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Libération
Le Libé des historiens et des historiennes

Face à un Etat punitif, des siècles d’entraide et de débrouille pour les plus pauvres

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Confrontés à la misère, la faim et le mal-logement, les plus pauvres ont été, et sont encore aujourd’hui, contraints d’être inventifs pour s’en sortir, malgré la coercition d’un pouvoir suspicieux et méprisant.
Frédéric est bénéficiaire du RSA. (Stéphanie Lacombe/Grande commande BNF)
par Laurence Fontaine, historienne, directrice de recherche au CNRS
publié le 5 octobre 2023 à 8h33

A l’occasion des «Rendez-vous de l’histoire», qui se tiennent à Blois du 4 au 8 octobre, la rédaction de Libération invite une trentaine d’historiens et historiennes pour porter un autre regard sur l’actualité. Retrouvez ce numéro spécial en kiosque jeudi 5 octobre et tous les articles de cette édition dans ce dossier.

Un même «conseiller» qui accompagne et sanctionne les allocataires du RSA, quinze heures d’activité qui risquent d’être du travail mal payé… Décidément, à travers sa réforme en cours d’examen à l’Assemblée, l’Etat a du mal à appréhender la question de la pauvreté. Sans doute parce qu’il est l’héritier de siècles de mépris à l’égard des classes populaires.

Avant la mise en place de l’Etat social au XXe siècle, la pauvreté était d’abord un risque avant d’être un état et il fallait se prémunir contre les coups du sort, le manque de travail, la maladie. Ce risque touchait «tous ceux qui n’avaient que leur travail pour vivre» selon les définitions de l’époque, c’est-à-dire l’ensemble des classes populaires. Dans le Mariage de Figaro, Beaumarchais résume une vie de pauvre : «Perdu dans la foule obscure, il m’a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsist