s’essouffler, le 49.3 a mis le feu aux poudres», analyse Mathis, enseignant. Il est accompagné de deux amies qui bossent dans la com. «C’est la première fois qu’elles manifestent», annonce-t-il fièrement. «Il y a une belle énergie, on est tous déterminés», abonde Camille, salariée dans une association d’éducation populaire. Devant le petit groupe, un message attire l’attention : «Macron, c’est Non» est inscrit en lettres capitales sur un sac pour bouteille de vin. «Il n’y a qu’à Bordeaux qu’on verra ça !» s’esclaffe un manifestant. Au même moment, le cortège passe sans heurt devant la mairie. Cette fois-ci bien gardée par les forces de l’ordre qui forment un cordon humain devant la porte incendiée. Par notre journaliste Eva Fonteneau.
La Défenseure des droits réclame une «désescalade de la violence». Dans une interview au Monde, Claire Hédon, précise que ses services ont été saisis à 65 reprises depuis le début du mouvement social. Elle évoque des «images et témoignages [qui] montrent des situations inacceptables». Elle s’est même autosaisie d’un cas, «celui de la personne présentée comme sans abri, mise à terre place de la Bastille» le 22 mars, et elle envisage de se saisir de celui «du jeune homme qui s’est fait rouler dessus par un motard».
À Paris, la grève des éboueurs suspendue à partir de mercredi, annonce la CGT. La CGT de la filière déchets et assainissement a annoncé mardi la suspension, à partir de mercredi, de la grève des éboueurs de Paris, qui ont provoqué l’amoncellement des ordures dans les rues de la capitale depuis le 6 mars. Ce qui ne signifie pas la disparition rapide des déchets : les blocages dans les incinérateurs se poursuivent toujours, perturbant ainsi fortement la collecte des déchets. «Nous avons besoin de rediscuter avec les agents [...] afin de repartir plus fort à la grève [...] car nous n’avons presque plus de grévistes», reconnaît dans un communiqué la CGT-FTDNEEA qui rassemble les éboueurs, égoutiers et conducteurs de bennes de la capitale. «C’est pour cela que nous suspendons notre mouvement de grève et de blocage à partir du mercredi 29 mars», annonce le syndicat qui dit «à bientôt aux salariés toujours en grève et en lutte», car «nous allons ressurgir».
Prison ferme pour l’un, sursis pour l’autre : à Mulhouse, deux manifestants condamnés. Un homme de 19 ans a été condamné ce lundi à Mulhouse à huit mois de prison ferme et cinq mois de sursis. Il était jugé en comparution immédiate pour dégradation par moyen dangereux, participation à un attroupement et rébellion dans le cadre de la manifestation de jeudi dernier. 5 500 personnes s’étaient réunies à Mulhouse, selon les renseignements territoriaux, et des affrontements avaient eu lieu entre un groupe d’une cinquantaine de manifestants et les forces de l’ordre. Considéré comme l’un des meneurs, ce manifestant avait bousculé violemment un policier de la Brigade anti-criminalité (BAC), qui s’était blessé à une cheville. Un autre homme, âgé de 30 ans, comparaissait à ses côtés pour avoir traîné au sol et frappé à la tête un policier. Il n’a été condamné, lui, qu’à six mois de prison avec sursis.
À Millau, levée de camp et bilan réussi pour l’opération péage gratuit. Près de 2000 euros ont été récoltés pour la caisse de grève. «C’est important de ne pas se faire pousser dehors bêtement par les gendarmes, décider de quand partir», note un manifestant alors que s’ achève une petite assemblée générale de clôture de l’action. Certains relayent la demande des lycéens de Millau de venir les aider à rebloquer le lycée. Tout le monde est d’accord pour quitter les lieux sans encombre en opération escargot, escorté par des dizaines de gendarmes qui au moins ici auront bien maintenu l’ordre et le droit de manifester. Par notre journaliste Grégoire Souchay.
À Lille, le domicile d’une députée Renaissance muré par des manifestants. «Tout le monde déteste Violette Spillebout», criait la trentaine de militants devant le logement de la députée de la majorité, sous les drapeaux FSU, Sud NPA et collectif citoyen l’Offensive. Ils ont dressé un petit mur de parpaings devant son entrée - les policiers l’ont démoli rapidement. L’Union locale CGT de Lille revendique cette «action symbolique», organisée au niveau local avec d’autres syndicats et organisations. «Ils ont franchi une limite, la démocratie s’arrête là où commencent haine et violence», a dénoncé l’élue, qui n’était pas à son domicile au contraire d’autres membres de sa famille. Elle a précisé qu’elle allait porter plainte.
À Paris, «le 49.3 a vraiment remobilisé les jeunes».. A l’angle du Boulevard Voltaire et de la rue de Crussol, un cortège d’étudiants et de lycéens s’apprête à s’élancer. Depuis plusieurs semaines déjà, on chante les airs classiques des manifestations, comme «Macron t’es foutu, la jeunesse est dans la rue». En première ligne, Valéry, 17 ans, élève de terminale au lycée Montaigne de Paris tient une pancarte «16-64, c’est une bière pas une carrière». «Le 49.3 a vraiment remobilisé les jeunes, explique-t-il. Même si la retraite c’est loin pour nous, on est aujourd’hui sur quelque chose de plus large, sur un projet de société». A quelques mètres de là, Sarah étudiante en socio tient le même discours : «Ils sont passés en force, on ne peut pas l’accepter», grince-t-elle, avant de reconnaître qu’avant le 49-3, elle n’était jamais venue manifester. Par notre journalite Sacha Nelken.
