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Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, débarqué après les Jeux olympiques

JO Paris 2024dossier
Le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, proche de la limite d’âge, sera remplacé après les JO. Pas question pour l’exécutif de prolonger son mandat en repoussant cet âge limite, alors que l’accord sur les fins de carrière à la SNCF a déclenché la colère de Bruno Le Maire.
Jean-Pierre Farandou, président-directeur général de la SNCF, à Saint-Denis, le 7 décembre 2021. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
publié le 7 mai 2024 à 12h55

Il assurera la délicate période des JO, mais pas davantage : Jean-Pierre Farandou, qui dirige la SNCF depuis novembre 2019 et dont le mandat expirait le 12 mai, sera comme pressenti prolongé de quelques mois. Mais ne sera pas reconduit pour un deuxième mandat, comme il l’espérait, ce qui aurait nécessité de modifier la limite d’âge de 68 ans qui l’aurait frappé à l’été 2025. Surtout, l’exécutif digère mal le récent accord d’entreprise sur les fins de carrières des cheminots, qui contourne la réforme des retraites.

Jean-Pierre Farandou poursuivra sa mission pendant l’été «afin de garantir la bonne organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques», a annoncé ce mardi le gouvernement, qui précise que le nom de son successeur sera choisi par Emmanuel Macron. Il aurait été risqué de nommer un remplaçant alors que la logistique des transports pendant les Jeux s’annonce cruciale et complexe.

Jean-Pierre Farandou, qui a fait toute sa carrière à la SNCF, était un candidat surprise, qui n’avait pas été nommé pour durer : choisi à l’automne 2019 au départ dans une réorganisation temporaire, prolongée avec le Covid, il a été reconduit en novembre 2020 pour quatre ans, alors que la réforme de la SNCF a fait disparaître le statut des cheminots. Son ambition, doubler la part du ferroviaire dans le transport global d’ici 2030, d’actuellement 10 %. Sauf qu’il espérait obtenir de grands moyens : il réclamait à l’Etat 100 milliards d’euros. Mais les subventions publiques ont été réduites, insuffisantes pour moderniser les équipements et attendre ces objectifs. Et ce malgré une hausse de la fréquentation et des résultats records en 2022, encore largement bénéficiaires en 2023.

Le ministre des Finances furieux

Le PDG a en tout cas su rétablir le dialogue avec les syndicats. Pour calmer la tension sociale - et faire lever des préavis de grèves qui se multipliaient, un mauvais signe pour les JO - Farandou a conclu en avril un accord surprise sur les fins de carrière, qui contourne largement les effets de la réforme des retraites. Sans avertir Bruno Le Maire, son ministre de tutelle… Furieux, le ministre a décidé de convoquer Jean-Pierre Farandou et critiqué publiquement un accord «pas satisfaisant». «Je tiens à ce qu’il m’explique comment il finance cet accord» selon lui «très provocant pour beaucoup de nos compatriotes qui travaillent dur et qui ont accepté la réforme des retraites.»

L’accord permet à l’ensemble des cheminots, dix-huit mois avant la fin de carrière, travailler neuf mois payés à 100 % puis effectuer neuf mois non travaillés rémunérés à 75 %. Pour les métiers pénibles, la durée de cet aménagement est portée à trente mois - quinze travaillés à 100 % et quinze non travaillés à 75 %. «Ce nouveau droit apporte un progrès pour tous. Il va renouveler en profondeur les dernières années de carrière des cheminots. Et améliorer la prise en compte de la pénibilité tout en ouvrant de nouvelles perspectives d’évolutions professionnelles», s’était félicité le PDG fin avril, alors que LR a critiqué l’accord. Il pourra s‘expliquer ce mardi après-midi devant une commission du Sénat.