Tenant son téléphone à bout de bras, le streameur persifle dans son micro auprès des quelques dizaines (centaines ? milliers ? millions ?) d’abonnés qui le suivent en direct depuis le cortège parisien du 1er Mai, qui s’apprête à partir de la place de la République. Devant lui, décrit-il, il y a les «médias collabos», qui attendent d’accéder au carré syndical pour interroger les leaders des organisations syndicales – lesquelles, rappelle-t-il avec délice, n’ont pas su empêcher l’année dernière que les travailleurs se coltinent deux ans de plus. Depuis le mouvement des gilets jaunes, ces journalistes improvisés colorent à leur manière les cortèges. Il n’y avait pas de raison que celui de ce mercredi dans la capitale fasse exception.
Facile de se moquer. Forcément, il y a moins de monde cette année. Pas d’intersyndicale au complet, et surtout pas de réforme des retraites pour agréger le monde du travail contre elle : à Paris, 50 000 personnes ont défilé ce mercredi à l’occasion du 1er Mai selon la CGT, 18 000 selon la police ; et dans les deux cas, on est loin des scores atteints l’année dernière. Dans le reste de la France aussi d’ailleurs, avec 200 000 personnes selon la CGT, un score bien loin des 2,3 millions revendiqués en 2023, mais similaire à 2022. Il n’empêche qu’on a retrouvé dans le cortège un camion de la CFDT Ile-de-France jouxtant celui de Sud-Rail, ou encore quelques drapeaux de l’Unsa.
«Le mépris, ça suffit»
Et puis la réforme des retraites est passée, mais pas les enjeux de cond