Dans le cortège à Montpellier. «Avec le 49.3, j’ai senti le changement et compris qu’on n’allait plus nous écouter. Je me suis dit : c’est maintenant ou jamais», raconte Célia, 28 ans, étudiante en informatique, pour expliquer les raisons qui l’ont poussée à descendre dans la rue. Ses parents, agents territoriaux, manifestent aussi, plus en amont du cortège. A quelques pas de Célia flottent les drapeaux noirs du Syndicat de combat universitaire de Montpellier (SCUM). Certains de ses militants ont prêté main-forte aux cheminots grévistes, aux lycéens bloqueurs, aux salariés mobilisés devant le dépôt pétrolier de Frontignan. «On devrait tous se sentir concernés», lâche Lorris, leur porte-parole. Par notre journaliste Sarah Finger.
La Tour Eiffel fermée au public. Elle «n’a pas les effectifs pour ouvrir» précise la Sete, société d’exploitation du monument, en raison de l’appel à la grève des deux syndicats (CGT et FO) des quelque 350 salariés. Seul le parvis est accessible : sa sécurité est assurée par un prestataire dont le personnel est présent. Le préavis de grève étant non reconductible, la Sete assure que la Dame de Fer doit rouvrir demain.
À Bordeaux, un cortège survolté s’élance. 13h15. C’est sous un grand soleil que les manifestants bordelais se sont donné rendez-vous. Dans une ambiance festive, le cortège s’élance, visiblement moins fourni que les semaines précédentes mais toujours aussi survolté. Sur le parcours, les banques et les assurances barricadent leurs vitrines en prévision d’éventuels débordements. Jeudi dernier, un incendie volontaire s’était propagé à l’hôtel de ville, brûlant l’imposante porte en bois du palais Rohan. La présence policière a été largement renforcée : Cours de l’intendance, où sont installées la plupart des enseignes de luxe, des camions de police sont positionnés en file indienne. Aperçus également, quatre camions de lutte contre les feux de forêt, loin des massifs girondins où le monde entier avaient pu les découvrir en lutte contre les incendies qui ont détruit plus de 30 000 hectares l’été dernier. Par notre journaliste Eva Fonteneau.
À Lyon, «le coup de trop, ça a été la motion refusée à neuf voix près». Après une demi-heure à piétiner, la manifestation se met enfin en branle peu avant 14 heures devant la Manufacture des tabacs, l’un des campus de la ville. Dans le cortège, nombreux sont les jeunes, lycéens et étudiants, à défiler avec des pancartes de fortune. «Hé Manu, la retraite pour nous aussi ououuuuuuuu ?», lance celle d’un groupe d’amis. Parmi eux, Emile reconnaît ne s’être «jusque-là pas trop mobilisé» : «Je n’y prêtais pas énormément attention», dit cet étudiant en histoire de l’art de 19 ans. Mais progressivement, une «accumulation de frustration» l’a poussé à rejoindre des copains : «Le concept antidémocratique du 49.3, ça m’a énervé et le coup de trop, ça a été la motion refusée à neuf voix près.» Avec lui, Alice, 18 ans, qui étudie le droit et les sciences politiques, veut pouvoir raconter plus tard comment ce mouvement «a marqué l’Histoire» : «Je suis hypercurieuse de voir ce qu’il se passe sur le terrain, je n’ai pas envie de manquer ça, comment les jeunes ne se laissent pas faire.» Par notre journaliste Maïté Darnault.
A Marseille, les manifestants occupent un quai et une voie gare Saint-Charles. «Grève, blocage, manif sauvage», scandent les manifestants. Ils occupent maintenant un quai et une voie dans la gare Saint-Charles. Sur les rails, une jeune femme brandit sa pancarte : «Bon, c’était sympa les manifestations, maintenant c’est la révolution !» «On va à Paris !», crie un autre. A Marseille, la circulation des trains est logiquement interrompue au départ et à l’arrivée, annonce-t-on au micro. Par notre journaliste Stéphanie Harounyan.
La pénurie de carburants s’étend à l’Ile-de-France. Après la Provence et l’Ouest, l’impact de la grève des raffineries touche maintenant la région parisienne : plus du tiers des stations-service manquent d’au moins un type de carburant (essence et /ou diesel). Dans le Val-de-Marne (44 %), l’Essonne (38 %) et les Yvelines (33,6 %). A Paris, un quart des stations sont concernées. La situation s’explique notamment par la mise à l’arrêt des raffineries normandes de TotalEnergies et Esso-ExxonMobil. Au niveau national, un peu plus de 15 % des stations-service manquent d’au moins un carburant qu’elles proposaient le 1er mars, et près de 7 % sont à sec. La Mayenne est le département le plus affecté (50 % des stations en pénurie d’au moins un carburant).
A Marseille, 180 000 manifestants selon l’intersyndicale, 11 000 selon la préfecture. «Voilà, tu l’as ta république en marche !», crie le syndicaliste sur le camion bleu des électriciens gaziers. La majorité du cortège marseillais s’est arrêtée porte d’Aix, mais certains ont décidé de pousser jusqu’à la gare saint Charles. Ce mardi, ils étaient 180 000 selon l’intersyndicale, 11 000 selon la préfecture de police, à défiler à Marseille. «Est-ce que vous croyez qu’on est assez nombreux ? Parce qu’on va tenir une heure !», crie encore le cégétiste. «A la gare !», répond la foule. Par notre journaliste Stéphanie Harounyan.
