Menu
Libération
LIVE
terminé

La réforme des retraites «est un choix de la nation que j’assume totalement», maintient Macron

Le chef d’Etat était de nouveau sur le terrain ce jeudi 20 avril dans le cadre des «cent jours d’apaisement» qu’il a lancés lundi après la promulgation contestée de la réforme. En parallèle, les cheminots ont multiplié les actions coup de poing.

Emmanuel Macron parle au milieu du collège Louise Michel de Ganges, le 20 avril 2023. (Daniel Cole/AFP)
Publié le 20/04/2023 à 9h18, mis à jour le 20/04/2023 à 18h15

En résumé :

- Emmanuel Macron a poursuivi jeudi son entreprise d’«apaisement» du pays avec un déplacement à Ganges (Hérault) sur le thème de l’éducation. Comme mercredi à Sélestat (Bas-Rhin), il a été accueilli par des huées, mais pas de casseroles, interdites via un arrêté préfectoral.

- Le chef de l’Etat est arrivé en fin de matinée au collège Louise Michel de Ganges, à une heure au nord de Montpellier, où il s’est entretenu avec des professeurs, des élèves et des parents d’élèves. Il était notamment accompagné du ministre de l’Education Pap Ndiaye, qui a annoncé des revalorisations de salaire.

- Au même moment, les syndicats cheminots étaient dans la rue pour une «journée de la colère», organisée pour continuer à manifester leur opposition à la réforme des retraites. Une «étape de préparation» avant les manifestations d’ampleur du 1er mai.

Le 20/04 à 18H06

Le Conseil d’orientation des retraites remise ses scénarios optimistes. Le Conseil d’orientation des retraites (COR), critiqué en début d’année par Matignon pour son manque de «lisibilité», décide ce jeudi de ne plus mettre en avant ses scénarios les plus optimistes, dès son prochain rapport attendu mi-juin. Déjà passé de douze à huit scénarios l’an dernier, l’organisme a fait le choix de se concentrer sur quatre hypothèses à partir de cette année, lors de sa traditionnelle réunion de «préparation du rapport annuel». Ne resteront donc, dans le corps du rapport, que les prévisions qui «reflètent la législation actuelle du système de retraite», où l’Etat se contente «d’assurer l’équilibre financier» des régimes spéciaux (SNCF, RATP, EDF) et de ceux de la fonction publique. Les prochaines projections montreront toutefois l’écart entre recettes et dépenses, afin que «la diminution des apports de l’Etat» apparaisse «de manière simple et visible».

Le 20/04 à 17H33

Vu des manifestations à Paris.

Le 20/04 à 17H00

Réserves de Macron sur l’abandon du 49.3 suggéré par la Première ministre. En marge d’un déplacement dans l’Hérault, le président a exprimé des réserves sur l’engagement pris par sa Première ministre de ne plus utiliser le 49.3 hors textes financiers. Interrogé par des journalistes pour savoir s’il n’allait plus utiliser le 49.3 pendant les 100 jours de relance de ses chantiers prioritaires, le chef de l’Etat a répondu : «je ne suis pas responsable des interviews à l’AFP de la Première ministre». Elisabeth Borne, fragilisée à Matignon après l’emploi du 49.3 pour l’adoption sans vote de la réforme des retraites, avait promis dans un entretien à l’AFP le 26 mars de ne plus recourir à cet outil constitutionnel controversé, qui avait attisé la contestation dans la rue. «L’objectif que je fixe pour l’avenir, c’est pas de 49.3 en dehors des textes financiers», avait-elle dit dans un souci d’«apaisement».

Le 20/04 à 16H49

Le groupe centriste Liot dépose une proposition de loi pour abroger le report à 64 ans. Déjà à l’initiative d’une motion de censure du gouvernement ratée à 9 voix près, le groupe Liot a déposé ce jeudi une proposition de loi pour abroger l’article 7 de la réforme des retraites, repoussant l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, et pour organiser «une conférence de financement pour garantir la pérennité de notre système de retraite». «L’injustice sociale au cœur de la réforme des retraites est la raison de son rejet massif : c’est à cette injustice que nous devons nous attaquer», écrivent les députés dans leur texte, qui sera examiné le 8 juin.

