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Fin d'une saga

Liquidation de Caddie : «L’Etat et la région laissent couler l’industrie, alors qu’ils communiquent tout l’inverse»

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Les salariés du fabricant alsacien de chariots de supermarché, liquidé après une lente descente aux enfers, déplorent de voir partir une «famille». Et s’inquiètent pour leur avenir.
L'usine Caddie de Dettwiller, dans le Bas-Rhin, le 18 juillet. La societé Caddie a été placée en liquidation judiciaire le 16 juillet, faute de repreneur, provoquant le licenciement économique de plus de 110 salariés. (Mathilde Cybulski /Hans Lucas pour Libération)
par Marine Dumény, correspondance à Strasbourg et Dettwiller (Bas-Rhin)
publié le 24 juillet 2024 à 7h55
(mis à jour le 26 juillet 2024 à 11h04)

Trahison. Après la décision de mise en liquidation judiciaire de Caddie par le tribunal de Saverne, le 16 juillet 2024, le choc est palpable. Et les émotions bouillonnantes. «On se sent trahi.» Les larmes aux yeux, Selim (1), 54 ans, détourne le regard. Assis en terrasse à Strasbourg, il se souvient : «Je suis rentré tout minot chez Caddie. C’était une famille de trente ans pour moi.» Poings serrés, il parle de sa famille, de son âge «qui ne va pas aider pour se replacer», de ses angoisses, et des espoirs placés dans cette quatrième procédure de redressement. «Les collègues et moi attendions beaucoup des offres de reprise. Et apprendre qu’aucune n’a finalement abouti, alors qu’on avait espoir d’une reprise par l’ancien patron… C’est un coup dur.» L’entreprise employait encore 113 salariés.

Elle était devenue par antonomase synonyme de «chariot de supermarché». Etablie à Dettwiller, près de Saverne dans le Bas-Rhin, Caddie, dont le nom a été déposé en 1959, a été fondée en 1928 en Alsace. Cette société de produits en fil de fer a prospéré avec l’essor de la société de consommat