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Reportage

«On tape sur les plus faibles» : dans le Finistère, l’impitoyable chasse aux précaires

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A Brest et aux alentours, les allocataires du revenu de solidarité active témoignent d’une vulnérabilité aggravée par le renforcement des contrôles du département. L’opposition locale dénonce une «politique anti-pauvres».
Patricia Koryga, traductrice diplômée, aujourd'hui serveuse en CDI dans un bar-tabac, a été allocataire du revenu de solidarité active. (Vincent Gouriou/Libération )
par Anne-Sophie Lechevallier, envoyée spéciale à Brest
publié le 30 juillet 2025 à 18h31

Dans le disque dur de l’ordinateur de Patricia Koryga, des dizaines de documents scannés et classés méthodiquement. Un dossier est intitulé «contrôle RSA», consignant des mois de galère qu’elle a vécus l’an dernier. Cette traductrice diplômée de 34 ans, serveuse en CDI dans un bar-tabac, a été allocataire du revenu de solidarité active (RSA). Quatre ans «à calculer chaque dépense, à ne [s]’autoriser qu’un repas par jour, à ne sortir que si des amis [l]’invitaient. Je ne faisais que chercher du boulot.» En avril 2024, une enveloppe à en-tête du conseil départemental du Finistère arrive par courrier simple. «Pour s’assurer de l’application du “juste droit”, un contrôle des situations est effectué afin de vérifier que les aides sociales soient bien attribuées», lira Patricia Koryga à son retour à Brest, deux semaines plus tard.

Le compte à rebours est déclenché, le mois octroyé pour rassembler les pièces exigées est déjà bien entamé : «Il y avait une quantité de