La mobilisation en baisse à la SNCF. Les journées de mobilisation s’enchaînent et le nombre de personnes prêtes à sacrifier une journée de salaire flanche. Ce mardi midi, selon les syndicats, le taux de grévistes est de 16,5 % à la SNCF (dont 45 % chez les conducteurs et 24,5 % chez les contrôleurs, branches souvent les plus mobilisées). Ce taux de participation est comparable aux 15 % de grévistes comptabilisés à la mi-journée lors de la journée interprofessionnelle de mobilisation, le 15 mars. Mais il est nettement inférieur aux 39 % comptabilisés lorsque les syndicats de la SNCF avaient entamé une grève reconductible pour protester contre la réforme gouvernementale, le 7 mars, ou aux 25 % enregistrés le 23 mars. Ce taux était même monté à 46,3 % le 19 janvier, au tout début du mouvement national. Ce mardi, la SNCF fait rouler trois TGV Inoui et Ouigo sur cinq, et la moitié de ses TER. En région parisienne, les circulations restent également perturbées avec 40 % à 60 % des trains de banlieue annulés selon les lignes.
A Paris, les manifestants commencent à rejoindre la place de la République. Chacun rejoint son syndicat, son parti politique, sa bande de potes. Les camions de l’UNSA stationnés le long de la place font l’animation grâce à leur sonos qui crachent de la musique. On entend évidemment Antisocial de Trust, un grand classique des mobilisations. Mais aussi, plus surprenant, la chanson Je ne sais pas de Joyce Jonathan. Bernard et Christine déambulent avec leurs pancartes «Macron méprisant de la république». Le couple de quinquagénaire a été, jusqu’à présent, de toutes les manifs. «On sera là jusqu’au bout», souffle Bernard. Qu’importent les violences qui ont émaillé le cortège la semaine dernière. «Ça ne nous fait pas peur, et puis ça arrangerait bien le gouvernement si on ne venait plus manifester à cause de ça», ajoute Christine. Par notre journaliste Sacha Nelken.
L’intersyndicale déplore la fin de non-recevoir du gouvernement. Une «insupportable» fin de non-recevoir qui pousse à «s’interroger sur qui veut vraiment le dialogue», selon Laurent Berger. En tête du cortège parisien qui doit partir de République en direction de Nation à 14 heures, les responsables de l’intersyndicale prennent acte de la fin de non-recevoir opposée par le gouvernement à leur proposition, formulée par le secrétaire général de la CFDT, de mettre la réforme sur pause et de trouver une médiation pour sortir de la crise. Pour Murielle Guilbert, co-déléguée générale de Solidaires, c’est une nouvelle «porte dans la figure», qui atteste de l’«irresponsabilité totale du gouvernement». Mais au moins, pense Eric Chabanier (CFTC), Emmanuel Macron «ne pourra pas nous refaire le coup de mercredi dernier en disant qu’on ne cherche pas le dialogue». Selon certains, cela n’empêchera pas l’intersyndicale d’expédier le courrier qu’elle avait prévu de rédiger. Mais quelles conséquences en tirer concrètement ? «Maintenant, on ne répondra plus que par des portes fermées», s’avance Frederic Souillot (FO).
La grève des éboueurs se maintient. 7 300 tonnes de déchets jonchent les trottoirs de Paris, où les éboueurs sont en grève depuis trois semaines pour s’opposer à la réforme des retraites. Les poubelles débordent également à Marseille, jusque dans les quartiers les plus cossus de la ville. Et ce même si les éboueurs marseillais ne sont toujours pas officiellement en grève et malgré l’annonce de la reprise du ramassage dans tous les quartiers faite hier par le syndicat FO Territoriaux.
Reportage
Au moins 77 sites universitaires mobilisés. Les étudiants restent déterminés. Comme le 23 mars dernier, le nombre d’établissements bloqués ou occupés ce matin tourne autour de 80, selon le premier recensement des organisations syndicales. L’accès à des sites universitaires est ainsi perturbé dans plusieurs villes, dont Paris - où plusieurs bâtiments de l’université Paris 1 sont touchés -, Lyon, Lille, Bordeaux ou Rennes. A Lyon, le site de la Manufacture de Lyon 3 est bloqué pour la première fois depuis le début du mouvement. Une action «rare» pour cette université, a indiqué la direction de la communication. A Lille, la Fédération syndicale étudiante «bloque le campus» de l’université de sciences, tandis que Sciences Po Lille était fermé. Un site de la faculté de Lettres de Nice est également bloqué, selon la préfecture des Alpes-Maritimes.
Fin de manif à Rouen. Devant la fac de droit, à une centaine de mètres du parvis de la préfecture, la manifestation officielle touche à sa fin et une impressionnante colonne de fumée noire file vers le ciel. Un brasier de palettes et poubelles a été allumé. Au loin, les forces de l’ordre, discrètes tout au long du parcours, observent la situation alors que les différents cortèges syndicaux terminent la manifestation. Derrière les grandes baies vitrées surélevées de l’université, de nombreux curieux, amusés, filment la scène. L’intersyndicale annonce une mobilisation de 17 000 manifestants, tandis que la préfecture parle de 12 700 personnes (des chiffres légèrement en deçà de la mobilisation de jeudi). Alors que les discussions d’usage de fin de manifs battent leur plein, plusieurs petits groupes d’individus arpentent les rues adjacentes et les entravent à l’aide de poubelles qu’ils enflamment et se dirigent vers le centre ville. Par notre journaliste David Darloy.
