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Réforme des retraites : la prochaine journée de mobilisation annoncée le jeudi 13 avril, veille de décision du Conseil constitutionnel

Au lendemain de leur bref rendez-vous à Matignon, les leaders syndicaux appellent à une mobilisation «massive» contre la réforme des retraites. Des cortèges ont défilé dans toute la France.

Paris, le 6 avril 2023. Dans le cortège de la manifestation, entre les Invalides et la place d’Italie, pour la 11e journée de mobilisation contre le projet de réforme des retraites. (Denis Allard/Libération)
Publié le 06/04/2023 à 8h07, mis à jour le 06/04/2023 à 21h24

En résumé :

- Au moins 570 000 de personnes, selon le ministère de l’Intérieur, deux millions, selon les syndicats, ont défilé ce jeudi.

- A Paris, la préfecture a compté 57 000 personnes dans les rues, 400 000 manifestants pour les syndicats. Des chiffres en nette baisse par rapport à la semaine dernière.

- La prochaine journée de mobilisation a déjà été annoncée par l’intersyndicale : ce sera le jeudi 13 avril. A la veille donc de la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites.

Le 06/04 à 21H18

Strasbourg: CGT et députés dénoncent des violences policières. La CGT du Bas-Rhin et deux députés de Strasbourg ont dénoncé des violences policières lors de la manifestation contre la réforme des retraites jeudi. «Le service d’ordre intersyndical a été violemment et délibérément agressé par la police», a affirmé dans un communiqué Laurent Feisthauer, responsable de la CGT 67. «Alors que la manifestation était loin d’être finie, nous avons déroulé un cordon de service d’ordre pour éviter que la manif ne soit mise en danger. La police nous a alors chargé. Aspergé de lacrymogène. Puis grenade lacrymogène. Et nous a frappé à coup de matraque et de bouclier», a-t-il relaté. Sollicitée par l’AFP, la préfecture du Bas-Rhin n’a pas commenté ce courrier et a indiqué que douze policiers ont été blessés et cinq personnes ont été interpellées lors de la manifestation de jeudi.

Le 06/04 à 21H14

Place d’Italie, vue du bar.

« RG? T’es des RG, c’est ca?

- Euh non, je suis journaliste à Libération

- Connais pas.»

Philippe Bourgeois, 61 ans, offre un verre au Bomby’s cafe. Lui en est à son «troisième Ricard, peut-être quatre». Il a raté une seule manif depuis le début du mouvement: «Avec cette réforme, j’en prends pour six mois de plus. J’ai mes trimestres depuis un an mais je suis obligé de continuer car je n’avais pas assez de retraite». Il explique que dans les années 80, il gagnait pourtant bien sa vie dans le bâtiment, dans les 10 -12 000 francs par mois. «Avec la vie de l’époque, j’étais bien». Un accident de chantier lui a flingué les genoux. «Je suis tombé d’un échafaudage, six opérations. C’était fini pour moi». Depuis, il bosse pour un sous-traitant d’EDF, dans le chauffage et la clim. Un peu moins de 2000 euros par mois en fin de carrière. «Je n’aurais que 1 500 euros de pension. C’est malheureux de le dire car je ne suis pas pour les casseurs, mais c’est le seul moyen d’avancer. Ce n’est pas en restant sagement assis comme ça au bar que quelque chose va changer». A travers la baie vitrée, il regarde la place d’Italie, redevenue calme. «Les gens sont trop gentils, regardez moi ça. on en avance pas». Par Marie Piquemal.

Le 06/04 à 21H01

Pour Besancenot, Macron est «pyromane». Sur le plateau de BFMTV, le porte-parole du NPA attaque le Président. «Il y a une expression qui ne me parle pas pour Macron c’est ‘le pompier pyromane’. Mais d’où il est pompier ? Il est pyromane.» Selon lui, Emmanuel Macron «allume et puis après il dit aux autres ‘allez éteindre’». Inspiré sur les comparaisons, il surenchérit : «C’est comme dans les cours d’école. Il y en a comme ça c’est des spécialistes. Genre celui qui veut toujours se bagarrer, qui dit toujours à ses potes ‘Non retiens moi’. Faut qu’il assume, c’est sa responsabilité».

