En résumé :
- Après deux déplacements désastreux pour Emmanuel Macron, chahuté dans le Bas-Rhin puis dans l’Hérault, Elisabeth Borne prend le relais ce vendredi 21 avril dans l’Indre, à Valençay. Sur place, la Première ministre s’est s’engagée à diviser par deux d’ici à l’été le délai pour obtenir un titre d’identité.
- En parallèle, plusieurs autres membres du gouvernement sont aussi sur le terrain. Le ministre de la Santé, François Braun, en déplacement à Montreuil pour visiter un centre hospitalier privé, a été accueilli par quelques centaines de manifestants, casseroles et sifflets en main.
- L’impopularité d’Emmanuel Macron est à son plus haut, au niveau de la période des gilets jaunes. Le chef de l’Etat atteint un record d’opinions défavorables, à 73 %, selon un sondage.
Une journée au son des casseroles pour Gabriel Attal. En déplacement dans les Pyrénées-Atlantiques, le ministre de l’Action et des Comptes publiques a dû se faire très discret. A Pau, où syndicats et manifestants avaient prévu une casserolade, Gabriel Attal a préféré esquiver la foule. Pas de quoi démoraliser la troupe des opposants, qui s’est empressée d’organiser une opération escargot sur l’A63. «Une grosse cinquantaine de manifestants sont présents. Avec ce faible nombre et la présence des forces de l’ordre, aucune tentative de blocage du péage ne pouvait être envisagée», détaille Sud-Ouest. Gabriel Attal est attendu en fin de journée au poste de douane de Biriatou. Les manifestants sont déjà sur place, avec le même mode opératoire que dans le reste de la France : mégaphones, banderoles, sifflets, casseroles. Selon le journal local, ils ne croiseront pas la route du ministre, qui a évité toute confrontation tout au long de la journée.
All Casseroles Are Beautiful. «En un an, Macron nous en a fait perdre deux», tacle Attac dans un tweet ce vendredi soir, appelant à une «casserolade générale» devant les mairies et dans les rues lundi 24 avril à 20 heures. Cela interviendra une semaine après les premiers concerts de casseroles lors de son allocution post promulgation de la réforme des retraites et aussi un an pile après son élection. L’association altermondialiste appelle également à un «raz-de-marée populaire» le lundi 1er mai, jour de la fête du travail.
En un an, Macron nous en a fait perdre deux.
— Attac France (@attac_fr) April 21, 2023
Lundi 24 avril à 20h, #CasseroladeGénérale devant les mairies et dans les rues.
Le 1er mai, raz-de-marée populaire ! pic.twitter.com/BEBPnV0o4G
Olivier Dussopt joue au chat et à la souris. Le ministre du Travail était attendu en Saône-et-Loire ce vendredi, où il a brouillé les pistes. Deux déplacements étaient initialement prévus, le matin à Fontaine et l’après-midi à Saint-Vallier. Le premier a finalement été annulé, le second déplacé dans la matinée et une troisième visite ajoutée à la dernière minute à Dracy-le-Fort. Les manifestants et leurs casseroles ont tout de même réussi à suivre le ministre dans ses déplacements, rapporte le média local le Journal de Saône-et-Loire. Aux abords de l’entreprise Poêle et cheminées, où Olivier Dussopt s’est rendu, une soixantaine de manifestants l’attendaient poêle en main.
Les petits fours plutôt que les casseroles. Après être rentré en loucedé dans le centre de santé montreuillois de Cap Horn, le ministre de la Santé, François Braun, prend la parole comme si de rien n’était au quatrième étage du bâtiment. Pendant son discours, les casseroles et les sifflets des manifestants se font toujours entendre. Mais quand il s’adresse à la presse quelques minutes plus tard le ministre balaye d’un revers de main la colère qui s’exprime au dehors et assène : «Ce ne sont pas des bruits de casserole qui m’empêcheront de continuer à travailler et à avancer.» Une après-midi lunaire jusqu’au bout. Par notre journaliste sur place, Jean-Baptiste Chabran.
