Posté près de grands bacs bleus remplis de linge propre, un trio attrape un à un des tabliers et les positionne, à plat, sur la repasseuse. Les pièces de coton blanc sont lentement avalées par la machine et ressortent, bien lisses, de l’autre côté. Là, une autre équipe prend le relais et procède au pliage. David dépote, mais son rythme dénote. A ses côtés, Emmanuelle tient la modeste cadence mais finit par lâcher à ses collègues de l’autre côté de la repasseuse : «Attendez un peu, là, s’il vous plaît !» Grégori, lui, voit les tabliers repassés s’entasser peu à peu devant lui. Son collège de l’autre côté de la machine lève le pied le temps que l’embouteillage soit résorbé.
Dans la blanchisserie de l’Esat Père-Lachaise, situé en face du célèbre cimetière parisien, l’atmosphère est tiède, l’ambiance calme. Parmi la petite vingtaine de travailleurs, atteints de handicaps mentaux ou psychiques, certains surveillent les rotations des tambours des grosses machines à laver, d’autres accrochent des blouses sur des cintres, d’autres encore papotent. La France compte 1 500 établissements et services d’aide par le travail (Esat), tantôt spécialisés dans le conditionnement, tantôt dans les espaces verts ou la transcription de documents en français facile à lire et à comprendre (Falc), c’est-à-dire acc