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Libération
Pognon de dingues

Le smic augmentera de 35 euros au 1er octobre

C'est quoi une économie de gauche?dossier
Les salariés du privé verront leur salaire minimum augmenter de 2,2% au 1er octobre afin de rattraper une hausse générale des prix confirmée par l’Insee ce mercredi.
Le code du travail prévoit qu’une hausse d’au moins 2 % de l’IPCC doit entraîner une revalorisation du smic. (HJBC/iStockphoto. Getty Images)
publié le 15 septembre 2021 à 12h05

C’est un rattrapage déguisé en revalorisation. Le smic va connaître une augmentation automatique de 35 euros brut par mois dès le 1er octobre a annoncé un communiqué du ministère du Travail paru mercredi. Un smicard à temps plein qui gagne actuellement 1 554,58 euros brut par mois, verra sa fiche de paie atteindre le montant de 1 589 euros, du fait de l’augmentation générale des prix confirmée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) mercredi.

L’indice des prix à la consommation (IPC), outil de mesure de l’inflation servant de base à de possibles revalorisations, a en effet progressé de 2,2 % par rapport à novembre 2020, mois de référence pour la dernière revalorisation du salaire minimum. Cette hausse est mécanique car le code du travail (article L3231-5) prévoit qu’une hausse d’au moins 2 % de l’IPCC doit entraîner une revalorisation. Le smic avait été augmenté de 0,99 % au 1er janvier pour atteindre 1 554 euros brut par mois, soit une hausse de 15 euros.

Selon le chiffre publié mercredi par l’Insee, l’inflation a atteint 1,9 % en août sur un an. «Cette hausse de l’inflation résulte notamment du rebond des prix des produits manufacturés (+1,1 % après −1,1 %)», de ceux de l’énergie, de l’alimentation et des services, explique l’organisme dans un communiqué. L’indice des prix à la consommation harmonisé (ICPH), qui sert de base de comparaison au niveau européen, a lui augmenté de 2,4% sur un an, après +1,5% en juillet. Sur un mois, il a progressé de 0,7% après +0,1% le mois précédent.

Pas de coup de pouce

Chaque année, certains syndicats, comme la CGT qui réclame un smic à 1 800 euros, demandent au gouvernement d’aller au-delà de la hausse automatique, mais le dernier «coup de pouce» remonte à juillet 2012 au lendemain de l’élection du président socialiste François Hollande.

Les gouvernements qui ont suivi se sont abstenus de toute hausse exceptionnelle, jugeant que cela nuirait à l’emploi des moins qualifiés. Dans le détail, la hausse des prix de l’alimentation (+1,3 %), de l’énergie (+12,7 %) et des services (+0,7 %) s’est encore poursuivie en août. «Notre priorité actuelle est de favoriser la création d’emplois et d’apporter des réponses aux secteurs qui ont des difficultés de recrutement», soutient la ministre du Travail, Elisabeth Borne dans le communiqué paru mercredi.

«Outre des investissements significatifs dans la formation, nous avons engagé des discussions avec certaines branches pour qu’elles améliorent l’attractivité de leurs métiers. Chacun doit prendre sa part, notamment les partenaires sociaux au sein de ces branches, pour adapter les rémunérations aux contraintes des métiers», précise-t-elle, donnant ainsi raison au ministre de l’Economie qui excluait le fameux «coup de pouce» sur le plateau de BFM TV le 6 septembre.

«Je ne crois pas que ce soit la bonne solution, a indiqué Bruno Le Maire. On est toujours tenté de le faire mais ça veut dire qu’on va le payer sur l’emploi. Ma priorité c’est l’emploi, l’emploi, l’emploi. Donner un coup de pouce au Smic c’est donner un coup de canif au redressement de l’emploi.»

Cette revalorisation, qui concernera 2,5 millions de salariés du privé selon le ministère du Travail, ne permettra donc pas de soutenir les travailleurs de la «deuxième ligne». Il s’agit d’une hausse mécanique légale permettant de compenser une augmentation générale des prix.