Un ultime recours pour éviter une fermeture qui apparaît de plus en plus proche ? Dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron ce jeudi 2 janvier et que Libération a consultée, plusieurs responsables syndicaux et élus appellent le président de la République à intervenir auprès de Renault pour que le constructeur français s’engage à maintenir des commandes jusqu’en 2028 auprès de la Fonderie de Bretagne.
«Nous refusons que la fermeture de la Fonderie de Bretagne devienne le symbole de la désindustrialisation du pays et de l’impuissance de l’Etat à se faire respecter par les grands groupes français», est-il écrit dans la lettre, signée entre autres par la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, et le président de la CFE-CGC, François Hommeril, mais aussi par le président du Medef du Morbihan, Jérôme Permingeat.
Reportage
Plusieurs députés et sénateurs bretons de toutes obédiences (NFP, Ensemble pour la République, Horizons, Modem...) ont également signé la missive, qui déplore le refus de Renault «de garantir la moindre part de marché à FDB, préférant délocaliser sa production en Turquie, en Espagne et au Portugal».
La Fonderie de Bretagne, qui emploie 350 personnes à Caudan (Morbihan) dans la fabrication de pièces en fonte pour l’automobile, «a été construite par et pour Renault après un long combat au début des années 60». Le «désengagement soudain» du constructeur fait peser la menace d’une fermeture de l’usine, pointent les signataires. Renault représentait jusqu’ici 95 % du chiffre d’affaires de l’usine, située juste à côté de Lorient.
L’Etat français détient 15 % du capital de Renault
Alors que le fonds allemand Private Assets s’était porté candidat pour une reprise, s’engageant «à apporter 11 000 tonnes par an de productions nouvelles […] permettant de sortir rapidement de la dépendance commerciale envers le secteur de l’automobile», Renault a refusé de maintenir ses commandes jusqu’en 2028, «le temps pour permettre la montée en charge de la diversification», précipitant l’échec des négociations et faisant craindre pour la survie de l’usine à court terme.
«L’Etat dispose de leviers pour imposer à Renault de jouer le jeu du made in France», insistent les signataires de la lettre. Le groupe a touché 298 millions d’euros d’aides publiques en 2023 et a bénéficié «d’un prêt garanti par l’Etat de 4 milliards pendant le Covid», écrivent-ils. L’Etat français détient également 15 % du capital du constructeur. «L’issue tient à un fil : l’engagement de Renault», conclut la lettre, appelant Emmanuel Macron à intervenir auprès de la direction du constructeur.
Interrogé ce vendredi 3 janvier sur RMC à ce sujet, le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a confirmé que les négociations avec le groupe automobile «sont aujourd’hui à un niveau de blocage», soulignant que le constructeur a pour l’instant «refusé de faire le dernier pas».
Article mis à jour le vendredi 3 janvier à 10h15 : avec la déclaration du ministre de l’Industrie.