Des militants de la CGT tiennent une pancarte indiquant «La démocratie, pas le 49.3» à l’occasion d’une manifestation ce 28 mars à Nice.
Sur le viaduc de Millau, «en soutien aux caisses de grève, vous ne payez pas le péage !» Aujourd’hui, ce sont dix euros économisés pour les voitures et jusqu’à 30 pour les camions. Au pied de la barrière, Magalie, sans emploi, tient la cagnotte : «Je mets à profit mon temps pour soutenir les copains qui ont déjà perdu, sept ou dix jours de paie.» Pour que le mouvement continue, les «copains devront tenir». Alors, dans ses mains, sa boite de conserve tinte de pièces mais aussi de billets. L’accueil des automobilistes est plutôt bon. Très rare sont ceux qui ne prennent pas la peine de baisser leur vitre. Il y a même des routiers internationaux qui, de leur cabine, lancent des «vive les travailleurs français !» L’action devait s’achever à midi. Les gendarmes laissent pour l’heure le rassemblement se poursuivre et se transformer peu à peu en un pique-nique au soleil. Par notre journaliste Grégoire Souchay.
Les députés Modem disent oui à la médiation voulue par l’intersyndicale. «C’est bien d’avoir une ou deux personnes pour essayer de retrouver le dialogue et avoir un certain recul», a reconnu Jean-Paul Mattei, président du groupe centriste, membre de la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale. Un léger soufflet au gouvernement, alors que son porte-parole, Olivier Véran, venait d’assurer ce lundi qu’il n’y avait «pas forcément besoin de médiation pour se parler».
A Lyon 3 aussi, l’extrême droite tente de déloger un blocage étudiant. «Aujourd’hui encore, des étudiant.e.s étaient attaqué.e.s par l’ED à Lyon 3», écrit le syndicat l’Alternative sur Twitter. Des propos corroborés par Raphaël Arnault, porte-parole du mouvement antifasciste La jeune garde : «Attaque fasciste ce matin vers 7h30 sur le blocus de Lyon 3 (faculté historique du GUD). Une vingtaine de fascistes arrivent en tentant de charger les étudiants. Manque de chance une équipe de la Jeune Garde n’était pas loin… Ils n’ont même pas atteint le blocus qu’une ligne de la Jeune Garde se met en place, rejoint par des étudiants. L’affrontement commence et les fascistes reculent jusqu’à la déroute totale, abandonnant même leur leader», relate-t-il sur Twitter. Cette attaque de l’extrême droite contre une action étudiante dans le cadre du mouvement social contre la réforme des retraites n’est pas la première. D’autres ont eu lieu à Besançon, Reims, Strasbourg, Tours et Paris ces dernières semaines, selon l’Alternative.
⚠️ Attaque fasciste ce matin vers 7h30 sur le blocus de Lyon 3 (faculté historique du GUD). Une vingtaine de fascistes (EX GI Rempart2Lyon + UNI) arrivent en tentant de charger les étudiants.
— Raphaël Arnault (@ArnaultRaphael) March 28, 2023
Manque de chance une équipe de la Jeune Garde n’était pas loin…
(Suite) ⬇️ pic.twitter.com/xjCMAAlozP
La mobilisation des profs continue de faiblir. D’après le ministère de l’Education, 8,37 % des enseignants sont en grève ce mardi (7,60 % dans le primaire et 9,13 % dans les collèges et lycée). Jeudi dernier, le ministère annonçait 21,41 % de grévistes. Ce taux était monté à près de 40 % en janvier. De son côté, le Snuipp-FSU, premier syndicat dans les écoles maternelles et élémentaires, estimait hier que 30 % des professeurs du primaire seraient en grève aujourd’hui.
Reportage
Gare de Lyon, des centaines de cheminots sur le voies en hommage à leur collègue éborgné. Un cortège, des fumigènes et des chants. En fin de matinée, plusieurs dizaines voire centaines de personnes ont envahi les voies de la gare de Lyon. Le trafic était toujours interrompu sur le RER D entre Paris Gare de Lyon et Villeneuve-Saint-Georges à 12h45, a annoncé la RATP, alors que la SNCF prévoit déjà des retards au départ et à l’arrivée de la Gare de Lyon. L’action vise symboliquement à rendre hommage au militant Sud-Rail qui a perdu l’usage d’un œil jeudi dernier pendant la manifestation à Paris. Le cortège converge d’ailleurs vers les ateliers de maintenance où ce dernier travaille. Jeudi, plusieurs centaines de manifestants avaient déjà envahi les voies de la gare de Lyon.