Le 06/04 à 20H52

La place d’Italie s’est vidée, quasi en entier. Il reste juste un coin d’agitation autour d’une bouche de métro. En sortent des chants de stade (genre «on est des champions, on est des champions»).Et quelques confetti blancs au sol. Les CRS, eux, sont toujours là en nombre aux quatre coins. Leurs camions, les warning bleu, remplissent peu à peu la place. Par Marie Piquemal.

Le 06/04 à 20H51

Pour l’intersyndicale, l’exécutif «porte seul la responsabilité d’une situation explosive». L’intersyndicale menaçait depuis plusieurs communiqués d’une «situation sociale explosive» si le gouvernement persistait à ne pas retirer son projet de réforme des retraites. Nous y sommes, à en croire son communiqué publié ce jeudi soir, à l’issue de la onzième journée de mobilisation. A Emmanuel Macron et plusieurs de ses ministres qui nient l’existence d’une «crise démocratique», les huit organisations de salariés et cinq de jeunesse coalisées répondent au contraire que l’expression peut qualifier «ce climat de fortes tensions», et que «l’exécutif s’arc-boute et porte seul la responsabilité d’une situation explosive dans l’ensemble du pays». Constat dressé au lendemain d’une rencontre à Matignon au cours de laquelle le gouvernement a fait montre «d’un déni et d’un mépris total du rejet massif» du texte dans le pays, écrit l’intersyndicale. Par Frantz Durupt.

Le 06/04 à 20H32

Manif avant contrôle. La terrasse du Bomby’s Cafe, à l’angle de la rue Godefroy et la place d’Italie, tape dans l’oeil. Les tables extérieures ont été enlevées, il reste juste le plancher en bois qui fait office de mirador de fin de manif. Quasi côte à côte : une rangée de CRS, les visières baissées et des manifestants passés en mode happy hours. Une dame, les cheveux courts couleur carotte, est partie dans une tirade sur la casse de l’hôpital public. A l’intérieur, un homme s’énerve contre l’«utilisation massive des cartes bleues». Au milieu du brouhaha, deux jeunes filles, 16 ans, cahier à grands carreaux et trousse sur la table. Elles n’ont pas envie que l’on mentionne leur prénom, elles se méfient : «Ecrivez Lola, ça ira». Ce matin, elles ont participé au blocage de leur lycée, fait un bout de cortège, «mais bon on a quand même des obligations scolaires. Du coup, vu qu’on est bloqué, on travaille d’ici». Demain, elles ont un contrôle de sciences économiques et sociales. «Déviance et délinquance, c’est le thème du chapitre à réviser. C’est drôle, non ?» C’est une évaluation d’une heure, qui compte pour la note du bac. Par Marie Piquemal.

Le 06/04 à 20H17

Une centaine d’interpellations. Au total de 111 personnes ont été interpellées ce jeudi en France lors de la 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites et 154 policiers et gendarmes blessés, «certains gravement», selon un bilan provisoire tweeté par Gérald Darmanin.

Le 06/04 à 20H04

A 80 ans à Paris, on fait encore les fins de manifs. 19h45, place d’Italie, on tombe sur Roger, 80 ans tout rond, adossé à une petite rembarde. Il porte un foulard en soie noir et blanc et une chemise en jean. Il a l’accent de Castelsarrasin, mais vit a Paris depuis la fin du service militaire. Il a fait sa carrière dans l’industrie automobile puis le chauffage urbain. «La retraite, je l’ai eue à 60 ans. J’ai de la chance, j’ai pas attendu. Je manifeste pour ceux qui viennent après, c’est normal. Comme d’autres avaient manifesté pour moi à l’époque.» Il reste un peu ce soir pour regarder comment les choses tournent. La police est-elle plus violente qu’avant ? «Oui et non. Quand on repense a Charonne, à la fin de la guerre d’Algérie. Onze morts de mémoire. Ils balançaient les grilles en fer sur les gens dans les escaliers du metro.» Un melange de petards et de la lacrymo embrument la place, les jeunes s’étouffent, Roger traverse la place sans tousser une fois. Par Marie Piquemal.

