C’est à la fois un match retour et un tremplin, cinq mois après la promulgation de la réforme des retraites et trois jours avant la conférence sociale censée relancer le dialogue avec le gouvernement. Les syndicats de travailleurs, toujours unis en intersyndicale, appellent à la grève et à manifester vendredi 13 octobre dans toute la France pour défendre le pouvoir d’achat et les salaires. Conséquence directe, plusieurs secteurs d’activité (transports, éducation, mais aussi les cabinets de médecins libéraux pour d’autres raisons…) risquent d’être perturbés ce jour-là.
Le mot d’ordre porté par l’intersyndicale qui réunit CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, Solidaires et FSU, ainsi que plusieurs organisations de jeunesse, est simple : la lutte «contre l’austérité et pour l’augmentation des salaires, des pensions et l’égalité femmes-hommes». Car la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, l’affirme : «Sur le plan social, la situation demeure inquiétante. La question du pouvoir d’achat est la priorité avec une inflation qui affole les compteurs.» Son homologue de la CGT, Sophie Binet, partage le constat : «Le sujet de la rentrée, c’est la question des salaires et de l’égalité femmes-hommes.»
Reste que sur le terrain, malgré les 200 manifestations prévues sur tout le territoire, la mobilisation devrait être bien plus faible que lors des grandes journées de manifestations de l’hiver et du printemps où plus d’un million de participants étaient parfois descendus dans la rue lors de la bataille perdue contre la réforme des retraites. De l’avis d’une source syndicale citée par l’AFP, la journée de vendredi «ne sera pas un raz-de-marée». Selon les autorités, le mouvement pourrait réunir 150 000 personnes dans tout le pays, dont 15 000 attendues par la police à Paris, pour un cortège partant de 14 heures de la place d’Italie (XIIIe arrondissement) jusqu’à la place Vauban (VIIe arrondissement).
Dans les transports, des perturbations sur le rail et dans les airs
Côté trains, les quatre organisations syndicales ferroviaires (CGT-Cheminots, SUD rail, la CFDT-Cheminots et l’Unsa) ont appelé à la grève et à la manifestation pour «mettre un coup d’arrêt à l’austérité salariale, à la casse de l’emploi et aux politiques de démantèlement du service public». La SNCF tablait jeudi soir sur un trafic normal pour les TGV et de légères perturbations à prévoir sur certaines lignes régionales Transilien et TER ainsi que sur les liaisons Intercités. La compagnie de transport invite les voyageurs à se renseigner sur son site pour des précisions région par région.
A la RATP, seule la CGT a appelé à la grève et, selon une source syndicale jointe par Libération, «les répercussions pour les voyageurs vont être anodines». Contactée, la régie parisienne confirme que le trafic devrait être normal sur tout son réseau francilien. Concernant les trains de banlieue, les perturbations concerneront surtout les RER D et C avec deux trains sur trois, comme pour les lignes H, L, U et R du Transilien. Sur la ligne N, on comptera trois trains sur quatre. Partout ailleurs, le service sera normal.
Le secteur aérien devrait, lui, être plus touché par les perturbations. Contrairement au Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA), principale organisation syndicale des aiguilleurs du ciel, l’Usac-CGT a déposé un préavis de grève pour la journée de vendredi. En prévision, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes de renoncer à 40 % de leurs vols à Paris-Orly, le deuxième aéroport français. Les transporteurs sont aussi appelés à réduire de 20 % leur programme de vols à Marseille-Provence et de 15 % à Beauvais.
Dans l’éducation nationale, menace sur les élections de parents d’élèves
L’appel à la mobilisation est relayé par certains syndicats de l’éducation nationale. Le SNUipp-FSU, premier syndicat dans les maternelles et les écoles élémentaires, ainsi que le Snes-FSU, le plus représentatif dans les collèges et lycées, suivent cet appel en mettant l’accent sur les revalorisations salariales et sur les écarts de salaires qui persistent entre hommes et femmes. Difficile d’anticiper l’ampleur de la mobilisation mais les professeurs des écoles doivent prévenir 48 heures à l’avance en cas d’absence. Une obligation à laquelle ne sont pas tenus les enseignants du secondaire.
En fonction du suivi de la mobilisation, les élections de parents d’élèves, prévues les 13 et 14 octobre, pourraient être perturbées dans le cas où des établissements seraient contraints de garder portes closes. Selon les directives du ministère de l’Education nationale transmises aux directeurs et aux directrices d’école, en cas de fermeture due à la grève, les élections ne pourront pas avoir lieu et seront reportées. «Le ministère attribuera un nouveau matériel et un nouveau calendrier ultérieurement», a-t-il fait savoir.
A noter qu’un appel à la grève circule aussi chez le personnel de la restauration et des activités scolaires, et pourrait aussi remettre en cause leur bon fonctionnement vendredi.
Un «vendredi noir» dans les cabinets de médecins généralistes
Ce n’est pas directement lié à l’appel de l’intersyndicale, mais la coïncidence des dates est notable. Les six syndicats de médecins libéraux représentatifs, épaulés par les syndicats de jeunes médecins, d’internes et par le collectif Médecins pour demain, appellent à une grève «reconductible» à partir de vendredi. Par la voix de son porte-parole, Philippe Cuq, l’intersyndicale des généralistes promet un «vendredi noir» : «A compter du 13 octobre, la médecine libérale va s’arrêter.» La principale revendication des médecins : une revalorisation des consultations de base, dont le tarif a récemment été augmenté de 1,50 euro, pour atteindre 26,50 euros.
Mise à jour : jeudi 12 octobre à 17 h 54, avec les prévisions de trafic de la SNCF.