Impossible de rater les drapeaux rouges dans le petit parc qui fait face à la préfecture de l’Aube, en plein cœur de Troyes. A quelques minutes du début de la manifestation pour l’augmentation des salaires, à l’appel de plusieurs organisations syndicales, ils sont de plus en plus nombreux. Quelques centaines au plus, mais bien visibles. En marge du rassemblement, l’épaule posée contre un tronc et les bras croisés, Virgile les observe, pensif, l’air interrogateur derrière ses lunettes carrées. Est-il venu pour la manifestation ? «Pour être franc, non. Je me baladais.» Va-t-il participer ? «Je pense bien que oui. Ce sera la première fois, j’ai envie de les soutenir. Si on pouvait gagner un peu plus et qu’ils se foutent un peu moins de notre gueule, ce serait pas mal.»
A lire aussi
Cet ancien magasinier cariste de 46 ans, devenu handicapé depuis un accident du travail, a passé sa vie dans les usines, entre la France et la Belgique, en marge des grandes luttes syndicales dont il s’est toujours un peu méfié. Mais avec l’inflation et la hausse des prix de l’énergie, il dit enfin comprendre ce genre de mouvement de contestation. «Le déclic c’est quand Macron a parlé de la fin de l’abondance. Qu’est-ce qu’il y connaît lui ? Moi l’abondance, je n’y ai jamais eu droit. J’ai l’impression que c’est la crise depuis que je suis né alors que je suis plus vieux que lui.»
«On est de tout cœur avec eux !»
Quand la manifestation se met en branle, quelques curieux se décident à la suivre, comme Virgile. C’est le cas de G