Des syndicalistes de la CGT placés en garde à vue après une action coup de poing. Devant l’Elysée, un camion avance. Sur ses flancs, deux banderoles sur lesquelles est inscrit : «Notre retraite, on n’y touche pas» et «Macron démission !». Les logos imprimés en gros ne laissent aucun doute : c’est une action de la CGT. Le véhicule avance doucement. La rue face au Palais est bloquée, obligeant les manifestants à continuer leur route, avant de se faire arrêter deux mètres plus loin par les forces de l’ordre. Ils ont été placés en garde à vue. Un tweet de la CGT indique que les manifestants «sont sortis du commissariat général» et sont convoqués par la police dans une audition libre le 9 mai prochain.
Une loi antiterroriste a-t-elle été utilisée pour interdire des casseroles lors du déplacement de Macron dans l’Hérault ? Jeudi 20 avril, alors qu’Emmanuel Macron se rendait à Ganges, des gendarmes ont confisqué les casseroles des passants. Les agents brandissaient un arrêté du préfet de l’Hérault, dont la légalité est discutée, et fait même l’objet de recours en justice. L’éclairage de Checknews.
Checknews
Une députée LFI-Nupes gazée à Montreuil. La députée de gauche Aurélie Trouvé, présente à Montreuil pour le déplacement du ministre de la Santé dans un centre hospitalier, s’est fait gazer peu avant son arrivée. Dans une vidéo publiée sur Twitter, on la voit rincer ses yeux aux côtés d’autres manifestants. Quelques centaines de personnes s’étaient rassemblées avec casseroles et sifflets pour accueillir François Braun, venu visiter un centre de santé privé tout neuf.
🔴 CASSEROLADE D’ACCUEIL DU MINISTRE DE LA SANTÉ À MONTREUIL
— Le Média (@LeMediaTV) April 21, 2023
La députée LFI-NUPES Aurélie Trouvé s’est fait gazer peu avant la visite du ministre de la santé dans les locaux du centre hospitalier.#casseroles #GouvernementGO#IntervillesMacron pic.twitter.com/HbjXSxI2WW
A Montreuil, le ministre de la Santé passe par la petite porte. Les 200 manifestants étaient trop bruyants, trop encombrants pour François Braun. Après deux heures de flottement, le ministre de la Santé, qui venait rendre visite à un centre de santé à Montreuil, a été contraint de rentrer en catimini, par la sortie de secours située au bas de la rue Gaston Lauriau où est situé le bâtiment. Le tout grâce au concours d’un dispositif policier qui apparaît absolument démesuré pour un déplacement somme toute relativement anodin. Par notre journaliste sur place, Jean-Baptiste Chabran.
Et la ponctualité alors ? À Montreuil, ça fait maintenant plus d’une demi-heure que les cuillères en bois frappent le métal des casseroles et que les manifestants s’égosillent contre la réforme des retraites. Françoise, «éprise de justice» et artiste de 60 ans a même apporté sa brosse à cheveux pour taper contre les grilles en métal. Mais toujours aucun signe du ministre de la Santé. François Braun avait pourtant annoncé sa venue pour 13 heures. Par notre journaliste sur place, Jean-Baptiste Chabran.
Un comité d’accueil pour le ministre de la Santé à Montreuil. En venant visiter un centre de santé privé flambant neuf à Montreuil, François Braun, le ministre de la Santé, voulait venir parler des difficultés d’accès à la médecine en Seine-Saint-Denis. Mais à l’entrée – c’est désormais un peu inévitable pour les membres du gouvernement –, un comité d’accueil d’une petite centaine de personnes l’attend pour manifester son opposition à la réforme des retraites. A la manœuvre, des retraités, des militants CGT, mais aussi quelques lycéens. Et au programme des sifflets, bruits de casseroles, et chants hostiles au Président et à sa réforme. Le ministre va-t-il finir par annuler sa venue ? Par notre journaliste sur place, Jean-Baptiste Chabran.