Le 20/04 à 16H27
Le 20/04 à 15H51

Un fabricant de casseroles interpelle Macron. Il fallait s’y attendre : la casserole étant érigée ces derniers jours en symbole de lutte contre la réforme des retraites, ses fabricants ne loupent pas l’occasion de surfer sur cet effet inattendu. L’entreprise Cristel ironise ainsi sur la dernière sortie du président, plus tôt dans la semaine : «Ce ne sont pas les casseroles qui vont faire avancer la France», a dit Emmanuel Macron. «Monsieur le Président, nous fabriquons des casseroles qui font avancer la France !!!», lui a répondu le fabricant sur twitter.

Le 20/04 à 15H28

Menacés d’un retour à l’usine, les salariés des Eaux d’Evian «vont y aller à reculons». Alors qu’ils ont quitté la vie active depuis plusieurs mois grâce à leur compte épargne-temps, une trentaine de salariés des Eaux d’Evian craignent de devoir reprendre le chemin de l’usine. Une conséquence ubuesque de la réforme des retraites. Un récit à retrouver ici.

Le 20/04 à 15H10

A Rennes, une manifestation «tour de chauffe» avant le 1er mai. Quelque 5 000 manifestants selon les syndicats, 1 200 selon la préfecture, ont défilé jeudi à Rennes pour s’opposer à la réforme des retraites. La manifestation s’est déroulée globalement dans le calme. Un groupe de personnes s’est écarté du cortège et s’est confronté à la police, qui les a bloqués en faisant usage de gaz lacrymogène. En fin de manifestation, un journaliste de la chaîne CNews a été pris à partie par des manifestants, dont certains ont essayé de lui voler sa caméra, a annoncé la préfecture, soulignant qu’«il va bien». Le journaliste et les deux agents de sécurité qui l’accompagnaient ont été «extraits» de la manifestation par les forces de l’ordre, selon cette source.

Le 20/04 à 14H43

Plusieurs déplacements de ministres chahutés ou reportés. Emmanuel Macron n’est pas le seul à voir ses déplacements bouleversés par des opposants : une dizaine de militants CGT ont interpellé jeudi matin le ministre de l’Industrie Roland Lescure, en déplacement à Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise), sur le texte de la réforme. La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra est, elle, passée par une autre entrée pour ce déplacement consacré à l’inclusion dans le sport. En déplacement à Agen mercredi soir, le ministre du Numérique Jean-Noël Barrot a été accueilli par des dizaines de personnes munies de casseroles et par une longue coupure de courant dans une brasserie où il devait animer une conférence.

D’autres membres du gouvernement ont reporté récemment des déplacements, même s’ils ne mettent pas toujours en avant le motif de la sécurité et du mouvement des retraites pour les expliquer. Jeudi à Dijon, une conférence sur la fin de vie à laquelle devait participer la ministre déléguée Agnès Firmin-Le Bodo a été annulée. Une décision prise «suite à des menaces sérieuses et avérées d’origine syndicale», a confirmé au site de BFM le député Renaissance Didier Martin, à l’initiative de la soirée.

Le 20/04 à 14H28

Avec les énergéticiens à Issy-les-Moulineaux. L’objectif du mouvement du jour est d’être visible. Après un moment où les prises de paroles s’enchaînent les unes après les autres, les grévistes partent en manifestation improvisée. Ils se retrouvent bientôt devant les locaux de Canal + : «Vincent Bolloré, on va tout éteindre chez toi», scande la foule. Mais l’homme d’affaires pourrait ne pas être le seul à être à subir des coupures de courant. «Il y a les Jeux olympiques qui arrivent bientôt. On a un pouvoir de nuisance à ce niveau, rappelle Yohan Moreau. Si on peut donner un conseil à Macron c’est qu’il revoit sa copie.» «Ne vous méfiez pas de celui qui dit «je», méfiez-vous de ceux qui disent «on», prévient Frédéric Probel, secrétaire général de la CGT Energie à Bagneux. Partout où Macron ira, tant que cela sera possible, il sera dans le noir.» De notre journaliste sur place Théodore Laurent.

