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Revalorisation

Face à la hausse de l’inflation, le smic augmentera de 1,13 % au 1er janvier

L’indice des prix à la consommation ayant progressé sur un an pour les 20 % des ménages les plus pauvres, le smic devrait croître de 1,13 % en début d’année. C’est la huitième augmentation en trois ans.
La formule de calcul assure que le salaire minimum ne décroche pas de l’inflation. (Nicolas Guyonnet/Hans Lucas. AFP)
publié le 15 décembre 2023 à 11h59
(mis à jour le 15 décembre 2023 à 19h18)

Il fallait attendre la publication par l’Insee des résultats définitifs de l’inflation de novembre pour connaître la prochaine augmentation automatique du smic, appliquée à partir du 1er janvier. L’indice des prix à la consommation ayant progressé de 3,5 %, et de 3,4 % sur un an précisément pour les 20 % des ménages les plus pauvres (hors tabac), le smic devrait croître de 1,13 %. Cela portera son montant brut horaire à 11,65 euros contre 11,52 euros aujourd’hui. Pour un temps plein, en net, le Smic passera de 1383,08 euros à 1398,69 euros, soit une augmentation de 15,61 euros, selon les calculs de l’AFP confirmés par le ministère du Travail.

Ce sera la huitième revalorisation du smic depuis le 1er janvier 2021. La formule de calcul assurant que le salaire minimum ne décroche pas de l’inflation. Jusqu’à présent, le gouvernement n’a jamais dérogé aux recommandations du groupe d’experts sur le smic, qui préconise cette année encore de ne pas accorder de «coup de pouce» au salaire minimum, arguant notamment qu’«il ne paraît pas équitable et donc pas souhaitable d’aller au-delà de cette préservation du pouvoir d’achat du smic [liée aux mécanismes automatiques, ndlr]. Un relèvement supplémentaire du smic contribuerait par ailleurs à tasser davantage l’éventail des salaires au niveau du smic». Plusieurs syndicats ont critiqué le choix du gouvernement. L’Unsa demande «qu’une augmentation supplémentaire soit appliquée et que des mesures fortes soient prises pour un accroissement plus général des salaires». La CGT continue, elle, de demander une révision des règles de calcul de la revalorisation du smic afin que cette dernière soit plus fréquente et d’exiger que le Smic soit «immédiatement porté à 2000 euros bruts pour un temps plein».

34 branches dont les minima sont sous le smic

L’exécutif prétend ne pas rester inactif pour autant, avec deux chantiers lancés après la conférence sociale du 16 octobre : d’abord, un suivi renforcé des négociations salariales dans les branches dont un ou plusieurs minima demeurent sous le smic plusieurs mois après sa dernière revalorisation. Elles étaient une soixantaine lors de la conférence sociale, dans la foulée de laquelle le ministre du Travail a adressé un courrier aux acteurs sociaux d’une quarantaine d’entre elles. Lundi 11 décembre, à l’occasion d’un point presse, Olivier Dussopt a annoncé que 34 branches sur 171 étaient encore concernées, ce qui ne représente tout de même pas moins 2,5 millions de salariés.

Citant par exemple les branches de l’industrie chimique, des grands magasins et de la distribution directe, il a prévu de convoquer la moitié d’entre elles au ministère du Travail «dans les prochaines semaines», afin d’obtenir «des engagements aussi rapides que concrets». Sans quoi le gouvernement menace de recourir, fin juin, à un projet de loi pour réviser à la baisse le calcul des exonérations de cotisation dont bénéficient les entreprises de ces branches sur le salaire minimum. Il faut noter qu’avec la revalorisation du 1er janvier, un certain nombre de branches seront à nouveau dépassées par le salaire minimum, sans pour autant figurer dans le viseur du gouvernement. Elles auront théoriquement quarante-cinq jours pour entamer des négociations afin d’adapter leur grille.

Revendication de la création d’un «Conseil d’orientation des salaires»

L’autre cartouche du gouvernement consiste en la mise en place, prévue pour le début d’année prochaine, d’un «haut conseil aux rémunérations» qui a fait l’objet d’une première réunion de concertation au ministère du Travail, le 4 décembre. L’occasion pour le patronat et les syndicats de faire valoir leurs positions, les organisations d’employeurs plaidant (sans surprise) pour que la nouvelle instance n’ait aucun pouvoir prescriptif. Côté salariés, la CGT est montée au créneau publiquement pour faire valoir sa revendication, à savoir «la création d’un Conseil d’orientation des salaires, pluraliste, inspiré du Conseil d’orientation des retraites (COR)», présidé alternativement par les organisations syndicales et patronales. Il remplacerait le «groupe d’expert·es de la «non-augmentation du smic»», surnom que la CGT donne au groupe d’experts sur le smic. En début de semaine, Olivier Dussopt s’est borné à rappeler que ce «haut conseil» ne suivrait pas seulement l’évolution du salaire minimum, mais s’intéresserait à d’autres sujets liés aux rémunérations, comme les temps partiels subis en raison desquels des centaines de milliers de femmes touchent moins qu’un smic mensuel. Il a aussi indiqué que Gilbert Cette, le président du groupe d’experts sur le smic tout juste nommé à la présidence du COR, ne pourrait pas cumuler les deux fonctions. Ce qui laisse planer le doute sur l’avenir dudit groupe d’experts.

Mise à jour : à 19h13 avec la confirmation du ministère du Travail et les réactions syndicales.