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Libération
Reportage

Morts de vendangeurs : à Epernay, la CGT «ne veut plus jamais voir ça dans le champagne»

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Des syndicalistes ont manifesté mardi 3 octobre dans la ville de la Marne, siège des plus grandes maisons de champagne, pour dénoncer les conditions de travail et d’hébergement lors des vendanges, après le décès de plusieurs personnes cet été.
Un vignoble dans les alentours Epernay, le 30 août 2007. (François Mori/AP)
publié le 4 octobre 2023 à 11h13

La statue de Dom Pérignon trône toujours derrière la grille noire de Moët Chandon. Le père d’une famille américaine bien apprêtée sourit et lâche, en français, un «C’est beau !» en voyant le bâtiment de la marque mythique, en face de la fastueuse mairie d’Epernay (Marne). Plus haut sur l’avenue de Champagne, des syndicalistes de la CGT ont pourtant décidé de rappeler mardi 3 octobre une face plus sombre du luxueux liquide. «En 2023, personne ne pouvait s’imaginer que la traite d’êtres humains existait encore dans notre pays», assène la secrétaire générale de la CGT Marne, Sabine Duménil, micro en main, près des sièges de Perrier-Jouet ou Pol-Roger.

Cet été, au moins quatre saisonniers sont morts dans la Marne, durant ou en marge des vendanges. La CGT Champagne dénonce alors les conditions de travail dans un secteur où le patronat bénéficie de dérogations, notamment pour travailler jusqu’à 72 heures par semaine dans les vignes. Ces décès, dont les causes exactes doivent encore être déterminées par la justice, sont survenus pendant une période de canicule. De quoi questionner la façon dont les viticulteurs comme les prestataires, qui recrutent une grande partie des saisonniers, modifient le cadre de travail de leurs vendangeurs face à cette nouvelle donne climatique.