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L’accueil de travailleurs immigrés est indispensable pour l’économie française, conclut un rapport de Terra Nova

Le think tank progressiste estime que la France devra accueillir ces quinze à vingt prochaines années entre 250 000 et 310 000 travailleurs étrangers par an, afin de garantir son modèle socio-économique.
Une manifestation en faveur de la régularisation de sans papiers, le 22 mars 2025 à Paris. (Daniel Perron/Hans Lucas.AFP)
publié aujourd'hui à 17h49

«Sans travailleurs immigrés, notre économie vacille.» C’est la conclusion des auteurs du rapport publié par le think tank Terra Nova, ce lundi 12 mai. La France, dont la population vieillit, devra continuer à accueillir des travailleurs immigrés si le pays veut maintenir son activité économique et «pérenniser» son «modèle social», estime le groupe de réflexion.

Selon les modélisations, de 250 000 à 310 000 travailleurs immigrés doivent être accueillis chaque année jusqu’en 2040-2050 afin de maintenir le ratio entre actifs et inactifs dans l’Hexagone, et garantir la «soutenabilité de notre modèle social». A titre de comparaison, en 2022, la France avait accueilli 331 000 immigrés, selon l’Insee.

Les auteurs du rapport rappellent également l’importance de ces travailleurs dans certains secteurs. Les immigrés sont en effet surreprésentés dans les métiers en tension, comme les aides à domicile (61 % en Ile-de-France), les ouvriers du BTP ou les agents de propreté. Mais ce constat ne se limite pas aux métiers peu qualifiés : un médecin sur cinq exerçant en France est diplômé à l’étranger.

Autant de secteurs déjà en tension et pour lesquels la pénurie de main-d’œuvre devrait encore s’accélérer et s’amplifier dans les prochaines années, selon un rapport de France Stratégie publié en 2022.

Une méconnaissance qui «nourrit une anxiété disproportionnée»

D’après Terra Nova, il s’agit «non pas d’ouvrir les frontières à tous les vents», mais de «maintenir le niveau d’ouverture actuel en fléchant davantage les entrées vers l’activité économique». Cela ne peut toutefois passer que par un travail sur «l’acceptabilité» de l’immigration, prévient le think tank progressiste, qui s’est également intéressé dans un sondage à la perception que les Français ont de l’immigration.

Selon une enquête réalisée par le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), 73 % des sondés surestiment la part des immigrés dans la population. Alors que l’Insee la fixe à 10,7 % de la population, plus d’un tiers des interrogés pensent qu’elle est supérieure à 25 %. Une méconnaissance qui «nourrit une anxiété disproportionnée», selon Terra Nova.

Pour autant, les Français semblent plus favorables à une immigration «choisie» en fonction des besoins économiques, selon son enquête menée en ligne en mars 2025 auprès d’un échantillon de 2 000 personnes, représentatif de la population de 18 ans et plus.