À Montreuil, un comité de non-accueil attend de pied ferme le ministre de la Santé, François Braun, devant le centre de santé privé Cap Horn. Pourra-t-il venir ? pic.twitter.com/BousTIIWnL
— Jean-Baptiste Chabran (@jibe__) April 21, 2023
Borne s’engage à diviser par deux d’ici à l’été le délai pour obtenir un titre d’identité. Ces délais, aujourd’hui en moyenne de 66 jours, seront ramenés «à 30 jours cet été» et «à 20 jours à l’automne» partout en France, a précisé Borne. Il s’agit, complète-t-elle, d’arriver à «1,8 million de rendez-vous par mois», soit un doublement par rapport à il y a un an. Deux leviers pour parvenir à ce résultat : «Faciliter la prise de rendez-vous» en connectant la totalité des petites communes au site national de prise de rendez-vous d’une part, et en accompagnant celles qui procèdent par téléphone ou par une visite à la mairie d’autre part. «L’objectif, c’est que tous les Français puissent avoir une vision d’ensemble des rendez-vous qui sont disponibles», explique la cheffe du gouvernement. Elle dit par ailleurs sa volonté de «renforcer la capacité, le nombre de rendez-vous disponibles», grâce par exemple à une extension des horaires d’ouverture via des incitations financières.
Elisabeth Borne a-t-elle lu attentivement l’arrêté préfectoral ? «Il n’y a pas une interdiction de manifester, du reste il y a des gens qui manifestent», a plaidé la Première ministre, pour qui «le préfet [de l’Indre] a pris un arrêté pour interdire de circuler dans une rue à Châteauroux.» Etrange : les arrêtés publiés ce vendredi matin par la préfecture de l’Indre posent pourtant «une interdiction de manifester» dans trois communes : Châteauroux, Valençay et… Buzançay, la ville d’où s’exprimait Elisabeth Borne. D’ailleurs, on peut se demander quelle est cette fameuse «rue à Châteauroux» qui aurait à elle seule écopé, selon la Première ministre, d’une telle interdiction, parmi les 13 rues, trois avenues, deux places et le boulevard castelroussins visés par la préfecture.
Comité d’accueil avec casseroles pour Isabelle Lonvis-Rome dans le Jura. La ministre déléguée à l’Egalité femmes-hommes a elle aussi eu le droit à sa casserolade lors de sa visite, ce vendredi matin, du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) de Lons-le-Saunier, dans le Jura. Quelques dizaines de manifestants se sont réunis, drapeaux CGT ou FSU à la main, devant la préfecture du département franc-comtois. Au quotidien local le Progès, un syndicaliste CGT rappelle le mantra de ces derniers jours à travers toute la France : «L’idée c’est d’être partout où il y aura des représentants de l’Etat, il faut qu’ils voient notre présence».
Casserolades pour Béchu et Le Maire dans la Somme. Eux non plus n’ont pas été épargnés. Les ministres de l’Environnement et de l’Economie, Christophe Béchu et Bruno Le Maire, se rendaient à Nesle ce vendredi, afin d’inaugurer l’extension du site de l’entreprise Innovafeed, spécialisé dans la production d’insectes pour la filière animale et végétale. Une cinquantaine de militants syndicaux leur avait préparé un comité d’accueil sur-mesure, avec huées, chants et bruits de casseroles au menu. Les CRS déployés sur place devaient permettre de repousser les manifestants, mais certaines personnes sont passées à travers champs pour contourner le cordon mis en place.
Comité d'accueil pour la visite des ministres Bruno Lemaire et Christophe Béchu dans une usine à Nesle dans la Somme. Les manifestants passent par les champs pour contourner le barrage de CRS (@Amienois_e) #MacronChallenge #Casseroles #IntervillesMacron #ReformeDesRetraites pic.twitter.com/o0SFTauPGk
— Anonyme Citoyen (@AnonymeCitoyen) April 21, 2023
A Tricastin, la ministre de la Transition écologique bien non-accueillie par les opposants. La stratégie de différenciation entre « peuple et « foule, adoptée ces dernières semaines par le chef de l’Etat, est dangereuse et nous mène vers des solutions d’affrontements ou de pacifications autoritaires. . times du tintamarre contestataire. L’objectif de cette visite : afficher le soutien de l’Etat à la filière nucléaire. La ministre, elle, n’est soutenue par personne ce vendredi matin aux abords du site. Une centaine d’opposants à la réforme des retraites, parés de leurs plus beaux maillots syndicaux, ont sorti drapeaux, magnétophones et casseroles pour se faire entendre. «On n’est pas d’accord avec ce qui se passe», clame Alain Pécherand le délégué central CGT, selon France Bleu.