Plusieurs centaines de travailleur.euse.s envahissent les voies à Gares de Lyon, en soutien à leur camarade éborgné jeudi dernier
— Le Poing Levé Paris 1 (@PoingLeveP1) March 28, 2023
Solidarité face à la répression !#manifestation28mars #ReformeDesRetraites pic.twitter.com/pvfyVF8Al6
A Marseille, le cortège s’est mis en marche. Cette fois, les lycéens et étudiants, plus nombreux, sont largement remontés dans l’ordre des manifestants, pas si loin du camion de tête. «Et nous aussi, on va passer en force !», chantent-ils au rythme du tambourin. Caroline, 20 ans, a fait une provision de pancartes pour elle et ses copines de troisième année d’archi. La sienne, spéciale dédicace à Mbappé : «Moi tu me parles pas d’âge, y a pas wesh.» Jusqu’à présent, les étudiants en archi étaient mobilisés à coup de blocage d’amphi en réponse à la réforme de leur filière, qu’ils rejettent massivement. Le 49.3 a déclenché la convergence des luttes et cette semaine, Caroline a rejoint pour la première fois les cortèges. «Macron fait comme s’il était tout seul alors que 70 % de la population est contre la réforme, ce n’est pas possible», balaie-t-elle. Par notre journaliste Stéphanie Harounyan.
Les blocages devant les établissements scolaires se poursuivent, le ministère de l’Education recense 53 «incidents» ce matin. Des blocages de lycées et universités ont été rapportés ce matin dans de nombreuses villes, d’Avignon au Havre et de Lille à Marseille. Le ministère de l’Education a recensé 53 «incidents» devant des établissements scolaires ce matin : 14 blocages, 27 blocages filtrants, 7 tentatives de blocages et 5 autres formes de perturbations aussi bien dans des universités que des lycées et collèges. Des premiers chiffres un peu plus faibles que ceux de jeudi dernier : au neuvième jour de mobilisation, le ministère avait recensé 78 incidents en début de matinée - le chiffre avait ensuite été réévalué à 148. Les renseignements anticipent «une présence des jeunes nettement plus importante» dans les cortèges, «un doublement voire un triplement» de leur nombre par rapport aux précédentes mobilisations.
Des manifestants sont rassemblés devant la sous-préfecture de Valenciennes, dans le Nord de la France, pour protester contre la réforme des retraites, le 28 mars.
Dans le cortège à Rouen, l’émotion est toujours vive après la blessure à la main d’une AESH par les policiers jeudi dernier. A Rouen, trente minutes après le départ de la manifestation, le cortège a traversé la Seine et arrive maintenant devant le théâtre des Arts, en bas de la rue Jeanne d’Arc. «La charge était juste là», témoigne Mélanie, prof de français au collège Jean Lecanuet, qui travaille aux côtés de Doris, AESH blessée à la main lors de la dernière mobilisation, qu’elle décrit comme «pacifiste, douce, et très protectrice avec ses élèves». Le cortège marque l’arrêt. Stéphanie et Lucile, toutes deux AESH comme Doris, sont venues aujourd’hui spécialement pour apporter leur soutien à leur collègue. «Elle exerçait simplement son droit de manifester. On n’aurait jamais pu penser que ça arrive à l’une d’entre nous. On est encore sous le choc et dans la sidération.» Après avoir appelé par des chants à faire la lumière sur ce qui est arrivé à la mère de famille de 49 ans jeudi dernier, le cortège redémarre. Par notre journaliste David Darloy.
Retraites : la gauche accuse Macron de «jouer le pourrissement». La gauche, par la voix de plusieurs de ses ténors, a accusé mardi Emmanuel Macron de «jouer le pourrissement» du mouvement social contre la réforme des retraites, soulignant qu’il s’agit d’un «jeu extrêmement dangereux avec la démocratie». «C’est une ficelle un peu grosse quand même que d’avoir un président de la République qui joue le pourrissement, qui n’écoute pas, qui est méprisant, qui suscite de la colère, une colère incontrôlable, une colère que je ne cautionne pas», a dénoncé sur Europe 1 le patron du PCF Fabien Roussel. Selon lui, Emmanuel Macron «joue l’opinion contre les syndicats» et il y a «une volonté de la part du président de la République de radicaliser le mouvement, de susciter la colère».
Au lycée Monet, dans le XIIIe arrondissement de Paris. Perché sur une poubelle, Clovis, 17 ans, se réjouit de ce deuxième blocus réussi depuis la semaine dernière : «le 49.3 a clairement envenimé les choses. Les lycéens qui ne se sentaient pas concernés par ce qu’il se passait jusque-là se disent maintenant que le gouvernement est allé trop loin dans le non-respect de la démocratie», résume cet élève de première, un pin’s «Macron dégage» accroché sur la veste. La plupart des terminales ont aussi passé leurs épreuves de spécialité du bac et ont envie de participer au mouvement, raconte Rose, 17 ans, qui se dit «horrifiée par ce gouvernement qui veut nous manipuler». «Le but c’est surtout d’aller à la manif tous ensemble, précise Virgil, 17 ans, qui déborde de bijoux autour du cou. Si la jeunesse s’y met, on peut faire plier le gouvernement. Même s’il n’en a rien à foutre de nous. On a du pouvoir. On est le monde de demain et on ne veut pas passer notre vie à bosser.» A ses côtés, Raphaël opine : «Ça va être compliqué de faire plier le gouvernement mais on va tout faire pour y arriver sans que ce soit le chaos. On veut choisir dans quelle société on veut vivre et ce n’est pas celle présentée par Macron.» Par notre journaliste Cécile Bourgneuf.
