Après des mois de consultations – plus ou moins stériles –, de suppositions et de contestations, voici le jour de la présentation. Elisabeth Borne, la Première ministre, a dévoilé en détail ce mardi son projet pour l’avenir du système des retraites, «mère des réformes» du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Après une première mouture abandonnée pour cause de pandémie en 2020, la deuxième version du projet devrait être remaniée pour permettre son adoption sans majorité macroniste à l’Assemblée nationale.
Ce qu’il faut retenir
- Il faudra avoir cotisé 43 ans dès 2035 pour une retraite à taux plein. L’âge légal de départ atteindra 64 ans en 2030. Le gouvernement évoque un dispositif «adapté» pour les carrières longues.
Mode d'emploi
- Les huit principaux syndicats français se sont déjà donné rendez-vous ce mardi soir pour une réunion qui décidera d’une première date de grève et de manifestation pour protester contre la réforme des retraites. Ce front syndical inédit depuis une décennie envisage deux dates pour lancer la mobilisation : le 19 ou le 24 janvier.
- Améliorer l’emploi des seniors, mettre à contribution les entreprises, payer à égalité femmes et hommes… Une autre réforme est possible. Libé passe en revue ces solutions.
La retraite à 64 ans, par @Cocoboer ✏️ pic.twitter.com/CPUVIApH0G
— Libération (@libe) January 10, 2023
Retraites, climat : non à l’autoritarisme, oui au consensus citoyen. Plutôt que de balayer les critiques de l’opinion de manière infantilisante, voire dédaigneuse, l’exécutif devrait s’attacher à préserver la justice sociale et l’intérêt général, seules boussoles légitimes. Sur bien des sujets, l’objective complexité des problématiques ne doit pas être un prétexte à une confiscation du débat par les seuls sachants. Si l’urgence climatique comme la réforme des retraites sont des thématiques dont il ne faut pas nier la technicité, il est navrant que celle-ci serve à disqualifier, au son du «c’est plus compliqué que ça», la parole de ceux qui n’en maîtrisent pas toutes les subtilités. Lire le billet de Jonathan Bouchet-Petersen.
Réforme des retraites : osons le gros mot «négociation». Quel est ce drôle de pays où le gouvernement tente d’imposer une réforme majeure pour les générations futures sans réel esprit de compromis ? Retrouvez-ici le billet de Thomas Legrand.
Les syndicats devraient pouvoir reconnaître des «avancées» selon Borne. La Première ministre assure que les syndicats pourront reconnaître des «avancées» dans le projet du gouvernement de réforme des retraites. C’est ce qu’a estimé Elisabeth Borne alors qu’elle était invitée ce mardi soir au journal de 20 heures de France 2. «Il y a des avancées, il y a des mesures de justice, il y a des progrès. Et donc je pense que les syndicats pourront sans doute le reconnaître ultérieurement», a martelé la Première ministre, qui venait de présenter en conférence de presse cette réforme. Elisabeth Borne a aussi assuré que le gouvernement avait «répondu à beaucoup des demandes qui avaient été formulées notamment par les Républicains», en citant la mesure d’âge et l’augmentation des petites pensions.
Borne sort l’âge de guerre. Report de l’âge de départ, carrières longues, pénibilité, régimes spéciaux...La Première ministre a détaillé cet après-midi son projet de réforme. Les syndicats ont répondu dans la foulée avec l’annonce d’une journée de mobilisation le 19 janvier. Voici l’édition de Libération du mercredi 11 janvier.
Retraite à 64 ans : Borne sort l'âge de guerre. C'est la une de @libe mercredi
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Pour Aurélien Pradié, «les Français qui commencent à travailler à 20 ans sont les perdants». «Pour ces Français qui ont débuté tôt, dès que la durée de cotisation est atteinte, la retraite doit être possible. Avant l’âge légal. Pour moi, c’est un impératif. Ferme», a déclaré le Secrétaire général des Républicains.
Dans les annonces d’Elisabeth Borne, les Français qui commencent à travailler à 20 ans sont les perdants.
