Progression zéro : après quasiment trois ans de hausse ininterrompue – mais ralentie depuis le printemps – l’emploi salarié du secteur privé a stagné au quatrième trimestre 2023 par rapport au trimestre précédent, selon l’estimation provisoire de l’Insee publiée mercredi. Un résultat qui concorde avec l’évolution du PIB, resté lui aussi atone au quatrième trimestre.
Entre fin septembre et fin décembre, 8 300 emplois ont été détruits. Sur l’ensemble de 2023, le secteur privé a certes créé 113 800 emplois, mais trois fois moins que les créations d’emplois de 2022. L’un des secteurs les plus plombés au quatrième trimestre dans le secteur privé est celui de l’intérim, souvent considéré comme un indicateur avancé de l’emploi. Avec 12 000 emplois en moins, il est inférieur à son niveau d’avant Covid. En revanche, l’emploi continue d’augmenter dans l’industrie.
Objectif «plein emploi» toujours souhaité par Macron
S’agit-il d’une simple pause ou d’un début d’inversion de tendance ? Grande inconnue également, l’impact des modifications de l’assurance chômage. La réponse pourrait venir de l’indicateur clé du secteur, le taux de chômage pour le quatrième trimestre, que publie l’Insee mardi matin. Dans sa dernière note de conjoncture en décembre, l’institut prévoyait que l’emploi resterait stable en fin d’année et au premier trimestre 2024 puis augmenterait de 0,1 % les trois mois suivants.
Ces indicateurs sont d’autant plus scrutés qu’Emmanuel Macron a fait de la baisse du taux de chômage sa priorité : lors de sa conférence de presse début janvier, il a réitéré son objectif de plein-emploi (soit un taux de chômage autour de 5 %) en 2027 contre 7,4 % actuellement, en mettant en œuvre un «acte II» de réformes économiques et sociales. Dans sa déclaration de politique générale, Gabriel Attal a dit vouloir «aller plus loin dans la réforme de l’assurance chômage» et prévenu que les règles d’indemnisation seraient renégociées en cas de dérive financière. La secrétaire nationale de la CFDT, Marylise Léon, a prévenu la semaine dernière dans le Monde que les syndicats s’opposeront à toute nouvelle mesure d’économie sur les indemnités : «Baisser le niveau des allocations-chômage n’incite pas à retrouver un travail.»