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Le verrier Duralex fixé sur son sort le 26 juillet, le projet de Scop divise les syndicats

Le tribunal de commerce d’Orléans examinait mercredi 17 juillet les trois offres de reprise de l’usine du Loiret, placée en redressement judiciaire fin avril. Il rendra sa décision le 26 juillet.
Le logo Duralex à l'intérieur d'un verre. (Guillaume Souvant/AFP)
publié le 16 juillet 2024 à 16h58
(mis à jour le 18 juillet 2024 à 10h31)

Une fois de plus, l’avenir de Duralex et de ses salariés est suspendu à une décision du tribunal de commerce d’Orléans. Fin avril, la direction avait pris de court salariés, organisations syndicales et responsables publics en demandant une nouvelle fois le placement en redressement judiciaire de l’usine de verre, trois ans après une précédente procédure. Alors que quatre propositions de reprise avaient un temps été évoquées pour la mythique verrerie, les juges doivent finalement choisir entre trois dossiers pour espérer sauver l’usine, qui emploie 228 personnes à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret). Mercredi 17 juillet, les trois repreneurs potentiels sont passés devant le tribunal pour présenter leurs projets. Après de longues heures d’audience, le tribunal de commerce d’Orléans a mis en délibéré au 26 juillet sa décision.

La meilleure de ces offres, en matière d’emploi, est la proposition de création d’une société coopérative de production (Scop), soutenue par 60 % du personnel et portée par la direction du site. Selon Suliman El Moussaoui, délégué CFDT, 150 salariés de l’entreprise ont même déjà «financé le projet à hauteur de 500 euros par personne». Cette offre a le mérite de ne prévoir «aucune casse sociale», en maintenant la totalité de l’effectif. Elle prévoit également des «investissements au niveau industriel et humain» avec des embauches au service commercial – «chose qui manquait depuis vingt ans», selon le délégué CFDT.

Ce projet a aussi l’avantage non négligeable d’être soutenu par la plupart des élus locaux. La métropole d’Orléans a ainsi proposé de racheter le site de la verrerie, pour une somme évaluée entre 5 et 8 millions d’euros, afin d’aider à convaincre les banques de financer le projet. La région Centre-Val de Loire a également promis son soutien sous forme de garantie bancaire et en doublant l’apport au capital des salariés, selon la République du centre.

La CGT préfère «l’accompagnement d’un industriel»

Pourtant, la CGT n’est pas convaincue par cette idée. «Tout le monde veut nous vendre ce projet, mais cela ne tiendra pas», a déclaré au Parisien le délégué CGT de l’usine, François Dufranne. Son syndicat préfère soutenir une offre moins avantageuse pour les emplois : celle de la SARL Tourres et Cie, détenue par Stéphanie et Adrien Tourres. Le couple possède deux verreries, Waltersperger (Seine-Maritime) reprise en 2018 et spécialisée dans le flaconnage de luxe pour la cosmétique avec une quarantaine de salariés et La Rochère (Haute-Saône), qui compte une centaine d’emplois et travaille notamment pour les arts de la table. Leur plan prévoit de conserver 179 salariés et envisage l’instauration de synergies techniques et commerciales au sein du groupe. La CGT estime que cette seconde possibilité est plus crédible et que «l’accompagnement d’un industriel permettra de faire davantage bouger les choses» que le projet de Scop, considéré comme un «plan B».

La troisième offre émane de Carlesimo Investissements, groupe industriel familial qui possède deux fonderies. Elle ne propose la reprise que de 125 emplois. Selon Suliman El Moussaoui, délégué CFDT, cette offre ne «mérite pas qu’on s’y attarde» et le tribunal devrait selon lui choisir «entre Tourres et la Scop». Le syndicaliste exclut toute autre éventualité, dont la prononciation d’une liquidation judiciaire. Il appelle les salariés et leurs soutiens à se rassembler devant le tribunal de commerce d’Orléans à 14 heures, mercredi.

Duralex, qui connaît des crises récurrentes depuis une vingtaine d’années, a notamment été confronté à la flambée des prix de l’énergie après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. Elle avait alors été sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d’euros de l’Etat. «Duralex est en difficulté depuis pas mal d’années», avait concédé la PDG de l’entreprise, Géraldine Fiacre, dans un entretien à la République du centre, en avril. Elle est actuellement aux mains de la Compagnie française du verre, également propriétaire de Pyrex, qui l’avait reprise à la barre de ce même tribunal en 2021. L’entreprise, qui fut la fierté de la production industrielle française avec ses verres et ses assiettes réputés incassables, avait déjà été placée en redressement judiciaire il y a trois ans et sauvée in extremis.

Mis à jour le 18 juillet à 10h31 : avec la date de rendu de la décision du tribunal.