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Syndicat

Laurent Berger prêt à rempiler à la CFDT

Le secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) a annoncé ce mardi qu’il serait candidat à sa succession. D’ores et déjà, il entend faire peser l’organisation syndicale dans les débats de l’élection présidentielle.
Laurent Berger à l'Elysée pour un entretien avec Emmanuel Macron dans le cadre d'une concertation des partenaires sociaux, le 29 avril. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 31 août 2021 à 12h34

Pas question de quitter le navire dans la tempête. Alors que les dix-huit mois de pandémie ont durablement fragilisé l’économie, que «la fatigue démocratique» ne cesse de s’intensifier et que l’élection présidentielle approche, Laurent Berger, secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), a annoncé dans un entretien au Monde ce mardi qu’il serait candidat à sa succession. «L’année 2022 s’annonce ardue, entre la situation économique toujours incertaine et les échéances électorales, a-t-il déclaré pour justifier son choix. Si j’avais dit que je quittais mes responsabilités, cela aurait pu fragiliser la CFDT.»

Son poste de président de la Confédération européenne des syndicats, qu’il occupera jusqu’en janvier 2023 et qu’il aurait «dû abandonner avant cette date» s’il avait cessé d’être à la tête de la CFDT, «ce [qu’il] ne voulait pas», a aussi pesé dans la balance. L’élection doit se tenir lors du cinquantième congrès du syndicat réformiste prévu en juin 2022.

Construire dans le dialogue

Laurent Berger, 52 ans, a déjà remporté trois fois consécutives ce scrutin, en 2012, 2014 et 2018. Fils d’un soudeur des chantiers navals de Saint-Nazaire, il a derrière lui une longue carrière de responsabilités syndicales qui a commencé alors qu’il avait tout juste 23 ans, au poste de responsable de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) à Paris. La CFDT, à laquelle il adhère alors qu’il est surveillant dans un collège, est devenue en 2018 la première force syndicale de France, devant la Confédération générale du travail (CGT).

Dans son entretien au Monde, Laurent Berger a souligné la nécessité d’«apporter des réponses aux préoccupations concrètes des citoyens», en citant notamment «le retour sur le lieu de travail après de longues périodes d’activité à distance», «la mise en place de lieux d’expression de salariés» et «l’avenir des jeunes». «L’organisation du travail et du télétravail se construit dans le dialogue, au plus près du terrain», a-t-il plaidé avant d’exhorter l’Etat à «se montrer incitatif pour qu’il y ait des négociations partout».

Dans ce «monde d’après» chamboulé, et alors que la France est confrontée «à une pénurie de main-d’œuvre», les chantiers ne manquent pas. La CFDT souhaite «insister sur l’enjeu relatif à la formation et aux compétences», accroître «l’attention accordée à l’accompagnement des demandeurs d’emploi de longue durée», et demande «qu’un geste soit fait en faveur des agents employés par l’Etat, les collectivités locales et les hôpitaux».

De quoi alimenter les débats – déjà annoncés comme mouvementés – de la campagne présidentielle. La CFDT compte peser et a déjà sa stratégie pour y parvenir : «D’ici fin septembre, nous diffuserons, avec les soixante-cinq autres organisations signataires du “pacte de pouvoir de vivre”, des propositions sur l’aide aux plus fragiles, le verdissement de notre appareil de production, le fonctionnement démocratique de nos institutions, etc.» a-t-il expliqué. Le syndicat «s’exprimera aussi en son nom propre à propre sur les thématiques économiques et sociales». «Nous sommes indépendants et ne ferons la campagne de personne, mais nous serons offensifs sur nos ambitions sociales.»