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Libération
Sidérurgie

Novasco, anciennement Ascometal, en redressement judiciaire après la défaillance de son repreneur britannique

Le tribunal de commerce de Strasbourg a prononcé, lundi 11 août, le placement en redressement judiciaire du groupe sidérurgique. Un coup dur pour ses 760 salariés, un an après la reprise de l’ex-Ascometal par le fonds d’investissement Greybull Capital.
L'entreprise, spécialisée depuis 1970 dans la fabrication d'aciers spéciaux, emploi au total 760 salariés répartis sur quatre sites en France. (Jean-Christophe Verhaegen/AFP)
publié le 11 août 2025 à 15h21

Nouvel épisode dans le feuilleton de l’ancien fleuron de l’acier français, Ascometal, devenu Novasco après sa reprise à l’été 2024 par le fonds d’investissement britannique Greybull Capital. Le tribunal de commerce de Strasbourg a décidé ce lundi 11 août le placement en redressement judiciaire du groupe sidérurgique, un an seulement après l’opération de sauvetage menée en juillet 2024 par l’Etat et Greybull Capital.

«Le placement en redressement judiciaire est un soulagement car la trésorerie va être protégée. Cela va nous permettre, même si la période est plus que courte, de pouvoir respirer un peu», a réagi un élu syndical CFDT. Car la trésorerie permettait seulement «de tenir jusqu’à fin septembre-début octobre», a précisé à l’AFP Yann Amadoro, secrétaire CGT du comité social et économique. La prochaine audience, qui sera dédiée à l’examen des offres de reprise, aura lieu le 25 septembre.

«Un actionnaire fantôme, qui n’a pas mis l’argent prévu»

L’entreprise, spécialisée depuis 1970 dans la fabrication d’aciers spéciaux notamment pour l’industrie automobile et le secteur de l’énergie, emploie au total 760 salariés répartis sur ses quatre sites en France : Hagondange (Moselle), Custines (Meurthe-et-Moselle), Saint-Etienne (Loire) et Leffrinckoucke (Nord). «Il y aurait déjà plusieurs candidats, mais aucun de ces repreneurs ne s’intéresse au site principal d’Hagondange avec ses 450 salariés», regrette un délégué syndical CFDT. Sur place, un laminoir, une ligne de parachèvement et surtout une aciérie dotée de fours électriques, «dans le cadre de la décarbonation, c’est un argument pour une reprise», estime-t-il. L’effort de réarmement en cours, qui fait de l’acier une matière première stratégique et un enjeu de souveraineté pour la fabrication de pièces d’artillerie, d’obus ou de véhicules blindés, entretient un espoir chez les salariés de Novasco.

Pour Novasco, les 75 millions apportés par l’Etat n’ont pas suffi à sortir la tête de l’eau. Car de son côté, le fonds d’investissement britannique n’a injecté que 1,5 million sur les 90 millions initialement promis… «Notre actionnaire est un actionnaire fantôme, qui n’a pas mis l’argent prévu, déplore le même élu syndical CFDT. Les salariés de Novasco ont d’ailleurs fait un courrier à l’actionnaire pour le prévenir d’éventuelles démarches juridiques visant le non-respect de ses engagements». Victime du repli du marché automobile, Novasco a aussi joué de malchance, avec un accident qui a blessé trois ouvriers de l’usine d’Hagondange en novembre lors de la chute d’une poche de métal en fusion. L’accident a entraîné sept semaines d’arrêt d’activité.

Concurrence asiatique

Le ministère de l’Industrie, qui suit de près le dossier, n’avait pas encore réagi lundi en milieu de journée au placement en redressement judiciaire de Novasco et à la défection de Greybull Capital. Après la pause estivale, le travail doit théoriquement reprendre le 25 août sur les différents sites, «mais il n’y a plus de travail», redoute Yann Amadoro de la CGT. Les syndicats ont prévu une assemblée générale ce jour-là, puis une «marche citoyenne» à Hagondange le 4 septembre.

Depuis les années 1980, la sidérurgie est plombée par une crise sans fin, en France comme dans le reste de l’Europe. La concurrence asiatique dans la production de l’acier, la désindustrialisation des territoires, les prix élevés de l’énergie et désormais les droits de douane américains sur l’acier et l’aluminium ont encore alourdi les difficultés du secteur. La crise n’a d’ailleurs pas épargné le géant de l’acier ArcelorMittal qui a annoncé fin avril la suppression de 600 postes dans sept sites du nord de la France.