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Reportage

Grève pour les salaires : «S’il ne passe rien chez Sanofi, où se passera-t-il quelque chose ?»

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Alors qu’un conflit historique a débuté il y a plus de deux semaines dans une quinzaine de sites du groupe pharmaceutique, la direction propose une augmentation du salaire de base bien en deçà de l’inflation, malgré des profits conséquents.
Devant l'usine Sanofi de Val-de-Reuil (Eure), mercredi. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
publié le 8 décembre 2022 à 15h28

Trois élus syndicaux, gilets orange ou rouges, se sont un peu éloignés de la centaine de salariés présents devant le centre Sanofi de Val-de-Reuil (Eure). Ils viennent de recevoir une ultime proposition de la direction dans un document intitulé «Fin de grève», et s’accordent sur ce qu’ils vont dire aux personnes mobilisées. Ils ont une mine sérieuse, fatiguée, l’épuisement d’un piquet de grève pour les salaires tenu chaque jour depuis plus de deux semaines ici, parfois trois semaines ailleurs. Ce site, à quelques dizaines de kilomètres au sud de Rouen, est l’un des plus grands centres d’expédition de vaccins au monde. Des milliards d’euros de produits qui sortent chaque année de ces immenses bâtiments, perdus mercredi dans la brume hivernale.

Sauf que les salariés aimeraient voir «ruisseler» un peu plus cet argent qu’ils produisent et qui a en partie permis à Sanofi d’engranger 6,22 milliards d’euros de bénéfices nets en 2021, et déjà plus de 5 milliards cette année, avant les résultats du quatrième trimestre. Des chiffres qui sont encore plus ensoleillés que prévu, notamment grâce aux 2 milliards d’euros de vente des vaccins antigrippes cette année. Or 60% de ceux fabriqués par le groupe pharmaceutique le sont à Val-de-Reuil, et «le site est le premier producteur mondial de vaccins contre la grippe saisonnière et pandémique», s’enorgueillit Sanofi.

C’est de ce contraste entre les profits et les propositions de la direction que s’est nourri ce conflit de grande ampleur.