En résumé :
– Le gouvernement s’est résolu à utiliser l’article 49.3 de la Constitution pour déclencher un vote bloqué sur la réforme des retraites, n’ayant pas la certitude qu’une majorité des députés LR voterait le projet de loi.
– Ce choix a déclenché une tempête politique et syndicale d’un côté, des manifestations émaillées de tensions pendant la soirée et la nuit. Dans de nombreuses villes, des manifestants sont rassemblés depuis 18 heures.
– Le groupe centriste Liot a déposé une motion de censure transpartisane ce vendredi après-midi, avant que le RN ne dépose la sienne.
– Du côté de l’intersyndicale, qui tient bon, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a annoncé de «nouvelles mobilisations», ce week-end et jeudi 23 mars.
Electriciens et gaziers toujours en grève. Réunis vendredi, les syndicats CGT de l’énergie ont décidé de «renforcer partout» le mouvement la semaine prochaine et d’appeler à «la reconduction de la grève et à la perturbation maximum du travail», selon Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la CGT Energie. Le mouvement s’est un peu durci côté gaz, dans les onze sites de stockage souterrains de gaz de Storengy, dont le plus important à Chémery (Loir-et-Cher) a été mis à l’arrêt pour les grévistes, sans conséquences pour les clients, selon la direction. Les trois terminaux méthaniers d’Elengy, autre filiale d’Engie, sont toujours en grève, contrairement à celui de Dunkerque, opéré par le belge Fluxys, selon la direction.
La place de la Concorde se vide. Pendant une heure, la foule est baladée d’un bout à l’autre de la place de la Concorde, au gré des jets sporadiques de gaz lacrymogènes. Quelques projectiles et des feux d’artifice leur répondent. Petit à petit les manifestants sont de moins en moins nombreux, les chants plus discrets. A l’inverse, les CRS, gendarmes mobiles et compagnies d’intervention se font de plus en plus pressants, marchant ou courant en ligne. A 21 h 15, les quelques dizaines de manifestants sont acculés au départ de la rue de Rivoli.
La foule continue d'être baladée d'un coin à l'autre de la place, au gré des charges et des lacrymogènes. Les forces de l'ordre avancent en lignes très étendues pour occuper les largeurs, sans que l'on comprenne bien où elles cherchent à repousser les manifestants. pic.twitter.com/vVwsth4DOI
— Fabien Leboucq (@LeboucqF) March 17, 2023
«La Ve République arrive à la fin», estime Sandrine Rousseau. «Il n’y aura pas de pacification tant qu’il y aura un report de l’âge [de la retraite] de deux ans.» Invitée sur le plateau de BFMTV, Sandrine Rousseau qualifie les manifestations dans le pays depuis le déclenchement du 49.3 comme «un mouvement spontané qui demande plus de démocratie». Pour la députée de la Nupes, «la Ve République arrive à la fin, il y a une trop forte personnification et personnalisation du pouvoir par Emmanuel Macron, les gens n’en peuvent plus».
Tensions place de la Concorde, à Paris.
A la Concorde, feux d’artifice contre gaz lacrymogène. A 20 heures, la nuit est tombée et les premiers lacrymogènes aussi. Des manifestants habillés en noir tentaient de démonter un échafaudage au centre de la place de la Concorde, quand les gendarmes mobiles ont chargé, a plusieurs reprises, générant une certaine confusion dans la foule nombreuse mais éparse. Des feux d’artifice sont tirés en direction des forces de l’ordre, illuminant le pavé nuageux, entre les lacrymogènes, les fumigènes des manifestants et le feu allumé peu de temps auparavant.
Réforme des retraites : les incinérateurs parisiens en grève optent pour des barrages filtrants. Après dix jours de protestation et d’accumulation des poubelles dans la capitale, les agents de l’énergie des structures d’Ile-de-France ont reconduit leur mouvement mais en changeant de méthode, a appris «Libération» ce vendredi.
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A la Concorde, l’ambiance se réchauffe entre certains manifestants et la police, premiers tirs de gaz lacrymogènes. Les forces de l’ordre ont lancé une première charge peu après 20 heures, tandis que des gaz lacrymogènes sont lancés dans la foule qui répond «Cassez-vous !» aux policiers. Les manifestants sont à peu près au nombre de 3 000 selon la police. Certains répondent aux charges policières par des tirs de feux d’artifice.
L'ambiance s'échauffe : un échafaudage est partiellement démonté par des manifestants habillés en noir. Une charge des forces de l'ordre les interrompt, mouvement de foule. Premiers gaz lacrymogènes. pic.twitter.com/TdWoH9MoCw
— Fabien Leboucq (@LeboucqF) March 17, 2023
A la Concorde, une effigie de Macron dans les flammes. Le feu est devenu brasier, au centre du foule qui continue d’enchaîner les chants. Elle filme et applaudit quand une effigie de Macron est jetée «au bûcher». Sur un immense touret en bois, amené au milieu des barrieres de chantier, devant les policiers, un homme barbu entre deux âges harangue les manifestants. Ils l’acclament quand il éructe : «C’est vous la jeunesse !». Puis lui demandent de rendre le mégaphone quand il en abuse. Lou a 20 ans, est étudiante en Humanités à Nanterre. Elle fait part de son «indignation» : «Ca fait des semaines qu’on des millions dans la rue contre cette réforme, et le gouvernement nous méprise». Romane, même âge, même cursus, complète : «C’est pas un 49.3 qui va faire plier la population».
🎵 "Et même si Macron veut pas, nous on ira quand meme."
