C’est la fin de près de cinquante ans d’histoire de sport automobile et d’excellence française. Renault, engagé en Formule 1 depuis 1977 et détenteur de 12 titres de champion du monde des constructeurs, va arrêter dès la fin de la saison prochaine (fin 2025) de concevoir et fabriquer ses propres moteurs. L’écurie Alpine, marque sous laquelle le constructeur automobile français est engagé dans la catégorie reine de ce sport, l’a officialisé ce lundi 30 septembre dans un communiqué où ce renoncement industriel est étrangement présenté comme un progrès.
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Selon les mots du communiqué, l’usine de Viry-Châtillon (Essonne) d’Alpine Racing, où sont conçus les moteurs F1 depuis 1977, va en effet être «transformée» pour créer «un futur centre d’excellence» appelé «Hypertech Alpine», dès la fin 2024. «Les activités F1 de Viry, hors développement d’un nouveau moteur, sont maintenues jusqu’à la fin de la saison 2025», ajoute le texte. Aujourd’hui, environ 330 salariés et 150 prestataires externes travaillent dans cette usine, essentiellement sur le développement du moteur de la Formule 1. Réunis en comité social et économique exceptionnel ce lundi, les représentants du personnel d’Alpine Racing ont voté à l’unanimité contre la décision de la direction, mais leur avis n’est que consultatif. Depuis cet été, ils déplorent «un reniement […] et un abandon honteux» de la part de Renault et de son PDG, Luca de Meo.
«Un tournant dans l’histoire du site de Viry-Châtillon»
A l’avenir, la marque, qui promet de proposer un poste à chacun de ses salariés actuels dans la nouvelle structure, dit vouloir se servir du site de Viry-Châtillon pour y réunir «une ingénierie aux connaissances techniques de pointe au service d’Alpine et de Renault Group». «La création de ce centre est clé pour la stratégie de développement d’Alpine et, plus largement, pour la stratégie d’innovation du groupe. C’est un tournant dans l’histoire du site de Viry-Châtillon», appuie Philippe Krief, directeur d’Alpine, marque grand public essentiellement tournée vers les voitures sportives.
Pour être engagée en Formule 1, une écurie n’a pas besoin de fabriquer elle-même son propre moteur. Sur les dix équipes aujourd’hui engagées dans le championnat du monde, seules quatre d’entre elles (Mercedes, Ferrari, Alpine-Renault et Red Bull-Honda) le font encore. Les autres n’ont la main que sur leur châssis et préfèrent acheter à ces dernières – contre 17 millions d’euros par an – leur motorisation. Une option bien moins onéreuse que les 120 millions d’euros que paie chaque année le groupe Renault pour développer lui-même sa motorisation. Alpine, dont les châssis continueront d’être fabriqués à Enstone, en Angleterre, pourrait signer un accord pour 2026 avec Mercedes, qui équipe actuellement les écuries Williams, McLaren et Aston Martin, même si aucune annonce n’a encore été faite en ce sens.
Mise à jour à 18h51 avec davantage de précisions.