Et soudain, la fumée blanche. Ou plutôt grise. Mercredi 16 octobre vers 19 h 30 en Martinique (1 h 30 jeudi à Paris) au siège de la Collectivité territoriale de Martinique à Fort-de-France, au terme d’une énième journée de négociation agitée, un «protocole d’objectifs et de moyens de lutte contre la vie chère» a été conclu. Les principales institutions de l’île des Caraïbes ont paraphé le document : la préfecture, des parlementaires, les distributeurs et grossistes, le Grand port maritime ou encore le transporteur CMA-CGM, a annoncé la préfecture dans un communiqué.
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L’accord vise à faire baisser de «20 % en moyenne» les prix de l’alimentaire en Martinique, sur «54 familles de produits», parmi lesquelles les pâtes, le lait, le beurre, les haricots rouges ou le fromage. 6 000 produits seraient au total concernés, grâce à «cinq grandes mesures», détaille toujours la préfecture, parmi lesquelles des baisses fiscales («taux nul» de TVA et d’octroi de mer sur ces produits) ou un travail pour «réduire structurellement les coûts d’acheminements depuis l’Hexagone». La Collectivité territoriale de Martinique, qui célèbre dans un communiqué un «moment historique» et un «tournant», évoque pour sa part un «fonds de continuité territoriale de 11 millions d’euros», un «gel des marges des distributeurs et des grossistes pour protéger le pouvoir d’achat», ainsi qu’un «contrôle des prix» tous les mois pour «assurer la transparence».
En désaccord, le RPPRAC appelle au retour des blocages
Du préfet au ministre chargé des Outre-Mer en passant par le Medef local ou les élus, cet accord a été très largement salué. Mais sur le document mercredi soir, une signature manquait. Et pas des moindres : celle du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), l’association à l’origine du mouvement contre la vie chère qui paralyse la Martinique depuis le 1er septembre.
A la sortie des négociations, Rodrigue Petitot, le président du RPPRAC, a vertement critiqué le texte signé par les institutions. Devant ses soutiens, il a fustigé un protocole avec lequel «le peuple» est «en total désaccord». Le mouvement déplore que seuls 6 000 produits soient concernés, et non «tout l’alimentaire», soit autour de 40 000 références.
Alors que le RPPRAC appelle à «poursuivre le mouvement», Rodrigue Petitot a une nouvelle fois exigé que le ministre des Outre-Mer, François-Noël Buffet, se déplace au plus vite en Martinique. «Tant que le ministre ne se déplace pas, personne ne circule», a martelé le leader autonomiste, laissant entendre que les barrages allaient à nouveau être érigés un peu partout sur l’île, après plusieurs jours de calme. En déplacement en Nouvelle-Calédonie, François-Noël Buffet lui a répondu sèchement : «Faut pas me mettre la pression, c’est en général l’opposé qui se produit».
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