A Montpellier, la place Zeus accueille le courroux du cortège. Les rangs des jeunes sont déjà denses dans cette ville de l’Hérault. Garence, 19 ans, étudiante en psychologie, tient fermement sa banderole : «Précarité étudiante /On a faim». Elle raconte avoir fait toutes les manifestations contre cette réforme. «J’ai calculé qu’avec mon master, je serai à la retraite à 67 ans ! Au début, dit-elle, les jeunes s’impliquaient peu dans le mouvement. Mais depuis le 49.3, la mobilisation est nettement plus massive : les étudiants se sentent aujourd’hui concernés par la violence du gouvernement.» Par notre journaliste Sarah Finger.
De nouveaux blocages sur les routes. Vers 8h, le périphérique de Rennes était congestionné avec «six points de blocage» et les pompiers sont intervenus sur un feu, selon les informations de la préfecture d’Ille-et-Vilaine. Des problèmes de circulation rencontrés également à Nantes, où s’étendent «plusieurs kilomètres de bouchons». A Caen, la route est «coupée dans les deux sens», selon l’application routière Bison Futé.
Le gouvernement se pose en «rempart contre la violence illégitime». «Nous respectons les grèves et manifestations mais restons vigilants aux nouveaux débordements, a souligné le porte-parole du gouvernement à l’issue du conseil des ministres. Nous sommes et resterons le rempart à la violence illégitime et dangereuse», estime Olivier Véran, qui, à l’instar d’Emmanuel Macron, a dénoncé «la sape des institutions» et «la fragilisation de la République» nourrie par l’extrême gauche selon l’exécutif.
Olivier Véran veut bien discuter… des décrets d’application mais pas de la réforme. Tout en circonvolutions, le porte-parole du gouvernement n’a ouvert la porte qu’à une discussion «sur les décrets d’application», soit les modalités de mise en œuvre de la loi, et non sur le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans. «La loi a vocation a s’appliquer au mois de septembre», a-t-il affirmé.
Une «médiation» ? Oui mais non, répond le gouvernement. A la sortie du conseil des ministres, Olivier Véran a semblé adresser une fin de non recevoir à l’intersyndicale, qui s’est entendue pour réclamer à l’exécutif une suspension de la réforme et une médiation entre les parties prenantes. «On n’a pas forcément besoin de médiation pour se parler, on peut se parler directement», a répliqué le porte-parole du gouvernement.
Par sécurité, la DGAC demande de nouvelles annulations de vols à Orly. La Direction générale de l’aviation civile a une nouvelle fois demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une partie de leurs vols jeudi et vendredi, notamment à Paris-Orly, en raison de la grève de contrôleurs aériens contre la réforme des retraites. Ces mesures préventives, exigées par la DGAC pour les onzième et douzième journées consécutives, concerneront jeudi 20 % des mouvements à Orly, Marseille et Toulouse, et vendredi 25 % des vols à Orly ainsi que 20 % de ceux de Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes, a précisé l’administration dans un communiqué.
#Perturbations | Mouvement social national interprofessionnel des 30 et 31 mars 2023. pic.twitter.com/hXHDPPIK3n
— Direction générale de l'aviation civile 🇫🇷🇪🇺 (@DGAC) March 28, 2023
Au lycée Monet, dans le XIIIe arrondissement de Paris. Le blocus est rondement mené. Amas de poubelles, barrières de chantier et vélos électriques viennent barrer l’entrée de l’établissement devant lequel le proviseur garde un œil sur les troupes. Seuls les collégiens et les terminales qui passent ce mardi leurs spécialités art plastiques peuvent entrer. Ce n’est pas le cas d’un lycéen qui rumine et finit par escalader brusquement les poubelles. Hué par la centaine de bloqueurs, il leur répond par un doigt d’honneur avant d’aller en cours. Face à lui, plusieurs pancartes ont été plantées sur les grilles de l’entrée : «On a dit retraités, pas condamnés», «Caca, Pipi, Talisme». Par notre journaliste Cécile Bourgneuf.
A Nantes, ce mardi 28 mars, des manifestants opposés à la réforme des retraites défilent avec la pancarte «La police mutile, on pardonne pas !»
Sur le viaduc de Millau, «Nous aussi, on sait passer en force !». Le slogan du jour retentit au milieu des casseroles et des klaxons alors que plusieurs centaines de militants lèvent les barrières du péage du viaduc de Millau. A 39 ans, Gilles, qui travaille dans la maintenance industrielle, est venu pour «en faire un peu plus» que les manifestations «qui n’ont rien donné sans se mettre à dos» une partie de la population qui ne se retrouve pas dans des actions plus fortes. La quasi totalité des camions donne du klaxon en encourageant la foule : «Le viaduc il est à qui ? Il est à nous !» Par notre journaliste Grégoire Souchay.
La médiation pour sortir de la crise, une piste envisagée par LFI. Mathilde Panot, la députée et présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, a rejoint l’appel de l’intersyndicale : «Il faut sortir par le haut de cette situation. La proposition de médiation de Laurent Berger peut être une piste. Il faut une issue politique», a-t-elle déclaré au cours d’une conférence de presse du groupe parlementaire FI.
