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Libération
Chômage

Le président du syndicat des cadres, François Hommeril, licencié économique

Victime de la reprise de l’entreprise industrielle dans laquelle il travaillait comme ingénieur et placée en redressement judiciaire, le leader syndical François Hommeril reste malgré tout à la tête de la CFE-CGC.
«L’actionnaire n’a pas fait son travail normal d’actionnaire pour pouvoir investir ce qui est nécessaire pour rester en compétitivité», s'est agacé le syndicaliste François Hommeril sur BFM TV ce mardi 12 novembre. (Xose Bouzas/Hans Lucas.AFP)
publié le 12 novembre 2024 à 15h16

Une situation inédite pour la CFE-CGC. «Dispensé d’activité» professionnelle depuis le 25 octobre, le président du syndicat des cadres François Hommeril devrait voir son licenciement effectif «dans les semaines qui viennent» a-t-il déclaré, confirmant des informations publiées lundi 11 novembre par le journal Le Monde. Ingénieur et délégué syndical de l’entreprise industrielle Niche Fused Alumina, placée en redressement judiciaire, François Hommeril est victime d’une vague de licenciement économique, après la reprise du site par le leader mondial de l’aluminium Alteo, acté par le tribunal de commerce de Chambéry vendredi 25 octobre.

«Ce jour-là, moi comme les autres, […] avons reçu un message et un coup de fil, où on nous a dit : “t’es dispensé d’activité, tu rentres chez toi, au revoir”. Voilà, c’est ça, c’est aussi simple que ça», raconte l’homme de 63 ans sur BFMTV, témoignant de la «violence» du moment. «Tout se passe comme si vous rentriez chez vous le soir. La nuit est tombée, il fait un peu frais, vous sortez votre clé mais elle ne marche pas. Vous n’arrivez pas à entrer. Quelqu’un ouvre et dit : “Tu n’es plus chez toi, en fait. Va-t’en.” C’est un instant qui peut faire énormément de mal», confiait-il au Monde.

Vote du CSE

Au cours de la procédure de redressement, François Hommeril ne cache pas «avoir sollicité son carnet d’adresses et s’(être) investi au plus haut niveau de l’Etat» pour «qu’il y ait un repreneur qui arrive». Un repreneur qui ne reprend que 119 des 171 salariés, 173 selon le Monde. «L’actionnaire n’a pas fait son travail normal d’actionnaire pour pouvoir investir ce qui est nécessaire pour rester en compétitivité», s’agaçait le syndicaliste, ce mardi matin, sur BFM TV.

Reste qu’en qualité de délégué syndical, son licenciement doit encore être approuvé par un vote des élus au CSE de l’entreprise et l’inspecteur du travail. Ainsi, «le licenciement interviendra dans les semaines qui viennent», affirme-t-il sans plus de précision. En attendant, le leader syndical, à qui il reste encore un an et demi à travailler pour solder sa retraite, demeure aux manettes de la CFE-CGC jusqu’en juin 2026.

A la tête du syndicat depuis 2016, François Hommeril avait porté la voix des cadres face au gouvernement, lors des débats sur la réforme des retraites. «La Première ministre est dans la situation de quelqu’un qui vous vend une voiture sans moteur. Quand vous lui faites remarquer qu’il n’y a pas de moteur dans la voiture, elle vous répond : “Oui mais j’ai mis les sièges en cuir”», avait lancé l’ingénieur, après un rendez-vous en janvier 2023 à Matignon avec Élisabeth Borne.

La semaine dernière, après les annonces de suppression de postes chez Auchan et Michelin, le gouvernement a dit s’attendre à de nombreux plans sociaux dans les prochains mois en France. Selon la CGT, ce sont au total 150 000 personnes qui pourraient être concernées par ces mesures.