Le gouvernement persiste dans la voie de l’apprentissage élevée par Emmanuel Macron au rang d’arme anti-chômage. L’aide au recrutement d’un apprenti, d’un montant de 6 000 euros pour la première année d’un contrat, est reconduite en 2024, a annoncé ce samedi 30 décembre le ministère du Travail dans un communiqué. «Année après année, le développement de l’alternance fait ses preuves, légitimant plus que jamais l’objectif d’un million d’apprentis par an», vante le ministre du Travail, Olivier Dussopt, cité dans le communiqué.
Cette prime concerne l’embauche d’un apprenti de tout âge ou d’un salarié en contrat de professionnalisation de moins de 30 ans. Elle est accordée sans condition aux entreprises de moins de 250 salariés. Les entreprises plus importantes sont également éligibles mais sous conditions, à savoir atteindre un seuil de contrats d’alternance ou de contrats favorisant l’insertion professionnelle dans leur effectif, d’ici fin décembre 2025.
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Selon des chiffres du ministère de l’Emploi, la France comptait fin octobre 2023, un total de 1 017 500 apprentis dans le secondaire et l’enseignement supérieur, soit un effectif en hausse de 6,2 % par rapport à fin octobre 2022.
A fin octobre 2023, 780 200 contrats d’apprentissage avaient débuté depuis le début de l’année, soit une augmentation de 2,8 % sur un an. Le gouvernement s’est fixé un objectif d’un million de contrats signés en 2027. L’essor de l’apprentissage s’explique à la fois par la réforme de 2018 (qui a notamment libéralisé l’ouverture de centres de formation et élargi l’apprentissage aux 26-29 ans), ainsi que par les primes à l’embauche.
Ces résultats ont été obtenus «quoi qu’il en coûte». Cela a coûté 20 milliards d’euros à l’Etat en 2022, de 21 à 22 milliards pour 2023. «Plus de la moitié des dépenses concerne l’enseignement supérieur. Une dépense publique parfaitement inefficiente», remarquait Bruno Coquet, expert du marché du travail associé à l’OFCE, en novembre dans Libération. Et le chercheur n’est pas seul à pointer ces dérives et effets d’aubaine. Car, apprentissage ou non, ce ne sont pas les étudiants du supérieur qui rencontrent le plus de difficultés à s’insérer sur le marché du travail, mais ceux qui sortent tôt du système scolaire.