Chaque lettre est peinte sur un grand carton, en blanc sur fond noir et en majuscules : «TRAHISON», accusent-elles, posées contre les grilles de la Fonderie de Bretagne (FDB), une imposante usine de pièces automobiles implantée à Caudan, près de Lorient dans le Morbihan. Jeudi à 6 heures, ses salariés ont entamé une grève de vingt-quatre heures et bloqué l’entrée du site. Une journée «fonderies mortes» appelée par la CGT dans toutes les fonderies de France, alors que beaucoup d’entre elles sont fragilisées par la fin des moteurs diesels, programmée pour 2040. Un prétexte pour «délocaliser la production», accuse le syndicat.
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A la FDB, la menace, présente depuis le printemps 2020, s’est concrétisée le 11 mars : au terme d’une revue stratégique de huit mois, Renault, l’actionnaire unique, a annoncé son intention de chercher d’ici au 8 août un repreneur «plus à même de pérenniser les activités et les emplois et d’adapter l’outil industriel aux évolutions du secteur», selon le communiqué de la direction. Une douche froide pour les 350 salariés, qui souhaitent rester dans le giron du constructeur. «Ils sont révoltés, écœurés, amers, fatigués», énumère Maël Le Goff, délégué de la CGT, le syndicat majoritaire dans l’entreprise.
Manque d’investissements
«On est dégoûtés, ils nous prennent pour des cons depuis tellement longtemps», lâche un salarié. Anthony, vingt ans de boîte, a, lui, «la haine contre Renault» et l’angoisse de l’avenir : «On veut savoir s’ils compte