Le 20/04 à 14H16

A la centrale thermique de Gardanne (Bouches-du-Rhône). Dans une ambiance de meeting, sous un ciel bleu qui lui fait regretter d’avoir oublié ses lunettes de soleil, Sophie Binet affiche plus que jamais sa détermination. «Le pouvoir fait comme si on pouvait tourner la page, non, ce n’est pas possible», lance-t-elle, appelant à un 1er mai «exceptionnel, inédit et populaire» : «On ne peut pas dire, je ne suis pas disponible pour aller manifester !» «Des syndicalistes du monde entier vont venir nous soutenir, assure-t-elle. Si on tire des droits d’un pays comme la France, c’est l’ensemble des garanties dans le monde qui est tiré vers le bas.» «Elle a fait le job», salue Wilfried, de la CGT Energie Provence, alors que les odeurs de merguez grillées flottent au milieu de détonations de pétard. «C’est peut-être enfantin de parler comme ça mais c’est magique qu’elle soit venue là à la centrale de Gardanne. Ici c’est un lieu symbolique pour prendre la parole, cela fait quelques années qu’on est en bataille sociale pour faire pérenniser les emplois.» De notre journaliste sur place Caroline Delabroy.

Le 20/04 à 14H05

«Macron va se faire taper sur les doigts à la récré.» A l’incinérateur d’Issy, Marie, 40 ans est particulièrement remontée contre le président de la République. «Quand on vient du monde de la finance, que votre boulot c’est d’être assis sur un fauteuil et de cliquer sur des opérations à plusieurs millions, on est hors-sol», s’insurge-t-elle. La cégétiste utilise la métaphore du délégué de classe pour exprimer son mécontentement : «S’il commence à se prendre pour le chef, Macron va se faire taper sur les doigts à la récré. Sa chance, c’est qu’on prend pas notre récréation dans la même cour.» Salariée chez RTE depuis plus de quinze ans, elle n’en est pas à son premier combat. Lutte pour des revalorisations de salaires, contre la privatisation de l’électricité - «un bien commun»… Ce n’est que durant sa période de congé maternité qu’elle s’est quelque peu reposée. Mais depuis septembre, elle est de nouveau vent debout : «Je le fais aussi pour la nouvelle génération, mes deux filles. Il y a très peu de métiers vocation, 99 % de la population travaille pour manger, donc je souhaite que pour cette frange, le travail dure moins longtemps.» De notre journaliste sur place Théodore Laurent.

Le 20/04 à 13H58
Le 20/04 à 13H55

Macron annonce «entre 100 et 230 euros nets en plus par mois» pour les enseignants. Secoué dans tous les sens par les opposants à la réforme des retraites, le Président de la République tente de réagir. Emmanuel Macron annonce ce jeudi après-midi une revalorisation salariale pour les professeurs. Lors d’un déplacement dans un collège de l’Hérault consacré à l’école, le chef de l’Etat explique vouloir «mieux reconnaître et mieux payer les professeurs» et annonce une hausse de salaires «entre 100 et 230 euros nets en plus par mois» pour tous. Cette hausse inconditionnelle, pour tous les enseignants, s’accompagnera d’une augmentation liée à de nouvelles missions basées sur le volontariat. Au total, cette hausse pourra aller «jusqu’à 500 euros par mois».

Le 20/04 à 13H38

Au troisième jour de l’apaisement, un député Renaissance dit à Macron être «prêt à partir à la guerre». Emmanuel Macron a fait de «l’apaisement» l’un de ses objectifs. Le message ne semble pas être passé auprès de toute la macronie. A l’occasion du déplacement présidentiel dans l’Hérault, le député Renaissance Patrick Vignal a assuré au chef de l’Etat «être prêt à la guerre» avant, selon un journaliste de TF1 présent sur place, d’inviter Macron à «muscler sa [ou ses, ndlr] ministre [s]». La guerre apaisée, nouveau concept de communication politique ?

