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1er Mai : la CGT revendique dix fois plus de manifestants qu’en 2022, sept fois plus pour le ministère de l’Intérieur

La treizième journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites s’est adossée cette année aux traditionnels cortèges de la journée internationale des travailleurs. Ils ont été très fournis.
Manifestation contre la réforme des retraites, le 1er Mai, à Saint-Omer. (Stéphane Dubromel/Hans Lucas pour Liberation)
publié le 1er mai 2023 à 9h22
(mis à jour le 1er mai 2023 à 19h59)

En résumé :

- Après douze journées de mobilisation contre la réforme qui repousse l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, l’intersyndicale misait sur une journée «historique» dans la rue. Quelque 300 rassemblements ont été annoncés dans toute la France. Dans l’ensemble du pays, le ministère de l’Intérieur a compté 782 000 participants aux manifestations, sept fois plus qu’en 2022. La CGT en revendique 2,3 millions.

- Selon le ministre du Travail, Olivier Dussopt, Matignon enverra une invitation aux syndicats «dans les jours qui viennent» et pour la première fois depuis la promulgation de la réforme des retraites.

- Un cran plus loin dans la surveillance de masse, plusieurs préfectures ont autorisé les forces de l’ordre à utiliser des drones pour filmer les cortèges. Trois des quatre référés-libertés déposés ont été retoqués, les drones sont donc autorisés à Paris, Lyon et Bordeaux. Au Havre, leur utilisation a été restreinte mais pas interdite.

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Plusieurs incendies place de la Nation. A Paris, des incendies se sont déclarés à plusieurs reprises place de la Nation, selon des vidéos de journalistes et manifestants sur place. Un incendie a notamment pris au niveau d’un immeuble, sur le toit duquel des personnes se sont refugiées. Selon France Info, elles ont été secourues par les pompiers. La station Vélib située au pied du bâtiment a également été incendiée un peu plus tôt.

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Le gouvernement dénonce la violence en marge des cortèges. La Première ministre Élisabeth Borne a dénoncé ce lundi soir sur Twitter les «scènes de violences en marge des cortèges». «Dans de nombreuses villes de France, ce 1er mai a été un moment de mobilisation et d’engagement responsables. Les scènes de violence en marge des cortèges en sont d’autant plus inacceptables. Soutien à nos forces de l’ordre», a tweeté la cheffe du gouvernement.

Au diapason de Gérald Darmanin, pour qui «si la très grande majorité des manifestants furent pacifistes bien sûr, à Paris, Lyon et Nantes notamment, les forces de l’ordre font face à des casseurs extrêmement violents venus avec un objectif : tuer du flic et s’en prendre aux biens des autres», comme il l’a écrit sur le même réseau social. Il a également déploré, à l’occasion d’une prise de parole depuis le ministère de l’Intérieur, le nombre de policiers blessés : «Dans certaines villes à Paris, Lyon, Nantes, Angers, je veux avoir une pensée pour les 108 policiers blessés. Je condamne le plus fermement possible ces violences. C’est extrêmement rare.» Il affirme par ailleurs que nous sommes dans une «société qui se radicalise du fait de l’ultra gauche et c’est pourquoi j’espère que nous disposerons des moyens techniques pour lutter contre ces violences, c’est le cas des drones».

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Un hélicoptère dans le ciel de Rennes, ce soir, c’est possible. Alors que la question de la surveillance de manifs par des drones policiers a animé quelques tribunaux administratifs ce lundi - trois recours ont été rejetés à Lyon, Bordeaux et Paris, un quatrième partiellement validé par le tribunal administratif de Rouen - la préfecture d’Ille-et-Vilaine indique sur Twitter qu’elle a le pouvoir d’envoyer un hélicoptère filmer les rassemblements spontanés. «Un arrêté préfectoral permet la captation d’images par un hélicoptère dans le centre-ville de Rennes de 18 heures à minuit afin de garantir la sécurité de tous», écrivent les services de l’Etat, qui signalent «un rassemblement non déclaré en cours place Sainte-Anne».

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Manif du 1er mai à Saint-Omer : «Il reste quatre ans à Macron, j’espère qu’on va continuer à l’embêter». Ecologie, pouvoir d’achat, conditions de travail, réforme des retraites... Si le cortège était moins fourni que lors des mobilisations des derniers mois, les colères qui «s’accumulent» étaient, elles, nombreuses dans les rues de la sous-préfecture du Pas-de-Calais. Le reportage de notre correspondante.

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Sophie Binet regarde plus loin. Les défilés passés, la secrétaire générale de la CGT regarde plus loin. Sur le plateau de BFMTV ce lundi soir, Sophie Binet a assuré avoir «dans le viseur deux échéances : le 3 mai prochain avec le Conseil constitutionnel qui doit statuer sur le référendum d’initiative partagée et puis le 8 juin prochain puisque les députés ont déposé une proposition de loi abrogeant les retraites». Elle sera examinée ce jour-là. La patronne de la CGT en a profité pour appeler «les députés à prendre leurs responsabilités et à permettre ainsi une sortie de crise». Elle développe en déroulant ses motifs d’espoir : «Il y avait une majorité qui était contre la réforme des retraites, la motion de censure on a été à 9 voix près et là on n’est pas sur les mêmes règles de majorité. La motion de censure c’est une majorité absolue des inscrits alors que le texte c’est une majorité relative des présents». Bref, selon elle, ça pourrait passer dans l’hémicycle.