— Julien Lecot (@JulienLecot) March 17, 2023
Drôle d'ambiance place de la Concorde. Une fanfare et des chants d'un côté. Un énorme dispositif policier autour et des manifestants qui installent des barricades. pic.twitter.com/7oGfTlUz3d
Des images de la Concorde.
A la Concorde, des barrières de chantier, un feu et des touristes paumés. La foule s’est massée devant le pont de la Concorde, là même où elle a stagné, hier pendant plusieurs heures. Pendant que certains boivent des bières ou diffusent de la musique, d’autres amènent, comme hier, des barrières de chantier. Ils les déposent devant un compact cordon de CRS casqués, qui ne laisse passer que quelques touristes perdus. Entre autres chants, on entend l’Internationale et «A bas l’Etat, les flics et les fachos». Un feu est allumé au centre de la foule, alors que la pluie s’intensifie.
Environ 2 500 manifestants à la Concorde, selon la police.
Plusieurs centaines de personnes, surtout des jeunes, sont réunies place de la #Concorde. Celle-ci est cernée par les forces de l'ordre. Certains manifestants entassent des barrières devant un cordon de CRS et un engin lanceur d'eau, la foule chante et applaudit. pic.twitter.com/QhCzVdbqyT
— Fabien Leboucq (@LeboucqF) March 17, 2023
Combien de députés sont prêts à signer la motion de censure transpartisane ? Selon notre décompte, 269 députés, sur les 287 voix nécessaires, seraient prêts à renverser le gouvernement et à voter pour la motion de censure déposée par le groupe Liot après le recours au 49.3.
A la Concorde, «nous les vieux, on est fatigués». Sur la place parisienne cernée par les forces de l’ordre qui contrôlent les sacs, de premiers slogans retentissent en ce début de soirée. Antifascistes, anti-police, et surtout anti-Macron, ils viennent couvrir une trompette qui invitait à la foule à des «ole». Annie, queue de cheval blanche et grands yeux bleus, détonne dans cette foule lycéenne et étudiante. Petit gilet jaune en pendentif, elle pense que «la réforme des retraites est la cerise sur le gâteau». Cette habitante du Val d’Oise proteste depuis 2018 contre « les avantages aux plus riches» et «la casse des services publics». Son ami Éric, qui revendique avoir participé au premier acte des Gilets jaunes, a ressorti ses lunettes de piscine contre les lacrymogènes qu’il anticipe. II se marre : «C’est bien que les jeunes prennent le relais. Nous les vieux, on est fatigués».
Rappel : contrairement à ce qu’a dit Elisabeth Borne hier soir sur @TF1 et aux éléments de langages de Renaissance, les résultats des votes des motions de censure ne seront pas un indicateur de ce qu’aurait été le vote de la réforme s’il avait eu lieu. @libe 1/5 pic.twitter.com/6wDMDTd5mA
— Sacha Nelken (@SachaNelken) March 17, 2023
De nouvelles annulations de vols lundi dans les aéroports parisiens et marseillais. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes d’annuler lundi 30% de leurs vols à Paris-Orly et 20% à Marseille-Provence, en raison du mouvement de grève des contrôleurs aériens contre la réforme des retraites. «En dépit de ces mesures préventives des perturbations et des retards sont néanmoins à prévoir», a prévenu la DGAC ce vendredi soir.
Le directeur de cabinet de Borne va quitter le navire. Selon des informations du Point, le directeur de cabinet de la Première ministre, Aurélien Rousseau va quitter Matignon. En pleine crise politique, l’ancien membre du cabinet de Manuel Valls et de Bernard Cazeneuve, aurait invoqué «des raisons personnelles, en aucun cas en lien avec la situation politique actuelle» pour justifier sa décision.
A la Concorde, déjà plusieurs centaines de personnes sous la pluie. Une fine pluie tombe sur la place de la Concorde, où se rassemblent déjà plusieurs centaines de personnes, plutot jeunes. Madeleine et Laura ont 20 ans ans toutes les deux. «On n’était pas là hier soir, on a l’impression d’avoir raté un truc», sourit la seconde, derrière de grandes lunettes de vue. Étudiantes en prépa Lettres à Paris, elles n’en sont pas à leur première manifestation, et ont entendu parler de celle de ce vendredi «sur Twitter». Ensemble, elles viennent montrer que «le 49.3 ne passe pas». L’Assemblée nationale, où il a été déclenché hier, semble en tout cas bien loin : le pont qui y mène est barré d’un rideau de gyrophares bleus.
Après la manif de jeudi, 292 gardes à vue, Jérôme Rodrigues libéré. En tout, 292 personnes ont été placées en garde à vue à la suite des manifestations dans la capitale ce jeudi. Toutes sont en cours de traitement par le parquet de Paris. Environ un tiers de ces gardes à vue ont d’ores et déjà été levées, classées sans suite. La figure du mouvement des gilets jaunes Jérôme Rodrigues, également interpellée, a été libérée. «Je suis libre avec classement sans suite. Un grand merci à l’ensemble du soutien [...] et surtout un énorme merci à mon avocat», a-t-il tweeté.
Un lourd dispositif de sécurité à la Concorde à Paris. Alors que la manifestation parisienne contre le passage en force de la réforme des retraites démarre, le dispositif policier est assez important d’après notre reporter sur place. «Plusieurs compagnies d’intervention sont positionnées près de l’église de la Madeleine. Des CRS et un lanceur d’eau aussi.»
A Paris, plusieurs compagnies d'intervention sont positionnées près de l'église de la Madeleine, à deux pas de la #Concorde où doit se tenir un rassemblement à 18h. Des CRS et un lanceur d'eau aussi. pic.twitter.com/wdyRhfcvut
— Fabien Leboucq (@LeboucqF) March 17, 2023