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Santé

Médicaments : ce qu’on peut retenir des annonces d’Emmanuel Macron

En déplacement en Ardèche pour présenter son plan de relocalisation de la production de médicaments en France, le président a détaillé une série de mesures pour permettre au pays de retrouver sa souveraineté sanitaire.
Emmanuel Macron regarde des seringues, le 12 juin 2023. (Eric Gaillard/AFP)
publié le 13 juin 2023 à 13h47
(mis à jour le 13 juin 2023 à 16h30)

Pour préserver la sécurité sanitaire du pays et lui permettre de retrouver sa souveraineté industrielle, Emmanuel Macron a présenté ce mardi un plan de relocalisation de la production de médicaments en France. Des annonces faites à l’occasion d’un déplacement à Champagne, en Ardèche, sur le site du laboratoire pharmaceutique Aguettant, producteur de seringues prêtes à l’emploi. «Trop d’entre nous sommes confrontés à des pénuries dans nos pharmacies […]. C’est inacceptable et nous déployons chaque jour des solutions pour résoudre ces difficultés. Mais il nous faut aller plus loin», avait-il écrit sur Twitter mardi matin, en amont de sa visite. Tour d’horizon des mesures annoncées.

Une liste de 450 «médicaments essentiels»

Première étape : l’établissement d’une liste de 450 «médicaments essentiels», que le ministre de la Santé François Braun, également présent, devait détailler dans l’après-midi. Parmi ces produits, une «liste cœur» d’une «cinquantaine de médicaments essentiels pour lesquels notre dépendance aux importations extra-européennes est avérée» ou dont la production française est insuffisante par rapport à la demande et qu’il faut donc «relocaliser», a expliqué le chef de l’Etat. En 2021, l’Agence nationale de sécurité du médicament a répertorié 2160 médicaments faisant l’objet de ruptures de stock. C’est cinq fois plus qu’en 2016 (405 signalements).

Des pénuries qui s’expliquent, en partie, par la dépendance de la France aux importations étrangères. Autrefois première dans la production pharmaceutique en Europe, la France n’est plus qu’au quatrième rang de la compétition européenne, derrière la Suisse, l’Allemagne et l’Italie. Aujourd’hui, 60 à 80 % des médicaments dits matures (antibiotiques, produits d’anesthésie…) commercialisés en France viennent de l’étranger, notamment de Chine. La pandémie de Covid-19, marquée par une pénurie de masques, de médicaments et l’échec de la production d’un vaccin français, a mis en lumière un système à bout de souffle. Sur Twitter, le locataire de l’Elysée avait estimé dans la matinée que la crise du Covid avait montré que «déléguer à d’autres la production de nos produits pharmaceutiques essentiels» était «une impasse pour le pays».

Huit projets de relocalisations

Pour faire face à ces pénuries qui ont frappé des produits parfois grand public comme les antibiotiques ou le paracétamol, Emmanuel Macron a annoncé son intention de relocaliser en France la production d’une cinquantaine de médicaments essentiels. Vingt-cinq d’entre eux «verront leur production relocalisée ou augmentée significativement […] dans les semaines à venir», a-t-il ajouté. Il a ainsi annoncé le lancement de huit projets de relocalisations et 160 millions d’euros d’investissements publics et privés, dont celui d’Aguettant et celui du laboratoire britannique GSK pour augmenter la production d’amoxicilline, l’antibiotique le plus prescrit aux enfants et qui est régulièrement en rupture de stock. Six traitements anticancéreux vont aussi être relocalisés dans l’Hexagone.

Les vingt-cinq autres médicaments à relocaliser dans un second temps feront l’objet d’un «guichet dédié à la relocalisation» et doté d’une «première enveloppe de 50 millions d’euros» apportés par l’Etat, a expliqué Emmanuel Macron.

La mise en place d’un «plan blanc du médicament»

En cas de crise majeure et pour les cas de pénuries «les plus critiques», un «plan blanc du médicament sera développé, comme on sait le faire pour nos structures», a ajouté le chef de l’Etat sans donner plus de précisions. Le président a aussi rapporté vouloir renforcer la prévention, «une politique […] qui n’a aucun coût pour la sécurité sociale», et inciter ainsi les Français à réduire leur consommation de médicaments. Enfin, il a insisté à nouveau sur la volonté du gouvernement de renforcer la vaccination.