La CGT a tranché : elle ne lancera pas d’appel national à la grève et à la mobilisation le 10 septembre, journée inscrite à l’agenda de la rentrée sociale après que plusieurs comptes ont lancé sur les réseaux sociaux cet été des appels à «bloquer tout» ce jour-là. Mais elle y voit la «première étape» d’une mobilisation de plus grande ampleur visant notamment à peser sur le budget 2026. La semaine dernière, la secrétaire générale du syndicat, Sophie Binet, avait relevé le caractère «nébuleux» d’une initiative pouvant faire l’objet de «tentatives de noyautage et d’instrumentalisation de l’extrême droite».
Cette ligne a été avalisée ce mercredi 27 août par le comité confédéral national (CCN) de l’organisation, qui réunit les unions départementales et les fédérations. «La CGT souhaite que cette journée [du 10 septembre] soit une première étape réussie, ce qui passe en particulier par la grève sur les lieux de travail. Elle appelle donc ses syndicats à débattre avec les salariés et à construire la grève partout où c’est possible», lit-on dans l’appel adopté par l’instance. Ce qui ouvre la voie à des mobilisations locales ou sectorielles, mais sans s’inscrire pleinement dans une initiative déjà préemptée, par ailleurs, par les partis de gauche.
«Colère sociale grandissante»
La CGT se pose ainsi entre deux pôles syndicaux déjà identifiés : d’un côté, les organisations comme FO ou la CFDT qui ont fait savoir clairement qu’elles ne voulaient pas s’associer au mouvement du 10 septembre ; de l’autre, des structures, notamment SUD rail, qui ont déjà affiché leur soutien. Ce mercredi, l’union syndicale Solidaires, à laquelle est rattaché SUD rail, a annoncé que ses structures «appellent à se mettre en grève et à soutenir le mouvement “bloquons tout” qui exprime la colère sociale multiforme et grandissante face aux annonces budgétaires du gouvernement Bayrou».
Des ralliements syndicaux pourraient donner plus d’ampleur – sans qu’on sache encore dans quelle mesure – à la journée du 10 septembre, car le fait que cette date tombe un mercredi pose une question très matérielle pour les salariés qui souhaiteraient y participer. En effet, sans appel à la grève lancé par un syndicat, ils n’auront pas de motif pour cesser le travail et se joindre à d’éventuels cortèges ou points de blocage. Le mouvement des gilets jaunes, auquel ce «bloquons tout» est souvent comparé, avait bénéficié du fait que ses journées d’actions étaient organisées les samedis, jour de repos pour nombre de personnes.
«Gagner un budget à la hauteur des besoins»
Une «première étape», comme l’écrit la CGT, cela veut dire une mobilisation plus large par la suite. Ce vendredi 29 août, à l’occasion d’une réunion intersyndicale avec ses homologues (CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU), Sophie Binet «proposera d’appeler en septembre à une journée interprofessionnelle unitaire de mobilisation de grève et de manifestations», écrit le CCN. Ça tombe bien : Marylise Léon, la numéro un de la CFDT, a annoncé mardi qu’elle ferait de même. Et FO a déjà déposé un préavis de grève courant jusqu’à la fin novembre.
Indépendamment des échéances politiques et notamment du vote de confiance du 8 septembre, qui pourrait voir chuter le gouvernement Bayrou, les organisations syndicales devraient donc annoncer ce vendredi une mobilisation unitaire dans les prochaines semaines, afin de peser sur les orientations du budget 2026 à venir – un chantier qui ne disparaîtra pas, quoi qu’il advienne de François Bayrou. La CGT souhaite d’ailleurs «construire un processus dans la durée pour gagner un budget à la hauteur des besoins». Pour l’heure, il est envisagé que cette journée d’action se tienne la semaine du 22 septembre.