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A Paris, Occurrence compte 94 000 manifestants. Le cabinet privé Occurrence fait état de 94 000 manifestants à Paris pour ce 1er Mai. Leurs chiffres étaient de 40 000 personnes dans le défilé lors du 1er Mai 2019 et 21 000 le 1er Mai 2022. Pour rappel, aujourd’hui, la CGT revendique 550 000 manifestants à Paris et la préfecture de police en dénombre 112 000. De larges écarts avec les chiffres du cabinet Occurrence.

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200 personnes interpellées en France. Des heurts ont éclaté dans plusieurs villes de France lundi, et principalement à Paris, Nantes et Lyon, lors des défilés du 1er Mai. Selon un bilan provisoire de Beauvau, près de 200 personnes avaient été interpellées à 18h en France, dont 68 à Paris. La préfecture de police de la capitale dénombre «plusieurs blessés parmi les forces de l’ordre, dont dix déjà transportées à l’hôpital». A Nantes, des affrontements ont fait cinq blessés, dont un manifestant touché à une main, selon la préfecture.

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Les casseroles bien présentes dans la manif parisienne. C’est le symbole qui a marqué les dix derniers jours de contestation de la réforme des retraites : la casserole, sur laquelle les opposants à la loi tapent au passage des membres du gouvernement lors de leurs déplacements en France. Ce 1er Mai, l’objet était présent physiquement dans le cortège parisien, ou repris sur les pancartes. Un monsieur la sort discrètement de son sac : «J’attends qu’on m’interpelle, j’attends le délit de casserole !» Une jeune femme a préféré accrocher un fouet à son panneau : «C’est un instrument de cuisine très utilisé et un peu moins bruyant... Et pour la connotation !» Plus loin, habillé en cuistot avec une poêle géante, un homme a représenté Macron dans un jaune d’œuf : «Il a dit en Alsace que les casseroles et les œufs c’était pour faire la cuisine... Vous avez envie de le manger, vous ? Bah non !» Des séquences à voir dans cette vidéo, best-of de notre live Instagram réalisé entre République et Nation. Par Mickaël Frison et Emma Camins.

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A Paris, 550 000 manifestants selon la CGT, 112 000 selon la préfecture. La CGT revendique 550 000 manifestants à Paris lors du défilé du 1er Mai. Elle en avait annoncé 400 000 lors de la précédente journée d’action, le 13 avril. De son côté, la préfecture de police de Paris communique le chiffre de 112 000 personnes contre 24 000 à la même date, l’année dernière. Dans l’ensemble du pays, le ministère de l’Intérieur compte 782 000 participants aux manifestations du 1er Mai, sept fois plus qu’en 2022.

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Dans le cortège parisien, des agents de l’Insee en grève. Une petite cinquantaine d’agents de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) sont venus manifester ce lundi contre la réforme des retraites. Depuis 2019, et le projet avorté d’un système par points, un comité de mobilisation s’est formé dans l’administration qui dépend du ministère des Finances. Dans les mains des manifestants, les pancartes sont raccord avec leur profession. «Un rebond de la consommation de casseroles au deuxième trimestre», «en moyenne, de plus en plus veners», «Insee la lutte finale», peut-on notamment lire. Cécile, 27 ans, travaille à l’informatique. Elle nous raconte que depuis deux semaines, plusieurs services sont en grève reconductible dans l’Institut avec pour objectif «de perturber la campagne de recensement annuel» : «Si on y arrive, ça nous rendrait très visibles.» Par Jean-Baptiste Chabran.

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2,3 millions de manifestants dans toute la France, selon la CGT. A l’occasion du 1er Mai, la CGT revendique 2,3 millions de manifestants dans toute la France. Un chiffre dix fois plus élevé que celui du 1er Mai 2022. Depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, la CGT a compté, selon les journées, entre 1 et 3,5 millions de manifestants. La CFDT, elle, fait état de seulement «plus d’un million» de manifestants, tandis que le ministère de l’Intérieur compte 782 000 manifestants en France.

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A Nation, charges, lacrymos et interpellations. Le cortège de tête parisien est arrivé place de la Nation, terminus du parcours à Paris, en avance sur les syndicats. Une conséquence de la stratégie des forces de l’ordre visant à séparer les manifestants les plus déterminés du reste du défilé. Sur le grand rond-point de l’est parisien, CRS, gendarmes et compagnies d’intervention usent de gaz lacrymogènes et de charges pour disperser la foule, comme ils l’ont fait tout au long du parcours. Plusieurs blessés sont à déplorer. Dans le secteur de la place de la Nation, le journaliste de Brut Rémy Buisine et le vidéaste Timothée Forget affirment avoir été touchés par des projectiles de grenades de désencerlement, mais ont pu continuer à couvrir la manifestation. Plus tôt, un cocktail Molotov a atteint un policier. Peu avant 17 heures, la préfecture de police de Paris recensait 46 interpellations, dont une moitié lors de contrôles préventifs. Par Fabien Leboucq.

