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Négociations

Mobilisation sociale : Sébastien Lecornu promet un geste sur les retraites des femmes, les syndicats pas convaincus

A la veille d’une nouvelle journée d’action, le Premier ministre assure ce mercredi 1er octobre que des mesures relatives au retraites des femmes seront inscrites au projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026. Sans préciser lesquelles.

Sébastien Lecornu lors d'une conférence de presse en qualité de ministre des Armées à Erevan, Arménie, 23 février 2024. (Hayk Baghdasaryan/REUTERS)
Publié le 01/10/2025 à 12h52

Des concessions pour espérer calmer la colère de la rue. A la veille d’une nouvelle journée de mobilisation nationale, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a fait un petit pas vers l’intersyndicale dans un courrier dévoilé ce mercredi 1er octobre par le journal le Monde. «Certaines mesures issues du «conclave» sur les retraites notamment celle relative à l’amélioration de la retraite des femmes feront l’objet d’une inscription au PLFSS [c’est-à-dire au budget de la Sécurité sociale] pour 2026», écrit l’ancien ministre des Armées, qui, trois semaines après sa nomination à Matignon, n’a toujours pas nommé de gouvernement. Sans rien préciser sur le contenu des mesures qui pourraient être adoptées.

Meilleures années

Sébastien Lecornu affirme par ailleurs qu’il souhaite «poursuivre les échanges […] autour des enjeux de pénibilité et d’usure professionnelle», sujets de discorde entre le patronat et les syndicats pendant le conclave. Après quatre mois de concertations, celui-ci s’était finalement soldé par un échec fin juin, et aucun accord n’avait été soumis au vote du Parlement. Les négociations avaient pris fin sur un constat de désaccord entre syndicats et patronat concernant les modalités de prise en compte de la pénibilité.

Dans son ultime et infructueux effort pour trouver un accord en juin dernier, le conclave avait proposé de rendre un peu plus favorable le calcul de la retraite des femmes ayant eu des enfants. Il proposait ainsi de prendre en compte les 24 meilleures années pour le calcul de la pension pour les femmes ayant eu un enfant, et les 23 meilleures années pour les femmes ayant eu deux enfants et plus, alors que la règle générale prévoit de prendre en compte les 25 meilleures années. Il prévoyait également que les femmes bénéficiant de trimestres supplémentaires pour avoir eu des enfants puissent en comptabiliser deux dans le dispositif «carrière longue». Celui-ci permet de partir avant 64 ans lorsque l’on a commencé à travailler tôt. Ces deux mesures coûteraient chacune 200 millions d’euros en 2030, selon le document du conclave.

«Hors sujet complet»

Mais les syndicats ne sont pas convaincus. «C’est un courrier qui ne répond en rien à la question du moment», cingle Yvan Ricordeau, numéro deux de la CFDT, première centrale syndicale et l’une des trois seules à avoir discuté jusqu’au terme du processus de «conclave» lancé par l’ancien locataire de Matignon, François Bayrou. «Ça ne change absolument rien à la mobilisation de demain» puisque «le courrier nous propose un agenda à moyen terme» alors qu’«il nous faut maintenant des réponses concrètes aux questions urgentes qui ont été posées» sur le budget, a-t-il ajouté dans une réponse à l’AFP. Sur RTL, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a dénoncé un «hors sujet complet» qui «ne répond à aucune de nos exigences sur les retraites» et «ne nous donne aucune réponse à nos questions» sur le budget. La mesure pour les femmes est «positive», a réagi de son côté Cyril Chabanier, de la CFTC, mais «ce n’est pas suffisant. On aurait aimé avoir aussi la baisse de l’âge d’annulation de la décote».

Sébastien Lecornu, qui avait un temps ambitionné de «réactiver» le conclave, selon des informations de presse, s’est vu opposer une fin de non-recevoir par la CFDT. «La CFDT a négocié loyalement pendant six mois pour corriger la dernière réforme. Le Medef a préféré l’échec. La seule voie possible pour la CFDT est désormais de suspendre la réforme et de renvoyer les choix futurs à 2027», rappelait début septembre la centrale syndicale. Les huit syndicats à l’initiative de la mobilisation de ce jeudi réclament notamment la suppression du report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans et l’abandon du plan d’économies présenté en juillet par François Bayrou. Le projet de budget 2026 devrait être transmis jeudi pour avis au Haut conseil des finances publiques.

Mise à jour : mercredi 1er octobre à 14h30, avec mention du Haut conseil des finances publiques, puis à 18h41 avec les réactions syndicales.