— Aurélien Pradié (@AurelienPradie) January 10, 2023
Pour ces Français qui ont débuté tôt, dès que la durée de cotisation est atteinte, la retraite doit être possible. Avant l’âge légal.
Pour moi, c’est un impératif. Ferme.
Elisabeth Borne veut «rassurer». En «travaillant plus longtemps, on aura de meilleures retraites et on va revaloriser les petites pensions cette année auprès de 2 millions de Français», a déclaré la Première ministre invitée du 20 heures de France 2. «Notre objectif c’est l’équilibre du système de retraite en 2030», a-t-elle assuré. «Cet équilibre permet de répartir plus équitablement la contribution de chacun», rappelle Elisabeth Borne. «On a besoin de retrouver un équilibre de notre système de retraite. Pas dans cinq ans, pas dans dix ans. Maintenant», a également souligné la Première ministre.
Au meeting de la Nupes, on dénonce une réforme qui «nuit à la santé». Ce mardi, juste après la présentation des grandes lignes du projet du gouvernement, la gauche se retrouve à Paris pour un meeting lancé à la trompette. Malgré quelques dissensions sur la stratégie à adopter pour mener la bataille, toutes les composantes de la Nupes seront sur la scène de la salle Olympe de Gouges, dans le 11e arrondissement de Paris : François Ruffin et Mathilde Panot pour la France insoumise, Marine Tondelier pour les écolos, Boris Vallaud pour les socialistes et Fabien Roussel pour les communistes. A l’arrivée, devant les portes, huit musiciens accueillent le public. Voltuan, l’homme de toutes les manifs, les encourage en criant, son affiche «Le travail nuit à la santé après 60 ans» brandie des deux bras. «On va pas se laisser faire», crie-t-il. «Ça va chier», répond une jeune fille.
La commission des finances de l’Assemblée se saisit pour avis de la réforme. Le député LFI de Seine Saint-Denis et président de la commission des finances à l’Assemblée nationale rejette le diagnostic de la Première ministre. «Quelle est l’urgence de mettre le pays en division ? En tension ? Si ce n’est obéir aux exigences de la Commission européenne (...)», fustige le député. «Dès le 19, il faut faire en sorte que ce soit un succès très important, que tout démarre sur un haut niveau de mobilisation», affirme-t-il. Eric Coquerel rencontrera Laurent Berger demain mercredi afin d’apporter tout son «soutien» à cette journée de mobilisation : «On entame une bataille qui va durer un certain temps, jusqu’à la victoire, car je pense qu’on gagnera dans l’unité», estime-t-il. À sa demande, et en accord avec le bureau, la commission des Finances se saisira pour avis de la réforme des retraites. Une audition commune avec la commission des affaires sociales du Conseil d’orientation des retraites se tiendra jeudi 19 janvier à 13h30.
À ma demande, et en accord avec le bureau, la commission des Finances se saisira pour avis de la réforme des retraites.
— Eric Coquerel (@ericcoquerel) January 10, 2023
D’autre part toujours à ma demande, aura lieu une audition commune avec la commission des Affaires sociales du COR le jeudi 19/01 à 13h30. pic.twitter.com/wJgjaiz8ma
Pour les socialistes, la réforme, «c’est non». Les socialistes de l’Assemblée nationale se sont également opposés à la réforme des retraites présentée ce mardi et au report de l’âge légal à la retraite prévu à 64 ans. «Le gouvernement s’obstine à vouloir reculer l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Les socialistes s’opposeront à cette réforme brutale et injuste. 64 ans c’est non !», écrivent-ils sur Twitter.
Le gouvernement s’obstine à vouloir reculer l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans.
— Députés Socialistes et apparentés (@socialistesAN) January 10, 2023
Les @socialistesAN s'opposeront à cette réforme brutale et injuste.
64 ans c'est non ! pic.twitter.com/fEpJ2YNf5d
«Le 19 est un point de départ, pas un point d’arrivée». Tels sont les mots de Philippe Martinez. Le secrétaire général de la CGT s’est insurgé contre la réforme des retraites présentée ce mardi après-midi. Il appelle «à du monde dans les manifestations, du monde en grève et des salariés qui discutent en entreprise. Le 19 est un point de départ, pas un point d’arrivée». Interrogé sur le rapport de force insufflé par les organisation syndicales, il a répondu qu’«il était bien engagé». «On est déterminé», a-t-il conclu.