🏛 En conférence de presse de notre groupe parlementaire @FiAssemblee, je suis revenu sur les responsabilités politiques de #Darmanin et #Macron concernant l'échec dramatique du maintien de l'ordre : des #BRAV_M à #SainteSoline.#DirectAN
— Ugo Bernalicis φ ⚽️ (@Ugobernalicis) March 28, 2023
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A Rouen, «Justice pour Doris». 10h30 ce matin à Rouen pour la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. La situation de Doris, Accompagnante des élèves en situation de handicap (AESH) de 49 ans, qui a perdu un doigt lors d’échauffourées avec les forces de l’ordre lors de la dernière mobilisation jeudi, est de toutes les conversations. A l’heure du départ du cortège, ses collègues, ainsi qu’une quinzaine d’élèves de troisième du collège Jean Lecanuet, ont pris les devants de la manifestation pour lui rendre hommage. Lundi, le parquet de Rouen a annoncé saisir l’inspection générale de la police nationale pour enquêter sur les circonstances de cette blessure qui aurait été causée par «l’explosion d’une grenade lacrymogène», selon le procureur de la République à Rouen. «Doris est douce, humble, pacifiste. On a eu des nouvelles ce matin, elle a mal mais elle va bien. Toute cette mobilisation lui fait chaud au cœur», raconte Valérie, agente d’accueil dans le même collège que Doris. Des badges ont été confectionnés et sont vendus à prix libres aux manifestants. L’argent récolté sera reversé à la mère de famille. Par notre journaliste David Darloy.
L’intersyndicale va écrire au gouvernement pour proposer de «suspendre» le projet et lancer une «médiation». L’intersyndicale tient bon. «Comme on l’a décidé en intersyndicale, on a proposé une nouvelle fois au gouvernement et surtout au président de la République de suspendre son projet et de nommer une médiation», a confirmé Philippe Martinez, secrétaire général sortant de la CGT, interrogé par des journalistes avant de participer à la manifestation à Clermont-Ferrand, où se tient le congrès de la CGT. «Comme dans tout conflit social dans les entreprises, quand il y a un conflit qui dure, eh bien on essaye de trouver une solution sur des sujets qui sont plus que jamais d’actualité : la pénibilité, le travail», a développé Martinez, qui doit être remplacé à la fin de la semaine à la tête de l’organisation. Cette proposition de suspension va être transmise par écrit au gouvernement.
Devant un lycée bloqué à Marseille : «Le gouvernement ne se cache même plus de s’en foutre de nous.» 10h, devant le lycée Thiers de Marseille. Devant la barricade de compet, avec conteneurs à poubelles (pleins, forcement), des barrières de chantier et quelques trottinettes et vélos en libre-service, un groupe d’élèves s’ambiance : «Est-ce que tu peux me réciter les présidents de la République par ordre décroissant ?», demande Cameron à son voisin, qui s’exécute. Il faut bien s’occuper : certains, comme Cameron et Angelo, sont devant l’établissement depuis 6h30 ce matin. Avec plusieurs jours de blocage à leur actif, les deux élèves de seconde ont acquis un certain savoir faire : «Et en plus, maintenant, les militants de la CGT viennent nous aider !», se réjouit Cameron. Ce ne sont pas les seuls renforts : ce matin, lorsqu’ils sont arrivés pour monter les barrières, il y avait plus de bras que d’habitude. «Au début, on n’était que nous deux, assure Angelo. Là on était quinze. Clairement, le 49.3, mais aussi les violences policières, ont permis d’élargir la mobilisation. Les gens commencent à comprendre parce que le gouvernement ne se cache même plus de s’en foutre de nous.» La manifestation marseillaise doit démarrer vers 10h30, les lycéens se mettent en route pour rejoindre le Vieux-Port voisin. Par notre journaliste Stéphanie Harounyan.
A Montpellier, dans le campus bloqué. Gautier, 19 ans, étudiant en sociologie, est arrivé le premier, «à 6 h du mat’». Adam, 20 ans, inscrit en droit, l’a rejoint. Puis les filles… A présent, ils sont cinq à grelotter sur un canapé de fortune, traîné jusque devant les portes barricadées de Saint-Charles. Ce site universitaire dédié à la recherche est bloqué par les étudiants depuis lundi. Il dépend de la fac de lettres de Montpellier, elle-même fermée «préventivement» par la direction avant d’être officiellement bloquée depuis le 8 mars. «On est mobilisés contre cette réforme depuis le début, explique Esther, 22 ans. On n’a même pas encore commencé notre vie active qu’on apprend qu’on doit travailler jusqu’à 64 ans. Ça fait peur !» Par notre journaliste Sarah Finger.
Une «journée portes ouvertes» au viaduc de Millau. L’appel a été lancé il y a une semaine, au cours de la dernière manifestation, à Rodez : rendez-vous ce mardi à 10h30 aux barrières du Viaduc de Millau, pour une opération péage gratuit. Une action similaire avait déjà été tentée le 8 mars dernier mais s’était mal terminée après l’intervention des gendarmes sur place, avec notamment un militant blessé par traumatisme crânien envoyé aux urgences - rétabli depuis. Pour cette nouvelle tentative, qui s’annonce beaucoup plus massive avec des renforts de Rodez et de Mende notamment, le dispositif policier a lui aussi été renforcé pour contrôler tous les accès. Hier, le préfet a d’ores et déjà prévenu que les forces de l’ordre mettraient en œuvre «tous les constats nécessaires pour permettre aux autorités judiciaires de donner ultérieurement les suites appropriées aux infractions et aux délits». Par notre journaliste Grégoire Souchay.