Deux étapes sur trois annulées, l’autre au pas de course pour Olivia Grégoire. La ministre du Tourisme, Olivia Grégoire, avait un programme chargé en Loire-Atlantique ce vendredi matin. D’abord à La Baule, puis deux autres arrêts à Guérande. Mais la première étape, dans un camping, a été annulée alors que seule une cinquantaine de personnes l’attendait. Olivia Grégoire est donc partie directement à Guérande mais, selon Ouest France, «la ministre a fait la visite fissa pour ne pas entendre la batterie de cuisine». La troisième étape, dans un autre camping, a été annulée, toujours selon le quotidien régional.
Macron face à «la foule», la démocratie frontale. La stratégie de différenciation entre peuple et foule, adoptée ces dernières semaines par le chef de l’Etat, est dangereuse et nous mène vers des solutions d’affrontements ou de pacifications autoritaires. Lire le billet de Thomas Legrand.
Le gouvernement moqué sur les réseaux. «#GouvernementGO : attrapons les tous», «#JOduzbeul», «#CasserolesChallenge», «#IntervillesMacron». Sur Twitter, les mots-clés rivalisent d’humour pour évoquer les manifestations bruyantes qui suivent les ministres et Emmanuel Macron depuis la publication de la réforme des retraites au Journal officiel. Très visible dans les manifestations contre le texte depuis mi-janvier, l’association altermondialiste Attac propose même une carte en ligne où elle recense les différents déplacements des membres du gouvernement. L’objectif assumé : «ne pas lâcher Macron et ses ministres» et organiser des «comités de non-accueil partout en France» tant que la réforme n’est pas retirée.
#GouvernementGO : attrapons les tous !
— Attac France (@attac_fr) April 21, 2023
Ce vendredi accueillons avec nos #casseroles :
- Elisabeth Borne à Châteauroux
- Bruno Le Maire et Christophe Béchu à Nesle
- François Braun au centre médical Cap Horn 55 à Montreuil#OnNeLesLachePas
A dérouler 👇https://t.co/FCScWaqpQL
«Il ne faut jamais fuir nos compatriotes», estime Bruno Le Maire. Malgré deux épisodes houleux expérimentés par l’exécutif sur le terrain mercredi et jeudi, le ministre de l’Economie a insisté sur la nécessité de rencontrer les Français, sur le plateau de LCI. «Je pense qu’il ne faut jamais fuir nos compatriotes, toujours du dialogue, toujours du contact, toujours sur le terrain. Nous sommes dans une période charnière. Il ne faut pas renoncer à expliquer pourquoi il y a cette réforme des retraites», martèle Bruno Le Maire.
Billet
La CGT Culture occupe le musée d’Orsay. Perchés sur le balcon qui surplombe l’allée principale du musée d’Orsay, dans le VIIe arrondissement parisien, les grévistes de la Culture (patrimoine et spectacle) sous l’égide de la CGT Culture occupent ce vendredi matin le bâtiment culturel. Au milieu des courbes laiteuses des sculptures qui peuplent le musée, les manifestants ont déployé deux grandes banderoles sur lesquelles on peut lire un message concis mais non moins clair : «64 ans, NON», et au pied desquelles ils font flotter, en rythme, les drapeaux rouges du syndicat.
#JOduzbeul Épreuve d’infiltration et de décoration d’intérieur par l’équipe commune @cgt_culture et @cgt_spectacle au Musée d’Orsay pic.twitter.com/PXhW9rWD0g
— C.G.T. Picasso (@CGTPicasso) April 21, 2023