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Enquête

Vie chère aux Antilles : les profits suspects du Groupe Bernard Hayot en outre-mer

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Marges exorbitantes, opacité financière, entorses à la concurrence… Alors que le géant GBH est pointé du doigt dans la crise sociale contre la vie chère aux Antilles, «Libération» a pu consulter des dizaines de documents internes qui mettent en lumière l’ampleur de ses bénéfices réels. Très loin des discours officiels.
Lors d'une manifestants à Paris le 21 septembre de Martiniquais soutenant le mouvement contre la vie chère sur l'île, et ciblant le groupe Hayot. (Lionel Préau/Riva Press)
publié le 9 janvier 2025 à 12h30

Ses comptes ont été discrètement publiés juste avant Noël, pour la première fois depuis six ans. Un revirement notable pour GBH, le groupe le plus puissant d’outre-mer, omniprésent dans la grande distribution, le secteur automobile, l’industrie et l’agriculture, surtout connu pour son opacité financière. Assigné quelques mois plus tôt devant le tribunal de commerce par quatre lanceurs d’alerte soucieux de faire la lumière sur ses véritables profits, l’entreprise au chiffre d’affaires d’au moins 4,5 milliards d’euros a donc pris les devants et choisi de faire acte de transparence. Mais une transparence toute relative. Seuls les comptes sociaux du holding ont été publiés, et non les comptes consolidés incluant ses innombrables filiales, comme l’exige pourtant la loi, et sans lesquels il est impossible de prendre la mesure des bénéfices réalisés. Un flou d’autant plus controversé que le groupe est régulièrement pointé du doigt pour son rôle dans la crise sociale contre la vie chère aux Antilles.

Son fondateur, Bernard Hayot, 90 ans, un béké (blanc créole descendant des colons esclavagistes) martiniquais devenu richissime après avoir commencé dans la vente de poulets, a cristallisé