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Lutte olympique

Grève SNCF en Ile-de-France : «Si la négociation JO se passe mal, ce sera rebelote»

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Les syndicats de cheminots ont largement mobilisé leurs troupes ce mardi 21 mai, en prévision d’une réunion de négociations sur les compensations liées aux Jeux olympiques.
Des manifestants sur le parvis du Trocadéro, devant la tour Eiffel, au jour d'une mobilisation des cheminots SNCF pour les Jeux Olympiques. (Denis Allard/Libération)
publié le 21 mai 2024 à 19h25

Les fumigènes et les drapeaux de SUD rail ont fière allure sur l’esplanade du Trocadéro. Ce mardi 21 mai, jour de grève pour beaucoup de cheminots d’Ile-de-France, le troisième syndicat de la SNCF a organisé une action symbolique en investissant – au nez et à la barbe de la police – cette place qui domine la tour Eiffel et près de laquelle auront lieu les matchs de beach-volley pendant les Jeux olympiques. Satisfaits d’avoir déjoué la surveillance des forces de l’ordre, les militants de SUD secouent fièrement une banderole «Pas de JO sans les cheminots» et chantent en chœur : «Emmanuel Macron, on va niquer tes JO.»

Mais en réalité la menace est plus destinée à la direction de la SNCF qu’au président de la République. Tous les syndicats de l’entreprise ont en effet rendez-vous avec elle, mercredi, pour une ultime réunion de négociations portant sur les compensations destinées à ceux qui travailleront entre le 26 juillet et le 8 septembre. Revendiquant 95 % de grévistes sur les lignes C et R et 70 % chez les contrôleurs, Fabien Villedieu, secrétaire fédéral de SUD rail, «assume établir un rapport de force» et entend «mettre une pression de dingue à la direction». «Chaque représentant syndical sait que la discussion, avec ou sans la grève, ce n’est pas la même chose. Demain, si la négociation se passe mal, ce sera rebelote», prévient-il.

Cette grève est «préventive» et «n’est pas acceptable», a estimé, de son côté, le ministre des Transports, Patrice Vergriete, lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée. Le ministre renvoie la direction et les syndicats à leurs responsabilités, tout en estimant «légitime» la demande de compensation. Pour le moment, la SNCF a mis sur la table 50 euros brut par journée de service. Une proposition qui n’a pas évolué depuis le mois de novembre 2023 et qui est jugée largement insuffisante par les représentants des salariés, y compris ceux qui n’avaient pas donné l’instruction de débrayer ce mardi, comme l’Unsa et la CFDT. Selon leurs estimations, quelque 4 500 trains supplémentaires devraient circuler en août par rapport à un été normal, avec des fréquentations multipliées par endroits par 10. A la SNCF, tout le monde lorgne donc les gains remportés par les syndicats des autres branches, espérant au moins obtenir autant. Pour mémoire, les policiers et gendarmes ont obtenu jusqu’à 1 900 euros, les éboueurs aussi, et les agents de la RATP jusqu’à 2 500 euros (mais 1 000 euros brut en moyenne).

Les «50 euros brut, c’est une proposition indécente», tonne Fabien Villedieu. Pour ne pas dévoiler ses cartes, le syndicaliste, conducteur de RER, n’avance pas de revendication précise mais évoque un minimum de 1 000 euros au total pour ses collègues qui travailleront cet été et «ne pourront pas partir en vacances avec leurs familles». «On demande juste notre dû et une reconnaissance de notre travail, complète le cégétiste Bérenger Cernon, présent lors d’une AG de grévistes à la gare de Lyon, mardi matin. Les efforts qui nous sont demandés ne sont pas anodins : on parle de 15 millions de voyageurs.» Il rappelle, à toutes fins utiles, que la SNCF est largement bénéficiaire (2,4 milliards d’euros en 2022, 1,3 milliard en 2023) et avertit : «Soit la direction passe au tiroir-caisse soit on assumera d’aller au conflit.»