Reportage
Violences policières : les vidéos et témoignages qui mettent en cause les Brav-M. Elle est au centre de la polémique sur les violences policières. Depuis le début du mouvement de contestation contre la réforme des retraites, la Brav-M (Brigade de répression de l’action violente motorisée) est impliquée dans plusieurs scènes de violences documentées à l’égard des manifestants à Paris. Constituée par des membres de compagnies d’intervention qui opèrent en maintien de l’ordre, à moto et en binôme, certains appellent même au démantèlement de cette brigade. Libé fait le point sur les documents mettant en cause la Brav-M.
Devant le lycée Jean Macé à Vitry-sur-Seine : «On veut réveiller la jeunesse et faire plier Macron.» «Allez là ! Mais non, vous ne passez pas !» Une quinzaine de jeunes bloquent ce mardi matin le lycée Jean Macé à Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne. Ça se serre les coudes pour former une chaîne humaine devant l’une des entrées de l’établissement. Seuls les terminales qui passent leurs épreuves de TP en physique chimie peuvent passer, à condition de montrer leur convocation ou carte de lycée. Une élève de première tente discrètement une embardée, aussitôt stoppée par Dilan, 16 ans : «Tu sais très bien pourquoi on est là. Personne n’ira en cours de toute façon.» La lycéenne est debout depuis 5h30 pour former un Tetris de poubelles devant le lycée : «Il y en a toujours qui essaient de passer mais nous on veut réveiller la jeunesse et faire plier Macron.» C’est aussi tout ce que souhaitent les syndicats, la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (Fidl) et la Voix lycéenne qui ont décidé de mettre en place «une organisation commune, parce que la journée est particulièrement décisive. Les renseignements généraux ont annoncé trois fois plus de jeunes mobilisés pour ce mardi. On va faire péter le score», avance Hudayfa Bouafi, de la Voix lycéenne, venue de Chelles pour prêter main forte au blocus. «On ne veut rien lâcher, on peut faire changer les choses avec la pression populaire. C’est nous qui allons bientôt faire tourner le pays et on ne veut pas de cette réforme là !», lance Louison, 18 ans. Mais à 8h50, douche froide pour les jeunes mobilisés. La direction a ouvert les portes à l’arrière. Mouvement de flottement. On fait quoi ? Pendant ce temps, le principal enlève déjà les poubelles. Par notre journaliste Cécile Bourgneuf.
Tribune
Nuñez invite la Défenseuse des droits dans la salle de commandement de la préfecture de police de Paris. Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a invité mardi la Défenseuse des droits dans la salle de commandement de la préfecture de police de Paris afin qu’elle puisse «constater» de quelle manière les forces de l’ordre interviennent, lors de cette dixième journée de mobilisation. Invité de France Inter, le préfet de police a fait valoir qu’ainsi Claire Hédon verrait «que j’engage la force quand des individus tout grimés, tout en noir commencent à casser des commerces». «Nous intervenons avec beaucoup de proportion», a-t-il insisté. Sur les différentes demandes de dissolution de la Brav-M, Laurent Nuñez a répété que ce n’était «pas à l’ordre du jour».
Récit
Laurent Berger souhaite un processus de médiation. Le secrétaire général de la CFDT a déclaré ce matin sur France Inter qu’«il faut prendre un mois, un mois et demi pour demander à une, deux ou trois personnes de faire de la médiation ou de la conciliation, d’aller voir les différentes parties […] Ensuite, on se met autour de la table et on regarde […] sur quoi il peut y avoir ou pas un compromis social». Il a également réitéré son appel pour mettre «sur pause la mesure des 64 ans».
Retraites : Macron et Borne en quête d’issues de recours. Un jour sans fin, au sommet de l’Etat comme dans la rue. A la veille de la dixième journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, les berlines ont tourné en rond lundi 27 mars dans la cour de l’Elysée, opportunément ouverte aux caméras pour l’occasion. Décidé à ne rien lâcher sur sa réforme, Emmanuel Macron ne veut pas donner l’image d’un exécutif claquemuré. Il a longuement reçu sa Première ministre et les dirigeants de sa majorité pour marquer le départ de trois semaines de réunionite entre l’exécutif, les partis d’opposition et les partenaires sociaux. «Il faut continuer à tendre la main aux forces syndicales», a-t-il intimé, selon des propos rapportés. Lire notre article.
Grève au Louvre : «Ce mouvement contre les retraites est en train d’écrire l’histoire». Ce lundi, une action menée par près de 300 grévistes à l’appel de SUD Culture et de la CGT a entraîné la fermeture totale du Louvre, le musée le plus visité au monde. Un coup symbolique mais aussi une preuve que le secteur de la culture participe pleinement à la mobilisation. Notre reportage.
La popularité de Macron en forte chute, selon un sondage. D’après les résultats d’un baromètre Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale, la popularité d’Emmanuel Macron est en très nette baisse sur un mois. Seulement 30 % des sondés estiment qu’il fait un «bon président de la République» (- 6 points). La proportion de personnes validant l’action du chef de l’Etat descend assez logiquement à gauche. Il est également en recul dans son propre camp avec 89 % des sympathisants Renaissance qui approuvent son action (- 3 points), mais connaît un rebond chez les partisans LR, avec 51 % d’approbation, en hausse de 12 points sur un mois. La Première ministre Elisabeth Borne n’a pas la côte non plus : elle se situe à un niveau très bas d’approbation (28 %), mais sa chute est moins prononcée (- 1 point sur un mois).
C’est quand qu’on va où ? Paris, Marseille, Lyon… Retrouvez les points de départ et d’arrivée des manifs dans les plus grandes villes du pays pour la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites dans notre article dédié.