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Billet

Gabriel Attal ou l’opposition perverse du travail et de la grève

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«Les Français savent que la grève est un droit, mais ils savent aussi que travailler est un devoir», lance le Premier ministre à l’approche d’une grève des contrôleurs SNCF. Au nom du «bon sens» et de la transformation du travail en une valeur morale suprême, une inversion complète du principe de la grève.
Gabril Attal à l'Assemblée le 16 janvier. (Albert Facelly/Libération)
publié le 14 février 2024 à 15h35

Depuis qu’il a occupé les fonctions de porte-parole du gouvernement, on sait le nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, adepte d’une forme plus ou moins assumée de démagogie, à peine dissimulée derrière ses appels au «bon sens». Il en a encore fait la preuve ce mercredi, lors d’un déplacement à Villejuif (Val-de-Marne) sur le thème de la construction de logements, à l’occasion duquel il a été interrogé sur le mouvement de grève des contrôleurs de la SNCF, qui pourrait perturber la circulation des trains ce week-end.

Aïe, ça tombe pendant les vacances scolaires, ce qui relève d’«une forme d’habitude» déplore Gabriel Attal. Naïveté feinte ou vraie ignorance d’un principe simple, celui du rapport de force ? Au cas où, rappelons au Premier ministre que pour être efficace, une grève doit précisément perturber la production au moment le plus opportun, sans quoi le patronat se permettra confortablement de l’ignorer. En réalité, Gabriel Attal le sait sans doute déjà, puisque le gouvernement dont il était membre en était presque, l’année dernière, à féliciter les syndicats pour la sagesse de leurs cortèges massifs contre la réforme des retraites. Tout en ignorant royalement leurs revendications.

Dans sa réflexion sur la grève des cheminots, le Premier ministre se fait en revanche plus pervers quand il prend «les Français» à témoin pour ressortir la bonne vieille complémentarité des droits et devoirs si chère aux macronistes. «Les Français […] savent que la grèv