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Dans le cortège parisien, «qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, on sera là !» Le cortège arrive place de la Nation, la dernière chorégraphie s’achève sur fond de cris et d’applaudissements. «On continuera jusqu’au bout, avec nos méthodes pacifiques», tonne une des Rosies debout sur le camion. «Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, on sera là. Jusqu’en décembre s’il le faut !» Le camion s’efface, les costumes bleus se dispersent. La danse est finie. Mais pas la mobilisation, pour l’instant. «C’est vrai que ça va s’arrêter un jour, reconnaît une Rosie de la première heure. L’après, j’y réfléchis, pour l’instant je ne sais pas.» Chaque semaine, depuis janvier, la Parisienne se joint aux mobilisations et prend souvent part aux ateliers pour préparer le camion, imaginer de nouvelles chansons et créations. «Toute ma vie se passe au rythme du mouvement social. Quand ce sera fini, ça fera un grand vide. Alors pour l’instant, tant que je le peux, je viens et je profite !» Par Apolline Le Romanser.

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L’hôtel Intercontinental brièvement occupé à Marseille. A l’issue de la manifestation du 1er Mai qui s’est déroulée dans le calme à Marseille, quelque 200 personnes ont brièvement occupé l’hôtel Intercontinental, un hôtel de luxe, non sans quelques dégradations. Des pots de fleurs ont été cassés et des fauteuils abîmés dans le lobby de l’hôtel. Un tag «y a du bourgeois au menu» était également visible sur la façade de l’établissement. Les manifestants, qui voulaient mener une «action symbolique contre la répartition inégale des richesses», à l’appel de la CGT Education, ont rapidement été délogés et repoussés sur le parvis de l’établissement par les forces de l’ordre, qui ont utilisé des gaz lacrymogènes. Quatre personnes ont été arrêtées pour «jets de projectiles et dégradations», a annoncé la préfecture de police des Bouches-du-Rhône.

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Dans le cortège parisien, Nadine, 45 ans, veut parler conditions de travail. Et les salaires, et les conditions de travail, alors ? Depuis le début du mouvement, les gens mobilisés ne parlent que de ça. Ils sont donc nombreux à ne voir que «tactique» dans le fait que le gouvernement s’y intéresse soudainement. Au milieu du cortège de la CFTC – toujours difficile pour les tympans en raison d’un recours massif aux vuvuzelas – Nadine, 45 ans, pense que le président de son syndicat, Cyril Chabanier, doit accepter les invitations du gouvernement à en parler. Cette cadre salariée d’un grand groupe bancaire croit même que si on avait traité le sujet des conditions de travail avant de faire la réforme, «les gens ne seraient pas forcément contre rallonger la durée de travail, mais de manière intelligente». Il ne faudrait alors pas se limiter aux contraintes physiques : dans sa banque, elle décrit «une surcharge de travail impressionnante», causée par «des suppressions de postes qu’on ne remplace pas». En résultent de nombreux burn-out, selon elle. «Même en télétravail, les gens travaillent plus que ce qu’ils devraient.» Par Frantz Durupt.

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Un policier brûlé par un jet de cocktail molotov à Paris. Selon Le Parisien, d’après une source policière, un policier aurait été brûlé au deuxième degré suite au jet d’un cocktail molotov. Une vidéo du site QG Le média libre montre des affrontements et des flammes sur des policiers dans le XIe arrondissement de Paris.

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A Paris, Paul danse avec les Rosies depuis plus de deux mois. «Viens, on va danser !» Deux jeunes femmes, la vingtaine, rejoignent la marche chorégraphiée emmenée par le camion suivi d’une nuée bleue et rouge. Canette de bière à la main, elles se mêlent aux poings en l’air, levées de genoux et autres mouvements synchronisés. Parti de la place République, le groupe de manifestants dansants n’a fait que grandir, derriere la quarantaine de bleus de travail. À l’image de la popularité du mouvement des Rosies qui n’a fait que croître au fil des mobilisations. Et des hommes aussi revêtent le costume bleu. Paul, 54 ans, enroule un foulard rouge autour de sa tête depuis plus de deux mois. Deux amies l’ont convaincu de venir la première fois. «C’est joyeux, festif. Il y a plein de mouvements, mais celui-là me plaît bien pour l’ambiance. Je resterai avec elles pour les prochaines manifs.» Etre un homme parmi les Rosies ne lui a jamais été reproché, mais quand même, «il vaut mieux interroger les femmes plutôt que les vieux hommes blancs comme moi. Elles ont beaucoup à dire». Par Apolline Le Romanser.