La tension monte dans le conflit entre la direction de Sciences-Po et les 77 agents d’entretien qui manifestent contre leurs conditions de travail. Ce vendredi 7 mars, alors qu’ils en étaient à leur deuxième jour de mobilisation, les grévistes se sont vus refuser par la direction l’entrée dans les locaux parisiens. Certains d’entre eux ont néanmoins réussi à pénétrer dans l’établissement.
A l’issue de cette journée, la direction a déploré des poubelles «renversées et cassées», «des carreaux cassés», et «des toilettes rendues inutilisables». Des «dégradations matérielles importantes» nécessitant «une remise en état du campus». La direction a donc décidé la fermeture de «l’ensemble des bâtiments du campus de Paris […] ce samedi 8 mars et lundi 10 mars».
Colère
Sur des vidéos que Libération a pu consulter, on voit une petite centaine de personnes, gilets orange sur le dos, chanter et taper sur des poubelles avec des baguettes à l’intérieur d’un bâtiment. La direction affirme, dans un message interne diffusé ce vendredi auquel Libération a pu avoir accès, que «des personnels externes aux agents d’entretien» de l’école ont «pénétré dans [les] locaux». «Des violences physiques inacceptables ont été commises à l’encontre de membres de notre personnel et d’agents de sécurité de notre prestataire»
Une version contredite par les syndicalistes comme les étudiants mobilisés. Layla Mabrouk, élue du personnel de la CFDT SFP (propreté et nettoyage), évoque des «bousculades», des «coups de pied très violents» contre des grévistes et des «insultes». Mohamed Anjjar, également syndicaliste CFDT-SFP confirme ces violences auprès de Libération et dénonce des provocations de la part du personnel de sécurité, «engagé dans le but évident d’intimider les grévistes et de créer un climat de tension».
«L’administration ferme Sciences-Po pour cacher la saleté»
Le Collectif du lien, créé en 2022 pour rapprocher les élèves des travailleurs externalisés de Sciences-Po, a également dénoncé ce samedi 8 mars une tentative d’«intimidation» de la part de la direction : «L’administration prétend fermer Sciences-Po pour cause de dégradations, mais c’est bien pour cacher la saleté. Elle ferme tous les bâtiments de Sciences-Po [le campus en compte une dizaine, ndlr] où s’empilent les déchets depuis deux jours, alors que la mobilisation a seulement eu lieu au 27 rue Saint-Guillaume.» Or, ajoute le collectif, «laisser voir la crasse, c’est laisser voir le caractère essentiel du travail des agent.es d’entretien».
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«On demande juste le dialogue», rappelle Layla Mabrouk qui, dans un communiqué, dénonce derrière cette fermeture «une réaction disproportionnée à la situation». Sur le fond des revendications, la syndicaliste indique qu’il n’y a pas eu de progrès vendredi. Les 77 agents d’entretien de Sciences-Po Paris se sont mis en grève pour protester contre la dégradation de leurs conditions de travail, après l’échec d’une rencontre lundi avec leur employeur actuel, la société Atalian, sous-traitante sous contrat pour le ménage jusqu’au 31 mars.
Ce lundi 10 mars, Sciences-Po Paris a envoyé un nouveau message à ses étudiants et à son personnel, annonçant que les différents bâtiments de l’école resteraient aussi fermés le mardi 11 mars à cause «de nouvelles tentatives d’intrusion […] constatées ce [lundi] matin» et pour ne pas «prendre le risque que les violences constatées vendredi dernier se reproduisent». Mais selon les syndicalistes et les étudiants mobilisés, il s’agirait en fait de leur couper l’herbe sous le pied avant un appel à un rassemblement conséquent organisé mardi matin. Ils précisent que le piquet de grève de lundi matin est resté pacifique et n’a fait l’objet d’aucun débordement, fustigeant une stratégie de communication «mensongère» de la part des responsables de l’école.
Sur le fond du conflit, dont la résolution pourrait approcher, les représentants du personnel CFDT indiquent qu’une nouvelle réunion a lieu mardi matin au siège d’Atalian.
Mise à jour samedi 8 mars avec les communiqués de la CFDT et du Collectif du lien puis lundi 10 mars avec le jour de fermeture supplémentaire de l’école et la réunion prévue mardi matin.