Le 20/04 à 13H13

C’est avec vos casseroles qu’on fera «avancer la France», monsieur le Président ? Privé d’électricité par la CGT et accueilli par des huées lors d’un déplacement ce mercredi 19 avril en Alsace - c’est aussi le cas ce jeudi en Occitanie - le Président, agacé, a jugé que la réalité du pays ne se résumait pas à un concert de râleurs tapant sur des ustensiles de cuisine. Le spectre d’autres casseroles le rattraperait-il ? Le billet de notre journaliste.

Le 20/04 à 12H52

La CGT Energie coupe le courant à l’aéroport de Montpellier et au collège visité par Macron. La Fédération des mines et de l’énergie CGT le dit et le répète, encore hier dans nos colonnes : «On avait prévenu Macron : ‘’Il fera tout noir chez toi’' et c’est le cas aujourd’hui. Partout où l’exécutif ira, les énergéticiens seront là aussi. Cela ne s’arrêtera pas jusqu’au retrait de la réforme des retraites.» Ce jeudi, le Président a pu de nouveau le vérifier. La CGT Mines et Energie de l’Hérault a revendiqué la «mise en sobriété énergétique» de l’aéroport de Montpellier, même si la direction du site a assuré à Midi Libre que «tout fonctionnait normalement». Dans la foulée, le secrétaire général de la CGT Hérault a revendiqué la coupure de l’électricité au collège Louise-Michel, dans lequel Emmanuel Macron fait sa visite ce jeudi matin.

Le 20/04 à 12H44

A Paris, les manifestants envahissent Euronext. C’était la Défense qui était visée par les cheminots. Après BlackRock et LVMH ces derniers jours, les cheminots de Paris sud-est ont décidé ce jeudi de s’en prendre à la principale place boursière européenne de la zone euro, Euronext. Un groupe de 500 personnes était parti de gare de Lyon plus tôt dans la matinée. Après un trajet discret en RER, la petite foule – composée de syndicalistes, de d’agents de l’énergie, de professeurs en grève – débarque comme une anomalie au milieu du temple des affaires du nord de Paris. Sous les bruits des pétards et des fumigènes qui craquent les protestataires investissent le hall d’Euronext. Le message est clair et s’affiche sur les vitres du bâtiment en grosses lettres : «Le CAC40 à la caisse pour payer nos retraites.» Après quelques minutes, les manifestants se volatilisent. Trop rapides pour les policiers… De notre journaliste sur place Jean-Baptiste Chabran.

Le 20/04 à 12H33

Avec les énergéticiens à Issy-les-Moulineaux. Veste bleue ou orange d’Enedis, blouson jaune et noir de GRDF, veston rouge de la CGT-EDF, les travailleurs de l’énergie ont pris leur quartier devant l’incinérateur d’Issy. «Direction complice», «49.3 pas de démocratie» teintent les voitures bleues de fonction. Les salariés présents évoquent une double peine : «On prend deux ans de plus comme tout le monde mais on perd notre régime spécial», souffle Yohan Moreau, secrétaire adjoint du syndicat CGT énergie Bagneux. Contrairement au reste de la population, leur pension de retraite est calculée à 75 % des 6 derniers mois travaillés. À partir du 1er septembre, les nouveaux travailleurs seront au régime normal. «Il y a un gros risque que dans 5 ou 10 ans, on nous dise que notre régime est déficitaire, et hop, plus de clause de grand-père, tout le monde au même régime», s’inquiète le quadragénaire derrière ses lunettes rectangles. De notre journaliste sur place Théodore Laurent.

Le 20/04 à 12H24

A Ganges, «l’important c’est qu’on nous entende et qu’on nous voit». Depuis 10 heures ce matin, la mobilisation ne faiblit pas à Ganges : les manifestants en nombre arpentent bruyamment le petit centre de cette commune d’ordinaire si tranquille. Derrière le cordon de CRS, à quelques centaines de mètres de l’agitation, Emmanuel Macron poursuit sa visite du collège Louise Michel. «Ce rassemblement est plutôt calme, mais ce n’est pas la question», estime Yvan, fonctionnaire territorial «quasi à la retraite». «L’important c’est qu’on nous entende et qu’on nous voit. Des centaines de Cgtistes sont venues jusqu’ici pour ça aujourd’hui». De notre correspondante à Ganges Sarah Finger.