Ce sera le 19 janvier. Les huit syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires) réunis à la bourse du travail à Paris viennent d’annoncer à la presse la date de la première mobilisation interprofessionnelle contre le projet de réforme que le gouvernement vient tout juste de présenter. L’annonce en a été faite par Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. Dans leur communiqué, les huit syndicats dénoncent une réforme qui «va frapper de plein fouet l’ensemble des travailleurs et travailleuses, plus particulièrement celles et ceux qui ont commencé à travaillé tôt, les plus Precaires, et celles et ceux dont la pénibilité des métiers n’est pas reconnue».
Laurent Berger appelle l’ensemble des travailleurs à faire la grève et à manifester le jeudi 19 janvier. Les organisations syndicales réunies ce mardi soir n’ont pas tardé à réagir à l’annonce de la réforme des retraites. Pour Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, cette réforme vient pénaliser «l’ensemble de travailleurs et travailleuses, ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires, celles et ceux dont la pénibilité n’est pas reconnu. Cette réforme va renforcer les inégalités femmes hommes. Le système de retraite par répartition n’est pas en danger, rien ne justifie une réforme aussi brutale. Les organisation syndicales n’ont eu de ce se de proposer d’autres solutions de financement. Jamais le gouvernement arcbouté sur son projet ne les a étudiées sérieusement. Suite à l’annonce de la réforme gouvernementale toutes les organisations syndicales se sont réunies pour proposer une réponse commune de mobilisation interprofessionnelle. Celle ci prendra la forme d’une première journée de grève et de manif le 19 janvier 2023», a déclaré le patron de la CFDT.
La revalorisation des retraites après une carrière au Smic, ce sera 1200 euros net ou brut ? La Première ministre dit avoir «décidé d’intégrer» au projet «la revalorisation des pensions des retraités actuels ayant eu une carrière complète au niveau du Smic» (85 % du Smic, soit environ 1 200 euros par mois pour les futurs retraités). Mais parle-t-on de net ou de brut? Au ministère du Travail on précise qu’il s’agit bien de 85% du Smic net, mais que le montant de 1200 euros sera lui versé en brut. « S’y appliquent les contributions sociales classiques » précise-t-on rue de Grenelle. Y a pas de petites économies....
Sans surprise, le Medef est satisfait. Selon l’organisation patronale, le gouvernement a pris des «décisions responsables et pragmatiques», qui permettront de «préserver durablement l’équilibre du régime des retraites par répartition». Relèvement de l’âge légal, mesures timides sur la pénibilité, augmentation des petites pensions… le satisfecit est total, à l’exception d’une seule mesure : la création d’un «index seniors» pour mettre en avant les bonnes et mauvaises pratiques des entreprises, qui n’est pourtant pas très coercitif. «Si un outil de mesure devait néanmoins être prévu, il faudrait qu’il soit construit à partir d’indicateurs «maîtrisables» par les entreprises (taux d’accès à la formation, nombre de visites médicales de mi-carrière, etc.), dont les modalités seraient négociées par branche ou par entreprise», selon le mouvement patronal.
Olivier Besancenot sonne l’heure de la «riposte unitaire». Pour le porte-parole du NPA Olivier Besancenot, «la riposte unitaire, sociale et politique commence maintenant», a-t-il déclaré quelques minutes après l’annonce par Elisabeth Borne de la réforme des retraites. «Tout augmente sous Macron, les prix, les profits des grandes entreprises, et même l’âge légal de départ à la retraite… Tout sauf les salaires et les revenus ! La riposte unitaire, sociale et politique, commence maintenant !» a-t-il écrit sur Twitter.
#ReformeDesRetraites Tout augmente sous Macron, les prix, les profits des grandes entreprises, et même l’âge légal de départ à la retraite…Tout sauf les salaires et les revenus ! La riposte unitaire, sociale et politique, commence maintenant !
