Reculer pour mieux sauter ? Révélé par Libération mi-septembre, le plan social chez Onclusive qui devait supprimer 217 postes, sur 383 installés en France, pour les remplacer par des outils d’intelligence artificielle est reporté par la direction de l’entreprise, a appris le Parisien. Les dirigeants de la boîte, spécialisée dans la veille médiatique, ont annoncé jeudi à leurs salariés qu’une nouvelle version de la procédure allait être présentée en décembre, assurant avoir pris en compte les critiques du personnel, des syndicats et de l’administration du travail.
«J’ai pris la décision d’interrompre la procédure d’information-consultation et les négociations en cours», écrit le patron d’Onclusive, Rob Stone, dans un message aux salariés consulté par le Parisien. Pour autant, la direction, citée par le quotidien, affirme que «l’intégration de l’IA» est toujours d’actualité et qu’Onclusive «continuera à se doter de nouvelles technologies». La direction a aussi déclaré qu’elle ne reviendrait pas sur la décision de supprimer des postes, mais qu’elle allait revoir le plan pour répondre aux critiques.
Interview
Le plan initial prévoyait la suppression de 205 postes dans le service des opérations, 4 postes dans le service commercial et des services généraux et le non-remplacement de 8 postes déjà vacants. Il planifiait également la création de 23 emplois, à des postes de manager, pour accompagner la mise en place des nouveaux outils IA.
Réserves du ministère du Travail
Vent debout contre ces licenciements, les syndicats ont critiqué le plan, estimant qu’il ne prenait pas suffisamment en compte les caractéristiques et contraintes personnelles des employés et que les mesures de reclassement étaient insuffisantes. La Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets), un organe du ministère du Travail, a également émis des réserves à ce sujet dans un courrier adressé à Onclusive.
Ce report apparaît donc plus comme un sursis que comme une réelle victoire pour les syndicats et les salariés. Contacté par Libération, un délégué syndical de l’entreprise fait savoir que les négociations avec la direction reprendront début décembre.
Onclusive est l’un des leaders de son secteur. Ses employés sont notamment chargés de compiler des articles de presse et de fournir des synthèses à des grands acteurs économiques. Parmi ses clients : plusieurs entreprises du CAC40, mais aussi l’Etat français à travers des ministères et des services publics. Les suppressions de postes annoncées sont l’une des premières manifestations tangibles en France de la montée en puissance des outils propulsés par l’IA et de leur potentiel destructeur pour l’emploi.