Le 06/04 à 19H54

A Paris, 77 blessés chez les forces de l’ordre. Selon le bilan provisoire de la préfecture de police, parmi les forces de l’ordre mobilisées à Paris, 77 ont été blessés. 13 ont dû être transportées à l’hôpital.

Le 06/04 à 19H46

A Paris, c’est «clairement la manif la plus violente». La place d’Italie est toujours encerclée par les forces de l’ordre. Au milieu, essentiellement des jeunes. Chiara, avec son maquillage noir et ses deux tresses, tombe sur des connaissances. Grandes embrassades. «Je te présente June (1) et Will. Des potes de soirees techno.» June a un «flash» (une petite bouteille d’alcool) vide à la main. Conseil de Chiara: «Ne la jette pas. Donne-le à un Black bloc.» La discussion part sur les vies des uns, des autres. June: «Je travaille pour le comble du capitalisme en ce moment.» «Ah ouais?» «Je suis chez Zara, je suis en formation dans le “merch”. On doit mettre de la beauté dans le magasin pour attirer les clients.» C’est sa troisième manif contre les retraites, «clairement la plus violente». «Y’a moyen que je reste ce soir, ça va dépendre si les potes restent.» Son ami Will, un vrai trombone rose dans l’oreille: «Le but, c’est d‘épuiser les CRS au maximum.» (1) Le prénom a été changé, à sa demande, inquiet que son employeur ne l’identifie.

Le 06/04 à 19H37

Rendez-vous dans une semaine. Réunie au siège de FO, l’intersyndicale annonce une nouvelle date de mobilisation la semaine prochaine, le jeudi 13 avril, veille de deux décisions très attendues du Conseil constitutionnel : celle sur la réforme elle-même, et celle sur la recevabilité du référendum d’initiative partagée demandé par la gauche pour permettre aux électeurs de trancher. Le 14, l’intersyndicale «soutient toutes les actions et initiatives intersyndicales (...) pour gagner le retrait», selon son communiqué. Autrement dit, il n’y aura pas d’appel national, mais au niveau local, les syndicats sont invités à se mobiliser ce jour-là. Pour peser sur le conseil constitutionnel ? Non, «pour demander au président de ne pas promulguer la loi», précise un membre de l’intersyndicale. Par Frantz Durupt.

Le 06/04 à 19H23

A Paris, des lunettes «hyper efficaces» contre les gaz lacrymogènes. Philippe, qui prepare un doctorat en informatique, est super content de ses lunettes piscines. «Hyper efficace, n’empêche. J’ai pas souffert de la lacrymo, je conseille.» Le 15 mars, son grand frère, pompier réserviste à Paris, s’est fait arrêter par la police lors de la manifestation alors qu’il marchait avec son meilleur ami dans le cortège. Philippe montre une video : on le voit se faire matraquer. «Quand on l’a récupéré 62 heures après, il avait une flaque de sang séchée sur sa capuche. L’echo a été fort dans notre famille. Surtout ma mere, qui est brésilienne. Nos proches ont vécu la dictature au Brésil, l’une de mes tantes a été torturée. Donc, bon, meme si ce n est pas exactement pareil, ça a réveillé des traumas.» Il trouve que c’est d’une «hypocrisie totale» de dénoncer les repressions des manifestants dans d’autres pays, et d’«être aveugle des violences des CRS dans notre pays». Il nous plante là pour une pause messe. Ce 6 avril, c’est jeudi saint et son ami, Olivier, organiste, joue dans l’église d’à coté. Par Marie Piquemal.

