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Libération
Reportage

Pauvreté : «Si on arrive à manger de la viande deux fois par semaine, c’est déjà beaucoup»

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A Lyon, dans les rayons du supermarché, les consommateurs doivent jongler entre alimentation et facture à payer. Et souvent faire des sacrifices.
Le VIIIe arrondissement lyonnais a, selon l’Insee, le taux de pauvreté le plus élevé de la ville (23 % en 2021). (Antoine Bourreau/Hans Lucas via AFP)
par Théo Mouraby
publié le 11 juillet 2024 à 20h15

Comme à son habitude, Mohammed, est «en train de courir à droite ou à gauche». Ce jeudi matin, ce père de cinq enfants charge une demi-douzaine de packs d’eau et des boîtes de céréales dans le coffre de sa voiture, garée sur le parking de l’hypermarché Carrefour de Vénissieux, dans la banlieue de l’est lyonnais. Le reste du temps, l’homme de 52 ans s’échine à trouver un emploi, alors quand on lui demande «comment vous faites pour…» il nous coupe d’un ton rieur : «…pour survivre ?». Selon la nouvelle enquête de l’Insee, plus d’une personne sur dix vit une situation de privation, renonçant à manger des protéines ou à chauffer correctement son logement. «Les prix ont flambé, poursuit Mohammed. Quand on a des enfants c’est compliqué. Avant, on mangeait de la viande trois fois par semaine. Maintenant, si on arrive à en faire deux fois c’est déjà beaucoup. On fait hyper attention à notre consommation mais c’est difficile de dire aux petits de ne pas utiliser l’eau par exemple.»

«A la maison, on met des pulls»

Pour Kylie, 21 ans, «la viande, c’est une fois par mois, c’est tout. Vu les prix, c’est un luxe». Avant, elle en mangeait cinq ou six fois par semaine. Parfois, elle compense avec du poisson, mais le saumon dont elle «était vraiment fan» est hors de prix. «Même les toutes