C’est un début d’internationale scandinave. Le plus important syndicat danois, 3F, a annoncé ce mardi 5 décembre une grève de solidarité avec les ouvriers de Tesla en Suède, provoquée par le refus du constructeur automobile américain de signer une convention collective sur les salaires. «Tous les membres de 3F Transport sont couverts par le mouvement de solidarité. Concrètement, cela signifie que les dockers et les chauffeurs routiers ne recevront pas et ne transporteront pas de voitures Tesla en Suède», a indiqué l’organisation dans un communiqué.
La grève concernait initialement 130 mécaniciens de Tesla dans dix ateliers à travers la Suède, en grève à partir du 27 octobre. Mais au fur et à mesure, les syndicats de plusieurs autres secteurs – dockers, poste, nettoyage, électriciens – ont rejoint le conflit pour s’opposer au constructeur de véhicules électriques, formant l’un des plus importants mouvements sociaux de l’histoire du pays.
«Vous ne pouvez pas imposer vos propres règles»
Avec l’arrivée dans le conflit du plus grand syndicat danois, l’affaire prend une autre dimension. «La solidarité est la pierre angulaire du mouvement syndical et s’étend au-delà des frontières, a dit le président de 3F Transport, Jan Villadsen, cité dans le communiqué. Même si vous êtes l’une des entreprises les plus riches du monde, vous ne pouvez pas imposer vos propres règles. Nous avons des accords sur le marché du travail dans la région nordique, et vous devez les respecter si vous voulez diriger une entreprise ici.»
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Négociées secteur par secteur, les conventions collectives constituent la base du modèle du marché du travail nordique. Couvrant près de 90 % de l’ensemble des salariés suédois et 80 % des employés danois, ces conventions régissent les conditions de travail et garantissent des minima salariaux. Interrogé par Libération fin novembre, Jesper Hamark, chercheur en histoire économique à l’université de Gothenburg, insistait sur «les enjeux très élevés» de cette grève pour l’avenir du modèle social local : «Si une entreprise aussi importante que Tesla refuse de signer un accord collectif, les syndicats craignent que cela crée un mouvement et que d’autres compagnies fassent de même alors que le marché du travail suédois est régi par les conventions collectives puisque nous n’avons pas de loi fixant le salaire minimum.»
This is insane
— Elon Musk (@elonmusk) November 23, 2023
Bien qu’ils soient syndiqués, les ouvriers de Tesla ne bénéficient pas des conventions collectives sectorielles, car leur entreprise n’a pas signé celle qui régit leur secteur. Le patron de Tesla, le milliardaire Elon Musk, a toujours rejeté les appels à la syndicalisation parmi ses 127 000 employés dans le monde. Le 23 novembre, il a qualifié la grève massive «d’insensée» sur son compte X. Par ailleurs, Tesla a engagé des poursuites contre l’Agence suédoise des transports et contre le groupe postal Postnord, détenu par Stockholm et Copenhague.