Menu
Libération
Emploi

Licenciement dans la fonction publique : Stanislas Guerini veut s’attaquer au «tabou» et «sortir des années 80»

Fonction publiquedossier
Le ministre de la Fonction publique a lancé ce mardi 9 avril à Paris la concertation sur son projet de réforme de la fonction publique. Parmi les mesures envisagées par le gouvernement, la fin du «tabou» sur les licenciements des fonctionnaires, annoncée dans le Parisien, inquiète les syndicats.
Le ministre français de la Transformation et des Services publics, Stanislas Guerini, à l'Elysée le 3 avril 2024. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 10 avril 2024 à 10h08

En viendra-t-il à bout ? Le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, a affiché ce mardi 9 avril dans le Parisien sa volonté de «lever le tabou du licenciement dans la fonction publique». Le ministre lançait mardi à Paris la concertation autour de son projet de réforme de la fonction publique, se heurtant d’emblée à la colère des syndicats C’est notamment l’élargissement de la palette de sanctions face à une «insuffisance professionnelle» qui inquiète.

Si le fonctionnaire est «titulaire de son grade», il n’est pas pour autant «propriétaire de son emploi», insiste l’exécutif. «Le statut de la fonction publique, c’est la garantie de l’emploi, et je ne veux pas remettre ça en cause, a assuré ce matin Stanislas Guerini sur France Inter, mais le statut n’a jamais expliqué qu’il ne pouvait pas y avoir de conséquences, qu’on ne peut pas licencier quelqu’un qui fait mal son travail.»

Le membre de l’exécutif a également déploré que le licenciement pour faute professionnelle soit «très peu et mal appliqué», avec seulement «13 licenciements en 2023, pour plus de 2 millions d’agents», tout en rappelant qu’il n’y avait pas de «licenciement économique dans la fonction publique». Pour autant, selon lui, «il faut être très décalé pour considérer que quand, dans un collectif de 100 personnes, une d’entre elles ne fait pas son travail, ce n’est pas démotivant pour les 99 autres».

Une réforme «dogmatique»

«Les agents de la fonction publics sont pleinement dans le XXIe siècle, avec un système de la fonction publique bloqué dans les années 80», a continué de déplorer le ministre. Mais il l’assure, le message, ce n’est pas que la fonction publique est trop confortable. Sa réforme viserait surtout à offrir plus de mobilité aux agents publics, et de permettre un travail qui paye plus. «Le statut de la fonction publique, ce n’est pas le statu quo, ce n’est pas l’égalitarisme. Il faut le faire évoluer, le moderniser», a assuré Stanislas Guerini au Parisien.

Pas demandeurs de ce projet de loi, les huit syndicats représentatifs ont dénoncé dès lundi dans un communiqué commun une réforme à leurs yeux «dogmatique», et qui ne répondrait «à aucune des préoccupations exprimées par les agents publics». Cinq ans après une loi de «transformation» de la fonction publique qu’ils continuent de dénoncer, les syndicats regrettent que la préparation de la prochaine réforme se fasse sous la forme d’une simple concertation, plutôt que d’une négociation qui leur aurait donné davantage voix au chapitre.

Deuxième syndicat de fonctionnaires, la FGF-FO a ainsi refusé de participer à la réunion de mardi, son secrétaire général Christian Grolier dénonçant «un ministère qui ne veut pas négocier mais imposer son projet». L’Unsa-FP juge de son côté que «pour les agents publics, les priorités sont celles de leur pouvoir d’achat et de leurs conditions de travail. Plutôt qu’un projet de loi, c’est un engagement budgétaire qui serait nécessaire».