Le 06/04 à 19H09

Pour le ministère de l’Intérieur, une mobilisation en baisse. Moins de monde dans les rues. D’après le ministère de l’Intérieur, 570 000 personnes ont manifesté ce jeudi, dont 57 000 à Paris. Les syndicats parlent eu de «près de deux millions de manifestants». Des chiffres inférieurs à la journée du 28 mars, avec 740 000 personnes mobilisées selon la place Beauvau et 93 000 dans la capitale.

Le 06/04 à 19H00

Dans le cortège toulousain. Par notre photographe Ulrich Lebeuf.

Le 06/04 à 18H51

Fin de la manif à Paris. Des black blocs, de noir vêtu, avec masques de surf sur le nez, bouteilles vides dans les mains, traversent d’un pas tranquille le rond point-pelouse de la place d’Italie, dans un sens, puis dans l’autre. Pendant ce temps, Chiara, Céleste et Lila font une petite story en mode «révolution». Chiara précise que son foulard est un carré Hermès, trouvé en friperie 40 euros. «Je suis preppy pour manifester. Stylée, quoi». A quelques mètres, le long du rond point, les CRS balancent de la lacrymo. Par Marie Piquemal.

Le 06/04 à 18H49

Un total de 57 000 personnes ont manifesté à Paris. Pour la 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, la préfecture de police indique que 57 000 personnes ont manifesté. Un chiffre de nouveau en baisse par rapport à la précédente mobilisation du 28 mars, où 93 000 personnes avaient défilé dans la capitale, toujours selon la préfecture de police. La CGT a de son côté recensé 400 000 manifestants contre 450 000 le 28 mars.

Le 06/04 à 18H14

Les cars de CRS font des créneaux avenue de Choisy, près de la place d’Italie, terminus de la manif parisienne. Le cortège arrive par petites grappes. Au centre, sur les bouts de pelouse, c’est pause goûter. Mirabelle, 34 ans, a fini le cortège à la hâte pour récupérer ses enfants à l’école. Ils sont à ses pieds, la tête dans leurs devoirs, sans prêter attention aux bruits du cortège. Elle regarde au loin, avec une pointe de déception : «Je m’attendais à plus d’ambiance et de mobilisation. Macron ne cèdera pas comme ça.» Tout près, posée avec une baffle crachant Luther, Chiara, 19 ans, et ses potes de manif - «Ce sont de super lieux de rencontre» - regrette de ne pas avoir acheté plus de chocolat. «A force, on a nos habitudes. Tablettes Milka, foulard pour la lacrymo, bouteille d’eau. Pas de sac à dos, sinon on te fouille. Et des vêtements qui couvrent bien les bras et les jambes.» Philippe, 23 ans : «C’est grave d’en arriver là mais bon, les policiers sont devenus si violents. Il faut filmer, c’est le premier reflexe à avoir. Dès que je vois un flic, je filme. Le plus longtemps possible.» Ils n’ont pas prévu leur soirée, «on restera si y a une suite. De l’ambiance, quoi». Par Marie Piquemal.

Le 06/04 à 17H56

A Dijon le cortège est arrivé place Wilson, fin du parcours. La foule se disperse peu à peu dans le calme. Adrien est assis au milieu de la route, rue Chabot Charny, une tulipe orange à la main, avec une quinzaine de militants d’Extinction Rebellion. Deux cent mètres plus loin, on aperçoit les CRS et leur dizaine de camion, qui pour l’instant, gardent leur distance. «D’habitude en fin de manif ici, on se fait tout le temps gazer, raconte le militant écologiste de 26 ans, doctorant en neurophysiologie. Là on s’assoit simplement pour montrer que s’ils décident de charger, ils le feront sur des gens pacifiques et immobiles.» Le jeune homme est agréablement surpris par la mobilisation des lycéens et étudiants ce jeudi. «Maintenant on espère que le Conseil constitutionnel retoquera la réforme le 16 avril. Si c’est pas le cas, on retournera dans la rue. On lâchera pas.» Par Julie Renson Miquel.

Le 06/04 à 17H45

A Paris, des heurts entre policiers et manifestants. Par notre photographe Denis Allard.

Le 06/04 à 17H25

Vu du cortège parisien.