— Olivier Besancenot (@olbesancenot) January 10, 2023
Les gestes du gouvernement… envers Bayrou et LR : l’analyse de Libé. Outre les bornes d’âge (passage aux 64 ans plus progressif pour l’âge légal et celui, plus rapide, à 43 ans pour la durée de cotisation), Elisabeth Borne ouvre donc sa porte à la droite qui réclame les mêmes revalorisations pour les petites retraites. La Première ministre dit avoir «décidé d’intégrer» au projet «la revalorisation des pensions des retraités actuels ayant eu une carrière complète au niveau du Smic», sans pour autant préciser le montant final (85 % du Smic, soit environ 1 200 euros par mois pour les futurs retraités). Autre avancée, celle-ci en direction de son allié François Bayrou et le Modem qui réclamait un geste symbolique des entreprises avec une «contribution supplémentaire pour le financement de la retraite» par les employeurs en échange d’une baisse équivalente des cotisations «accidents du travail-des maladies professionnelles». Dernier geste significatif : la prise en compte des congés parentaux (aujourd’hui existe la possibilité de 4 trimestres par enfant au titre de l’éducation à se partager au sein du couple en plus des 4 trimestres par enfant pour les femmes au titre de la maternité).
«Non, notre régime de retraite n’est pas en danger». Tels sont les mots du député LFI du Val-de-Marne Louis Boyard. Pour lui, la «guerre sociale est déclarée» avant d’ajouter que «le gouvernement ment lorsqu’il affirme que cette réforme est nécessaire pour la survie de notre système».
🚨 La guerre sociale est déclarée : @Elisabeth_Borne vient d'annoncer la réforme des retraites. #StopRetraiteMacron
— Louis Boyard (@LouisBoyard) January 10, 2023
Pourquoi on a toutes et tous intérêt à la faire échouer. ⬇️
Olivier Marleix se dit «satisfait» sur l’essentiel. Le patron du groupe LR à l’Assemblée s’est exprimé depuis la salle des Quatre-Colonnes, se disant à plusieurs reprises «satisfait» des principales annonces d’Elisabeth Borne. Ainsi de la revalorisation des pensions pour tous les retraités, actuels ou futurs. Ou du rythme de la réforme, à savoir le report de l’âge de 62 à 64 ans à l’horizon 2030. «Il y a beaucoup d’autres dispositions qui méritent d’être discutées», ajoute-t-il, citant notamment le «dispositif» concernant les carrières longues évoquées par la Première ministre. Le député d’Eure-et-Loire «espère» également «que le débat aura lieu», alors que se profile un examen express du texte, du fait du véhicule législatif retenu – un PLFSSR.
«Justice», «progrès social», pour Clémentine Autain, Elisabeth Borne «vide les mots de leur sens». La députée LFI de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain n’a pas manqué de tacler la réforme énoncée ce mardi après-midi. «Borne vide les mots de leur sens pour défendre une contre-réforme aussi violente socialement qu’inutile financièrement. Avec cette charge, le gouvernement s’attaque aux droits de tous. Mobilisation générale pour le faire reculer !» a-t-elle écrit sur Twitter.
Paupérisation, augmentation du chômage, creusement des inégalités, casse de notre système retraites... tout ça pour 17,7 milliards d'euros.
— Clémentine Autain (@Clem_Autain) January 10, 2023
Je rappelle que les actionnaires ont touché 80 milliards d'euros en 2022.
"Tout ça pour ça"#StopRetraiteMacron
Marine Le Pen entend «faire barrage à une réforme injuste». «Après avoir été élu grâce à la gauche et à La France insoumise, Emmanuel Macron va tenter désormais, avec le soutien de LR, de faire passer la retraite à 64 ans. Les Français peuvent compter sur toute notre détermination pour faire barrage à cette réforme injuste», a avancé la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale.
Après avoir été élu grâce à la gauche et à la France insoumise, Emmanuel Macron va tenter désormais, avec le soutien de LR, de faire passer la retraite à 64 ans. Les Français peuvent compter sur toute notre détermination pour faire barrage à cette réforme injuste.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) January 10, 2023