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Libération
Reportage

Intérimaires remerciés : à l’usine Renault de Sandouville, «c’est “Koh Lanta”, qui partira, qui restera ?»

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Evoquant une baisse des commandes, la direction du site normand a confirmé ce mardi 11 mars la non-reconduction de plus de 300 intérimaires. Les syndicats dénoncent une «précarisation pérenne des salariés indispensables».
Sur la chaîne de montage des véhicules Renault Trafic à l'usine Renault de Sandouville, en mars 2024. (Sarah Meyssonnier/REUTERS)
par Anne-Laure Pineau, Envoyée spéciale à Sandouville (Seine-Maritime)
publié le 11 mars 2025 à 19h40

Ce devait être un bel exemple de reconquête industrielle. En mars 2024, Bruno Le Maire s’était déplacé à l’usine Renault de Sandouville, près du Havre, qui, depuis 1964, assemble les carrosseries des modèles iconiques de la marque au losange, afin de dérouler sa feuille de route pour réindustrialiser le pays. Tout en promettant un bel avenir au site, choisi pour la construction de l’utilitaire électrique Flexis, avec à la clé 550 embauches.

Un an plus tard, l’ambiance a un peu changé. Ce mardi 11 mars, lors d’un comité social et économique (CSE), la direction de l’usine, qui évoque une baisse des commandes de véhicules utilitaires (la demande serait de 17 000 utilitaires de moins qu’en 2024), a précisé aux représentants syndicaux les contours de la nouvelle organisation qui sera mise en place dans l’usine à partir de lundi. Au programme : une restructuration des équipes et la non-reconduction de 323 postes intérimaires, sur les 600 employés sur le site en plus des 1 700 salariés.

«J’ai 60 ans et je ne sais pas si je travaillerai à la fin du mois»

Devant les tourniquets de l’usine normande, vers 13 heures ce mardi, la réunion du CSE est encore en cours quand le premier autocar qui amène les ouvriers de la relève de l’après-midi arrive. Ils ont jusqu’à 13 h 18 pour se changer et prendre leur poste. Personne ne se risque à répondre aux questions. Des mots s’envolent toutefois : «C’est une arnaque», «on nous prend pour de la merde». «C’est une cata», regrette une intérimaire qui travaille depuis plusieurs années sur la ligne d’assemblage.