Menu
Libération
Revirement

Licenciements à Lubrizol : la direction fait volte-face et annule la suppression de 106 postes

Incendie de l'usine Lubrizol à Rouendossier
L’entreprise d’industrie chimique prévoyait un lourd plan social sur ses sites de Rouen et d’Oudalle en Seine-Maritime, avant d’annoncer ce lundi 5 mai qu’il n’y aura finalement pas de «réorganisation des activités».
L'usine de Lubrizol à Rouen, le 23 septembre 2020. (Martin Colombet/Libération)
publié le 5 mai 2025 à 16h14

C’est une bonne nouvelle que les employés de Lubrizol n‘attendaient plus. Alors que le géant américain avait annoncé en février la suppression de 169 postes à Rouen et Oudalle (Seine-Maritime) avant de réduire début avril ce nombre à 106 maximum après une grève des salariés et des négociations avec les syndicats, il n‘y aura finalement pas de suppression de postes. L’entreprise a annoncé ce lundi 5 mai lors de comités sociaux et économiques (CSE) sa décision de «mettre un terme au projet de réorganisation des activités», rapporte le journal Paris Normandie.

Le plan de sauvegarde de l’emploi est donc officiellement enterré. Fabrice Jerineck, directeur des opérations pour les activités Lubrizol additifs (Europe, Moyen-Orient, Afrique et Inde), justifie ce revirement soudain auprès du quotidien régional : «On s’adapte à notre environnement qui évolue très vite en mettant fin à cette procédure. On reste sur des problématiques de surcapacité et de compétitivité, mais nous avons confiance en ces nouvelles solutions qui ont émergé avec nos partenaires sociaux.»

«Des changements majeurs sur la chaîne d’approvisionnement»

Selon le dirigeant, les négociations entamées avec les syndicats ont permis de voir émerger des pistes pour sauvegarder les emplois. Il explique également qu’aucune pression externe, du gouvernement par exemple, n‘a influé sur leur décision. «C’est purement interne. Il y a eu des changements majeurs ces derniers temps sur la chaîne d’approvisionnement. Nous devons être agiles et sécuriser l’approvisionnement de nos clients. Donc on s’adapte, on évolue, et on pense à nos salariés et à nos clients», a-t-il assuré.

Interrogé par la radio locale Tendance Ouest, François Malandain, délégué syndical CFE-CGC de Lubrizol, raconte qu’«il n‘y a pas d’effusions de joie» du côté des salariés après cette annonce car même si «c’est une bonne nouvelle», il note que «la confiance est rompue» avec la direction. «Je pense que c’est reculer pour mieux sauter. Je ne vois pas comment la compétitivité peut revenir au niveau qu’ils souhaitaient», a-t-il estimé.

Le site rouennais de Lubrizol avait été victime d’un gigantesque incendie le septembre 2019. La combustion de 1 000 tonnes de produits chimiques avait alors causé toux, gênes respiratoires, irritations, maux de gorge, nausées et vomissements dans une partie de la population locale. Un rapport de suivi de l’université de Rouen avait mis en évidence la présence de huit substances classées «cancérogènes et mutagènes, perturbateurs endocriniens ou reprotoxiques, ou toxiques pour les organismes aquatiques» dans l’environnement. Une présence «reliable uniquement à l’incendie».