C’est un événement significatif dans un secteur aussi précarisé et faiblement syndiqué : ce samedi et ce dimanche, trois organisations, la CGT, l’Union des indépendants (proche de la CFDT) et SUD-Commerce & Services appellent les livreurs des plateformes comme Deliveroo ou Uber Eats à faire grève. En cause, un nouvel algorithme «opaque et incompréhensible» récemment mis en place par Uber Eats, mais aussi une pression globale à la baisse sur les revenus de ces travailleurs de plus en plus nombreux. Trois d’entre eux racontent les dégradations qu’ils ont constatées ces dernières années.
Retour d'expérience
«C’est le seul métier où on gagne de moins en moins avec le temps»
Marine Stieber, livreuse Deliveroo de 2018 à 2020, désormais photographe en reconversion
J’aime bien faire du vélo et j’étais un peu en échec professionnel à cette époque. C’était une opportunité pour moi de gagner de l’argent sans avoir de patron ou de chef sur le dos. C’était intéressant dans le sens où on pouvait gérer quand on pouvait travailler. Mon chiffre d’affaires était assez aléatoire, mais en travaillant entre 25 et 30 heures par semaine, je m’en sortais avec 1 300 à 1 400 euros net. Pour moi c’était satisfaisant pour vivre. A l’été 2019, le système de planning a été supprimé et le prix des courses a baissé chez Deliveroo, c’était vraiment catastrophique. Il n’y avait plus vraiment de minimum en tarif de course, on avait